Citations sur Escalier C (10)
C'est fou ce que les conversations qu'on a avec soi-même peuvent être dénuées de tout intérêt et de tout sens logique.
(p. 31)
Ce matin-là, j'aurais tout foutu par la fenêtre si j'avais pu. Au-dessus, Rachmaninov jouait l'opus quatre cents décibels, à côté Sparks et Beatrix s'écorchaient vifs, environ cinq cents décibels et en dessous un gosse hurlait pour se faire entendre dans le tintamarre avec la mère en sus : j'allais devenir sourd dans la minute qui suivait. Je sortis sur le palier en poussant moi-même une gueulante, histoire de ne pas être en reste.
(p. 57)
- Vous portez toujours des pantalons ?
- Ça vous embête, hein ? Si j'avais des jupes, vous pourriez passer votre main dessous.
- Je ne suis pas sûr d'en avoir envie.
- Allons donc ! Osez dire que vous ne vous intéressez pas à mon cul !
- J'ai horreur de la vulgarité chez les femmes.
- J'en suis persuadée. En tout cas, vous ne me ferez jamais croire que vous êtes venu ici pour regarder mes toiles.
- Pourquoi m'y avoir invité, alors ?
- Je n'ai jamais dit que je ne voulais pas baiser avec vous.
- Ah ! Je vous plais ?
- Oh que non !
- Pourquoi faire l'amour dans ce cas ?
- Parce que je veux savoir COMMENT vous baisez. Ça m'intéresse.
- C'est une drôle d'idée ! Quelle est la place du plaisir là-dedans ?
- On verra bien.
- Je ne veux pas de vous, merci.
- Je ne vous crois pas. D'ailleurs, je vais me déshabiller, ça m'étonnerait que ça ne vous tente pas, à la longue.
Comment pouvais-je venir en aide à Joss Hardy ? Il y avait de fortes chances qu'il oublie mon intervention, et en tout cas ce qu'il m'avait dévoilé. Il valait mieux que j'efface de ma mémoire les paroles dérisoires d'un misérable poivrot. Oui, retourner dans mon confort individualiste, rayer de mes pensées les problèmes des autres, comme tout le monde, comme toujours... Après tout, qui me tend la main, à moi ? Pourquoi aiderais-je ceux qui ne font rien pour moi ?
(p. 72-73)
La plupart des locataires voyaient d'un très mauvais oeil la présence de deux homosexuels parmi eux.
[...]
- On ne peut quand même pas laisser ce pauvre gars se faire écorcher vif sans bouger ! insistai-je quand je compris qu'ils ne tenaient pas à se mêler de cette histoire.
- Franchement, Tuncurry, les problèmes de ces deux pédales ne nous concernent absolument pas ! me répondit Sparks en haussant les épaules.
- Mais enfin ! m'écriai-je, si un homme battait sa femme jusqu'à lui fendre le crâne, vous vous dresseriez bien haut en exigeant justice ! Parce qu'il s'agit d'un homosexuel, vous considérez sans doute que ça fait partie de ses perversions !
- Mais il a lui-même refusé que tu lui portes secours !
- Il n'y a pas deux femmes sur cinq qui osent avouer qu'elles sont battues ou qui se plaignent. [...]
(p. 13-14)
l'Art n'a pas à etre rentable! L'Art ne doit pas etre rentaabel! Mais l'artiste doit vivre! Et combien y en a-t-il qui abandonnent parce que c'est ça ou mourir?
Je me demandai une nouvelle fois comment mon père avait pu choisir le métier de diplomate. Cela lui allait si mal ! À la vérité, je crois qu'il s'en fout. Cela peut paraître curieux, cependant, de réussir dans une branche que l'on ne veut pas prendre au sérieux. Depuis, je me suis persuadé que c'était sûrement ça le secret de la réussite !
C'est vous, le dingue. Mais dans votre esprit, c'est l'autre.
C'est indispensable de se faire chier de temps en temps. Ca revalorise les périodes actives.
Je veux détruire, c'est vrai, je veux faire mal, oui ! J'aime la souffrance que je crée, j'aime voir les gens capituler devant ma volonté ! Sais-tu ce que je préfère ? Dominer les autres, les écraser en leur faisant comprendre qu'ils me sont inférieurs ! Être au-dessus, çà ne sert à rien si les autres ne savent pas qu'ils sont en dessous !