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3,14

sur 99 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Choisi pour le Club des Lectrices, ce roman fut une belle occasion de découvrir cette auteur nouvellement nobelisée, que je ne connaissais pas avant que le comité Nobel ne mette son oeuvre en lumière.

Du côté de Castle Rock occupe apparemment une place à part dans cette oeuvre, puisque c'est le seul roman : au fil des ans, Alice Munro s'est en effet spécialisée dans la nouvelle, genre délicat et méconnu.

Ici, elle a récupéré des nouvelles précédemment écrites qui se rapportent à des sujets plus intimes : son passé, ses ancêtres qui ont émigré de l'Écosse au Canada au début du 20e siècle. Pour l'histoire de ces derniers, elle s'est servie des quelques bribes de connaissances transmises dans sa famille ou présentes dans des publications locales. Et puis, faisant oeuvre de romancière, elle a imaginé ce qui a pu leur arriver, comment ils ont pu vivre leur situation de pionniers, comment ils se sont peu à peu intégrés à ce pays neuf.

Elle explique sa démarche dans l'avant-propos de ce livre : "Elle (la démarche) était plus proche de ce qu'on fait quand on rédige ses mémoires – j'y explorais une vie, la mienne, mais pas d'une manière aussi austère ni avec un respect rigoureux des faits. C'était moi-même que je plaçais au centre et j'écrivais au sujet de ce moi, le scrutant avec toute l'attention possible."

C'est pourquoi ce texte est totalement atypique : la première partie correspond aux nouvelles éparses sur sa famille; la seconde partie est l'équivalent de ses mémoires, dans lesquelles elle décortique ce qui a été sa vie, son enfance.

Ce "roman" n'est donc qu'une moitié d'autobiographie, en partie fictive. Mais cette part fictive permet à l'auteur de mieux comprendre ses ancêtres, de mieux se comprendre elle-même. Et finalement, qu'importe si tout n'est pas vrai ? Ce qui est essentiel, c'est l'émotion mise dans ces lignes, une émotion transmise directement au lecteur par un art de conter maîtrisé et original.

J'ai pu aussi en effet apprécier la qualité de l'écriture de cette grande dame, pleine de poésie, qui est si adéquate pour exprimer la beauté de la campagne canadienne et les gestes les plus anodins de chacun – une qualité que j'attribue souvent aux nouvellistes.

Du point de vue du contenu même, nous découvrons une manière de vivre intéressante, inscrite dans l'histoire du pays, où la lecture occupe une place aussi importante que la culture de la terre pour ces paysans qui furent éduqués selon les préceptes de John Knox dont le but était qu'ils puissent lire la Bible. Pourtant, génération après génération, l'aspect religieux recule, et ne reste que le goût de l'étude et de la littérature.

D'un autre côté, par son histoire, qui s'étend des années 1950 – son enfance – aux années 1980, la narratrice dresse un panorama de l'évolution de cette société campagnarde : une société traditionnelle où chacun épiait tout le monde, où les moments d'intimité n'existaient pas, où la notion de loisirs est peu présente et l'idée de week-end inexistante. Et pourtant, c'est à son époque que cette société traditionnelle passe à la modernité : lors d'un travail sur une île de riches, elle découvre le tennis, le golf, l'oisiveté, l'électricité à toute heure, etc. Toutes choses qui commencent à peine à arriver dans des chaumières au lino usé et aux casseroles cabossées.

Avec finesse et intelligence, Alice Munro a produit un roman atypique qui m'a séduite et intéressée et qui est à conseiller pour découvrir l'oeuvre de cette nouvelliste.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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En ce temps là, on se posait de drôles de questions.
Nous sommes encore en Écosse, à la veille du départ pour l'Amérique ... et en ce temps là, on se posait de drôles de questions.
Quand on meurt l'âme s'enfuit ... mais d'où part elle, elle émerge avec le dernier soupir, c'est la meilleure conjoncture ... mais il a été dit qu'elle pouvait aussi sortir par le trou du cul et même que parfois on l'a entendu sortir avec une puissante explosion !
Nous traversons l'océan bien accompagnés par des restes de témoignages décrits comme un livre de bord ou un journal intime.
Nous prenons la route vers l'ouest comme tant d'autres migrants économiques plein d'espoir sur le nouveau monde.
Nous participons aux tentatives de s'insérer dans cette nouvelle société avec la part de risques qu'il faut prendre pour arriver à se reconstruire.

