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Citations sur L'attaque du Calcutta-Darjeeling (308)

En tant qu’Anglais, nous présumons que les indigènes sont soit avec nous soit contre nous, et que ceux qui sont employés dans la police impériale sont parmi les plus loyaux. Après tout, ils soutiennent le système. Apprendre que l’un d’eux au moins puisse être quelque peu ambivalent est un choc.
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Je crois qu’un jour nous pourrons effectivement obtenir notre indépendance. Ou bien les Britanniques pourraient partir définitivement. Dans un cas comme dans l’autre je suis certain qu’un tel événement ne sera pas le signal de la paix universelle et de la bonne volonté parmi mes concitoyens, quoi que puisse en penser M. Gandhi. Il y aura encore des meurtres en Inde. Si vous partez, monsieur, nous aurons besoin de compétences pour occuper les postes que vous laisserez vacants. C’est aussi valable pour faire respecter la loi que pour le reste.
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À la mention de son prénom, chaque fille joint les mains en signe d’accueil. Elles paraissent inquiètes. C’était à prévoir. À Londres, la plupart des jeunes prostituées le sont aussi quand un représentant de la loi les interroge. La plupart, pas toutes.
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Après tout, nous venons de faire une guerre au nom de la liberté, et, ici, nous arrêtons des gens sans mandat d’amener et nous les enfermons pour tout ce que nous jugeons séditieux, depuis le fait de se réunir sans permission jusqu’à celui de regarder un Anglais de travers.
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Il y a certaines choses que vous devriez savoir sur les indigènes et leurs coutumes. Ils peuvent se montrer très particuliers si nous voulons interroger leurs femmes. Vous faites irruption là-bas pour en interroger une et avant de vous en rendre compte vous avez une émeute sur les bras. Il vaudrait peut-être mieux que je m’en occupe. »

Banerjee sursaute.

Le visage de Digby s’assombrit. « Souhaitez-vous dire quelque chose, sergent ?

– Non, monsieur, répond Banerjee confus. Seulement je ne crois pas qu’il y aura d’émeute si nous allons là-bas. »

La voix de Digby tremble. « Et qu’est-ce qui vous en rend aussi sûr ?

– Eh bien, monsieur, je suis pratiquement certain que cette maison est un bordel. »

