Et si Elvis n'était pas mort, s'il avait quitté Graceland en 1977 pour ne jamais y revenir ?
Caroline de Mulder revisite la légende du King pour brosser le portrait d'un homme rongé par les médicaments, bouffé par ses démons intérieurs, bouffi par la vie. En parallèle à ce destin maudit, l'autrice belge dessine et raconte la relation qui lie John White à sa gouvernante, Yvonne. White est un vieil Américain fantasque, au corps et à l'âme malades, débarqué à Paris dix-sept ans après la mort de Presley. Deux destins en apparence si différents, et qu'on devine pourtant inextricablement liés.
Bye Bye Elvis est une biographie romancée de Presley, qui s'attache à faire descendre le King de son piédestal pour s'intéresser à l'homme Elvis. L'éternel gamin, une fois les paillettes remisées au placard, se révèle disloqué par une vie qui ne l'a pas épargné, une vie qu'il n'a pas ménagée non plus. Tendre et implacable,
Caroline de Mulder signe un roman sans concession, et dit toute la souffrance de ceux qui, adulés, manquent pourtant cruellement d'amour.
La plume de Mulder est captivante, résolument atypique, drastiquement syncopée. L'autrice déconstruit méticuleusement la rythmique littéraire au profit d'une écriture oralisée, essoufflée et vivante. Les chapitres s'enchaînent pour faire résonner en écho les deux voix, les deux destins.
Bye Bye Elvis ne souffre d'aucun temps mort, l'intensité qui bouillonne sous la plume de l'autrice achève le lecteur, qui referme le roman complètement épuisé, lui aussi vidé.
Plus qu'une simple biographie fictive,
Caroline de Mulder signe un roman sensoriel, une expérience globale qui transforme l'écriture en souffle, qui fait la part belle à toutes les règles stylistiques. Elle assoit avec
Bye Bye Elvis son style, unique et décapant, terriblement efficace.
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