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Citations sur La vache du roi Musinga et autres nouvelles rwandaises (27)

La colère, ce n’était pas pour les filles, non plus d’ailleurs que pour un Rwandais qui se respecte et tient avant tout à sa dignité. Il n’y avait que des petits bergers pour échanger des injures à distance (et encore, c’était un jeu) et quelques rares voyous pour se battre jusqu’à se rouler dans la poussière. De la colère, je pouvais bien en éprouver un instant contre les mauvaises copines, contre ma grande sœur qui me prenait trop souvent pour sa boyesse, contre mes frères, grands et petits, auxquels maman donnait toujours les meilleures parts et qui se faisaient servir, mais il n’était pas question d’en montrer le moindre signe, la colère au Rwanda, si vous la laissez paraître, elle vous rend ridicule, vous ne pourrez plus rien contre vos ennemis puisqu’ils vous ont découvert. La colère c’est la faiblesse.
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Et la paresse ! Je n’avais guère de temps à lui consacrer. La plus grande partie de la journée était occupée par l’école mais le travail n’était pas fini quand je rentrais à la maison : aller chercher de l’eau, aider maman au champ, la remplacer auprès des petites sœurs, apprendre mes leçons, etc. Sans doute, je traînais un peu avec les copines en allant chercher de l’eau pour retarder le moment où je devrais prendre ma houe aux côtés de maman, mais cela pourrait-il vraiment m’être compté comme péché ?
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« Celui-là, c’est le gourmand, là c’est le voleur, à côté, c’est le menteur, et regardez, vous le reconnaissez, l’orgueilleux qui se vantait de son grand troupeau de vaches et puis celui-là, ou plutôt celle-là, car c’est certainement une femme, c’est l’impure, l’adultère, une femme libre comme il y en a à Kigali qui vont avec tous les hommes. » Au-dessus du foyer voletaient des diables très noirs, plus noirs que nous, avec des queues de singe, des ailes épineuses comme celles des chauves-souris, des yeux ardents comme, la nuit, les yeux du léopard. Avec des lances à trois pointes, ils attisaient le feu et poussaient les nouveaux arrivants au milieu des flammes comme des mauvaises herbes
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Les leçons, elles, étaient en kinyarwanda. Ce qui nous étonnait aussi chez elle, du moins les filles, c’était sa jupe plissée, grise, toujours la même. On était fascinées par les plis qui s’ouvraient et se refermaient comme l’accordéon de Gaspard, le protestant qui accompagnait les chansons des militants du parti le jour de la fête nationale.
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Mais le vrai catéchisme, ce n’était pas le maître qui nous l’enseignait. Le vrai catéchisme, c’était pendant les après-midi où il n’y avait pas classe. On allait dans une sorte de grand hangar collé à l’église de la mission. Pas tous à la fois. Les uns allaient écouter la leçon de catéchisme dans le grand hangar, les autres allaient à l’église pour la confession. Quand la leçon de catéchisme était finie, on allait à l’église pour se confesser et ceux qui s’étaient confessés entraient dans le hangar pour le catéchisme.
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Je t’ai embrassé sur la bouche pour te faire taire et nous avons fait l’amour. Notre liaison a duré quelques semaines, quelques mois peut-être, nous nous sommes séparés, je ne sais plus où tu es, je n’attends pas de tes nouvelles mais c’est quand même un peu pour toi que je veux écrire l’histoire de ce que tu as appelé, en te moquant, mon gri-gri, une histoire que tu ne liras sans doute pas.
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Souviens-toi, la première fois que nous avons fait l’amour et que je me suis trouvée nue devant toi, tu n’as pu t’empêcher de rire en voyant le cordonnet qui entourait mes hanches et le petit bout de bois qui y pendait.
« Viviane, dis-moi, qu’est-ce que c’est que ce gri-gri ? Toi, l’étudiante, la sociologue, tu crois aux amulettes comme les vieilles sorcières de ton village en Afrique ! »
J’ai eu l’impression que, pour la première fois, tu te rendais compte que la fille avec laquelle tu allais faire l’amour était noire et que tu retrouvais soudain grâce à cette pendeloque qui oscillait contre mon ventre la condescendance amusée avec laquelle les Européens de bonne volonté traitent les Africains.
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