Qu'il est reposant de se promener dans les souvenirs et le passé plus ou moins reconstruit d'Alice ... qu'il est agréable de remonter le temps ... qu'il est doux de participer à notre façon à la réhabilitation de ces gens là ... de ceux qui un un jour sont partis loin de chez eux pour essayer de construire un avenir meilleur à leurs enfants et petits enfants ... hier des irlandais, des écossais, des anglais, des français, des hollandais, des allemands ... aujourd'hui des gens du moyen orient, des africains, des gens de l'Europe de l'Est ... voir comment ils ont été accueillis hier, voir ce qu'on leur a laissé construire hier ... et aujourd'hui que se passe t il ... pourquoi l'accueil n'est plus possible ? ... pourquoi ne les laissons nous pas essayer de se reconstruire ?
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Ai-je aimé ce livre ? Je ne sais pas.

J'ai eu un peu de mal à le finir.

J'ai adoré plusieurs de ces paragraphes.

C'est sans aucun doute bien écrit, avec une véritable atmosphère à chaque chapitre. La vie est décrite de manière parfois crue et dure, sans passé par le prisme de la nostalgie attendrie, mais avec beaucoup de sensibilité, notamment aux lieux. Mais le tout est assez décousu.

J'ai bien aimé certains aspects un peu originiaux, tel que l'idée que finalement quelque chose qui aurait pu se passer est aussi important pour notre culture familiale que ce qu'il c'est réellement passé. Car on commence comme une saga familiale sur plusieurs génération et la première partie du livre retrace la vie de pionniers du Canada. Je n'ai pas trouvé que cette partie faisait vraiment résonance aux souvenirs d'enfance, et c'est dommage.

Bref, ce livre m'a donné envie de découvrir d'autres livre de l'auteur sans avoir réussi à m'emporter.
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Dans l'avant-propos, Alice Munro explique la genèse de ce livre. Depuis une douzaine d'années, elle s'est intéressée à l'histoire de sa famille, venue d'Écosse et émigrée en partie en Amérique du Nord.
Revenue aux sources, dans la vallée de de l'Ettrick, l'auteur a trouvé de nombreux témoignages écrits, des lettres et des recueils de souvenirs et découvert des traces de ses ancêtres dans les ouvrages des bibliothèques locales. Elle a utilisé tout ce matériel dans une série de nouvelles, écrites au fil du temps mais non publiées jusqu'alors. Ce livre lui a permis de regrouper ces histoires, mêlant réalité et fiction et d'explorer une vie, la sienne, et toutes celles qui l'ont précédée et lui ont permis d'être celle qu'elle est devenue.
La première figure marquante est celle de William Laidlaw, connu sous le nom de Will O'Phaup, déformation du nom de sa ferme Far-Hope. Simple berger, il a marqué l'histoire locale de la vallée d'Ettrick pour avoir rencontré des fées, un soir qu'il regagnait son foyer après avoir rentré ses moutons !

C'est ensuite un de ses petits-fils, James, qui en 1818 émigre au Canada, emmenant avec lui deux fils, une fille, sa belle-fille et son petit-fils. La longue traversée de l'Atlantique constitue la première épreuve de leur exil, l'occasion déjà de découvrir un autre monde, grâce aux rencontres qu'ils font sur le bateau. James est ainsi à l'origine de cette branche familiale de nouveaux américains, que le lecteur suit, génération après génération, jusqu'au père d'Alice puis Alice elle-même, de l'enfance à l'époque actuelle.

A travers la multitude d'anecdotes et de petites histoires qui constituent ce roman, c'est la vie qui est racontée, la vie toute simple qui passe avec les années, les souvenirs qui restent ou qui s'envolent.
Au final, une lecture agréable, mais qui m'a laissée pensive et mélancolique !
Lien : http://ruedesiam.blogspot.fr..
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Belle réussite que ce recueil de nouvelles qui peut très facilement se lire comme un roman, presque une saga. le talent de l'auteure est impressionnant dans sa faculté à installer en quelques lignes une ambiance, à nous accrocher à ces personnages. C'est encore plus vrai dans la première partie, alors que l'auteur raconte des événements qu'elle n'a pas elle-même vécue, qu'elle extrapole autours de fragments épars d'une mémoire familiale vacillante. le charme, bien que toujours présent, opère bizarrement moins quand on passe à l'autobiographie, sauf dans les passages où des liens sont retissés avec l'histoire. La plus réussie des nouvelles est celle qui donne son titre au recueil, une vraie plongée dans une époque lointaine, on sentirait presque les odeurs et on se verrait bien faire partie de l'épopée transatlantique. le prix Nobel honore avec Alice Munro une représentante émérite de cet art difficile qu'est la nouvelle.
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J'ai vraiment eu de la difficulté à accrocher aux histoires qui composent ce recueil, trop centré sur la "famille". Heureusement, le style d'écriture m'a plu.
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Des histoires de ses aïeux écossais puis américains dont elle a retrouvé les traces, Alice Munro bâtit un beau roman intime, fondé sur les parcours de ses ascendants, entre histoire et mémoire, généalogie et autobiographie, passé et présent.
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