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Citations sur La vache du roi Musinga et autres nouvelles rwandaises (27)

Les jeunes d'à présent, ils n'ont plus de mémoire, ils écrivent...
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Certains prétendaient – et c’étaient certainement les gens de Kivumu qui faisaient courir le bruit – que les Blancs étaient venus pour s’emparer de nos morts et les rendre malveillants, plus malveillants qu’ils ne le sont déjà, à l’égard des pauvres Rwandais vivants. On avait remarqué en effet qu’ils étaient toujours à la recherche des mourants. Quand un de leurs boys signalait que, sur une colline, quelqu’un allait mourir, qu’un bébé qui venait de naître ne survivrait pas, un père accourait aussitôt et lui versait de l’eau sur la tête, et le malade, le vieillard ou le bébé mourait peu après. Comment pouvions-nous savoir, disait ma mère, que c’était ça le baptême qui faisait monter directement au ciel ? Quand on voyait un père s’approcher d’un enclos, on disait : « Quelqu’un va mourir », et on s’enfuyait.
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J’ai fait un rêve. Il faut croire en ce que te disent les rêves. Surtout si c’est le même rêve qui revient chaque nuit. C’est ce qui m’arrive : depuis que je sais que tu vas t’en aller, je fais toujours ce même rêve ; je suis sur la colline de Kivumu et tu es avec moi, mais la croix n’est plus là, à la place il y a l’arbre géant. Il nous attend. Je sais pourquoi. Je sais ce qu’il veut que nous fassions. Cette nuit, toi et moi, nous monterons jusqu’à la croix. Il faudra être aussi silencieuses que le léopard pour ne pas réveiller ton père, tes frères et tes sœurs. Mais dehors personne ne nous verra, c’est une nuit sans lune. Ne t’endors pas, tiens-toi prête.
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Nous avons mis longtemps à obtenir sa confiance mais nous étions des filles obstinées et rien ne pouvait nous arrêter quand nous étions décidées à obtenir quelque chose. Peu à peu, nos échanges se rapprochèrent d’une conversation et, pour briser définitivement sa carapace de méfiance, Emerita qui n’avait peur de rien tenta un grand coup : elle avait subtilisé l’un des précieux volumes des Matins d’Afrique et le donna à Cyprien : « Tiens, lui dit-elle en lui tendant le livre, c’est pour toi, pour ce soir et toute la nuit si tu veux. Mais redonne-le-moi sans faute demain matin, il faut que je le remette à sa place sans que Félicien s’en aperçoive.
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« Vos têtes ne seront toujours que des bidons percés et tout le savoir que j’y verse à longueur de leçons fuit aussitôt par les trous de vos crânes. »
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les paroles se dissipent comme la fumée du tabac.
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C’est le devoir d’une épouse de suivre son mari, elle n’est pas censée comprendre, elle ne pose pas de questions. Et quand Musinga a appris que sa fille voulait se faire baptiser, il a jeté sur elle toutes les malédictions qu’on puisse jeter sur son pire ennemi. On dit même qu’il lui a fait écrire une lettre où il lui disait qu’il maudirait tous ses enfants qui se feraient chrétiens, que, elle, il la haïrait comme le poison qui avait tué son frère, comme la méningite qui avait emporté ses deux premiers fils, qu’elle ne serait plus sa fille, qu’il ne la reverrait plus jamais…
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Je ne sais combien de jours je suis resté chez cette généreuse jeune femme. Si je cherche à retrouver son visage, c’est comme quand on cherche à se souvenir d’un rêve qui toujours se dérobe, c’était une femme d’une beauté que je suis incapable de te décrire. Ce que je sais, c’est que c’est grâce à elle et à ses herbes que j’ai recouvré mes forces. Elle ne m’adressait presque jamais la parole, c’était sa servante qui prenait soin de moi et je partageais pour dormir la petite hutte d’un jeune garçon qui aurait pu être son berger si elle avait possédé des vaches.
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J’étais à moitié nu, je n’avais plus qu’un petit bout de tissu qui couvrait à peine ce qu’on ne doit pas montrer, j’avais honte et je ne voulais pas suivre la piste principale de peur qu’on se moque de moi. Alors j’ai pris des petits sentiers à travers les collines. Je ne savais plus où j’allais, où j’étais. J’évitais les habitations, j’étais certain que les femmes s’enfuiraient de peur en me voyant, que les enfants me poursuivraient en riant et me lanceraient des cailloux, que les hommes se jetteraient sur moi pour me livrer aux chiens ou bien au sous-chef qui m’enfermerait en prison
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Tu ne peux pas pénétrer dans la forêt de Nyungwe. Les grands singes qui y habitent ne te laissent pas y pénétrer, c’est leur domaine, ils attaquent, pillent et violent tous ceux qui s’y risquent. Et puis il y a les léopards qui te guettent et des serpents dans les branches qui crachent leur venin dans tes yeux et d’autres qui rampent dans les herbes sous tes pieds, on dit même qu’il y a des éléphants, plus petits peut-être que ceux du Bugesera, mais malheur à toi si tu empruntes leur sentier ! Il y a bien une piste qui traverse la forêt, une seule, mais les hommes de Rwagataraka ont dressé une barrière ; celui qu’ils soupçonnent d’aller chez Musinga, ils ne le laissent pas passer : ils le battent, lui confisquent ses bagages et les présents qu’il allait offrir au roi. Kamembe, c’est pire qu’une prison, personne ne peut y aller rendre hommage au mwami : c’est comme si on l’avait jeté de l’autre côté du lac.
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