Une heure plus tard nous nous trouvons Banerjee et moi devant l’entrée du 47 Maniktollah Lane, un bâtiment décrépi à un étage. S’il y a une chose dont Black Town ne manque pas c’est de bâtiments décrépis. Tout le secteur se compose de logements délabrés et surpeuplés grouillant d’humanité. Digby a fait une remarque sur le sordide local, mais la vérité c’est qu’il possède une beauté misérable vibrante de vie qui n’est pas sans rappeler Whitechapel ou Stepney.
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Comme toujours. Le meurtre est un bon divertissement dans le monde entier et là, à Black Town, on pourrait vendre des billets pour voir un sahib mort. J’observe pendant que Digby aboie à quelques agents locaux d’établir un cordon. Ces derniers à leur tour crient en direction de la foule et des voix étrangères les huent et leur lancent des insultes. Les agents jurent, ils brandissent leur lathi en bambou et frappent de tous côtés en repoussant peu à peu la populace.
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Quand vous croyez avoir tout vu, c’est agréable de découvrir qu’un meurtrier peut encore vous surprendre.
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Au moins, il est bien habillé. Cravate noire, smoking, tout le tremblement. Si vous devez vous faire tuer, autant laisser de vous l’image la plus flatteuse.
La puanteur qui se plante dans ma gorge me fait tousser. Dans quelques heures elle va devenir intolérable ; assez forte pour retourner l’estomac d’un poissonnier de Calcutta. Je sors de ma poche un paquet de Capstan, j’en tapote une, je l’allume et j’inhale en laissant la fumée douce nettoyer mes poumons. La mort sent plus mauvais sous les tropiques. Comme la plupart des choses.
Il a été découvert par un petit vigile décharné au cours d’une de ses rondes. Le pauvre a failli en mourir de peur.
Une heure plus tard il tremble encore. Il l’a découvert gisant dans une impasse sombre, ce que les gens du lieu appellent gullee, bordée sur trois côtés par des bâtiments délabrés, où le ciel n’est visible qu’en regardant en l’air et en se dévissant le cou. Le gamin doit avoir de bons yeux pour l’avoir repéré dans le noir. Mais peut-être s’est-il simplement fié à son nez.
Le corps gît sur le dos, tordu et à demi submergé par un cloaque à ciel ouvert. La gorge tranchée, les membres comme disloqués, et une grosse tache de sang brun sur un plastron empesé. Il manque des doigts à une main et un œil a été arraché de son orbite – cette ultime indignité est l’œuvre des gros corbeaux noirs qui montent encore une garde sévère sur les toits. Autrement dit, ce n’est pas une fin très digne pour un burra sahib.
J’ai quand même vu pire.
Enfin, il y a le message. Un bout de papier taché de sang, roulé en boule et enfoncé de force dans la bouche comme un bouchon de liège dans une bouteille. C’est un détail intéressant, et nouveau pour moi. Quand vous
croyez avoir tout vu, c’est agréable de découvrir qu’un meurtrier peut encore vous surprendre.
Une foule d’autochtones s’est rassemblée. Une collection hétéroclite de badauds, de colporteurs et de femmes.
Ils se bousculent pour s’approcher de plus en plus près, brûlant d’apercevoir le cadavre. La nouvelle s’est vite répandue. Comme toujours. Le meurtre est un bon divertissement dans le monde entier et là, à Black Town, on pourrait vendre des billets pour voir un sahib mort.
J’observe pendant que Digby aboie à quelques agents locaux d’établir un cordon. Ces derniers à leur tour crient en direction de la foule et des voix étrangères les huent et leur lancent des insultes. Les agents jurent, ils brandissent leur lathi en bambou et frappent de tous côtés en repoussant peu à peu la populace.
Ma chemise me colle au dos. Il n’est pas encore neuf heures et la chaleur est déjà oppressante, même à l’ombre dans la ruelle. Je m’agenouille près du corps et je le tâte.
La poche intérieure de la jaquette est gonflée et j’en tire le contenu : un portefeuille de cuir noir, des clefs et des pièces de monnaie. Je range les clefs et la monnaie dans le sac des pièces à conviction et m’intéresse au
portefeuille. Il est vieux, mou et usé et a probablement coûté très cher quand il était neuf. À l’intérieur, froissée et écornée par des années de manipulation, une photo de femme. Elle a l’air jeune, probablement une vingtaine d’années, et porte des vêtements dont le style suggère que la photo a été prise il y a déjà un certain temps.
Je la retourne. Les mots Ferries & Sons, Sauchiehall St., Glasgow sont imprimés au verso. Je la glisse dans ma poche. Pour le reste, le portefeuille est à peu près vide.
Pas d’argent, pas de cartes de visite, quelques reçus. Rien pour indiquer l’identité de l’homme. Je le referme et le range dans le sac avec les autres objets avant de m’occuper de la boule de papier dans la bouche de la victime. Je la tire doucement pour ne pas déranger le corps plus que nécessaire. Elle sort facilement. Le papier est de bonne qualité. Épais, comme celui que l’on trouve dans un hôtel de classe. Je le défroisse. Trois
lignes y sont griffonnées. À l’encre noire. Dans une langue orientale.
J’appelle Digby. C’est un fils mince et blond de l’Empire; tout en moustache militaire et avec l’air d’un homme né pour commander. Il est aussi mon subordonné, ce qui n’est pas toujours visible. Dix ans dans la police impériale et, d’après lui du moins, sachant traiter avec les indigènes.
Il s’approche en essuyant ses mains en sueur sur sa tunique et dit: « Inhabituel de trouver un cadavre de sahib dans cette partie de la ville.
– J’aurais pensé que c’était inhabituel d’en trouver où que ce soit dans Calcutta. »
Il hausse les épaules. «Vous seriez surpris, mon vieux. »
Je lui tends le bout de papier. «Que pensez-vous de ceci ? »
Il examine le recto et le verso avec un excès d’attention avant de répondre : « Je pense que c’est du bengali… monsieur. »
Il a craché ce dernier mot. C’est compréhensible. Voir votre promotion vous échapper n’est jamais facile. Que ce soit au profit d’un outsider fraîchement débarqué de Londres est probablement encore pire. Mais c’est à lui de
se tracasser. Pas à moi.
Je demande: «Vous le comprenez ?
– Naturellement. » Il lit: «Dernier avertissement. Le sang anglais coulera dans les rues. Quittez l’Inde ! »
Il me rend le papier. «On dirait l’œuvre de terroristes, dit-il. Mais c’est audacieux, même pour eux. »
Il a probablement raison, pour autant que je sache, mais avant de tirer des conclusions hâtives je veux des faits.
Et surtout je n’aime pas ce ton.
«Fouillez ce secteur de fond en comble. Et je veux savoir qui est cet homme.
– Oh, je sais qui c’est, me répond-il. Il s’appelle MacAuley. Alexander MacAuley. C’est une grosse légume au Writers’.
– Où? »
Digby prend l’air de quelqu’un qui vient d’avaler quelque chose de désagréable. « Writers’ Building, monsieur, le siège administratif du gouvernement du Bengale et d’une bonne partie du pays. MacAuley en
est, ou plutôt en était, un des hommes les plus puissants.
Un collaborateur du vice-gouverneur, pas moins. Ce qui fait d’autant plus penser à un assassinat politique, n’estce pas, mon vieux ?
– Contentez-vous de continuer les recherches. » Je soupire.
«Oui, monsieur. » Et il salue. Il regarde autour de lui et repère un jeune sergent indigène. L’Indien regardait fixement une fenêtre de l’impasse. Digby crie: «Sergent Banerjee! Par ici s’il vous plaît. »
L’Indien se retourne et se met au garde-à-vous puis il accourt et salue.
«Capitaine Wyndham, dit Digby, puis-je vous présenter le sergent Sat Banerjee. Apparemment une des meilleures recrues de la police impériale de Sa Majesté, et le premier Indien dans le trio de tête aux examens d’entrée.
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