Tous les enfants ne sont pas sur le même modèle, lui dit celui-ci. Les intelligences sont diverses, sociale, manuelle, artistique. Votre femme a raison de penser que l'école ne sait pas comment accueillir ces enfants qui sont intelligents autrement...
Et toi, bourrique, dit-elle en se tournant vers Garance, tu comprends pourquoi il faut avoir un métier et pas rater son tram, tous les matins ? Gagner sa vie, c'est garder sa dignité.
La leçon de morale fit du bien à tout le monde.
Monsieur Feyrières enfouit le visage dans ses mains. Un monstre. Il faisait peurs à sa femme, à ses enfants. Toute la société allait le rejeter. Déjà, on l'avait écarté aux urgences.
Ce soir-là, quand il revint chez lui, le pas alourdi, Louis eut l'impression d'avoir vécu plusieurs vies. Il en était tout étourdi. Comme d'habitude, Floriane fut la première à l'accueillir.
- Ouah, trop beau ! l'admira-t-elle.
Il l'attrapa à bras-le-corps et la serra contre lui, sans savoir pourquoi.
- Dis donc, tu m'aimes aujourd'hui, remarqua Floriane.
Elle s’éloigna en sautillant. C'était l'heure de Charmed à la télévision. Comme tous les soirs, Louis se laissa glisser sur la moquette, le dos appuyé au canapé. Il avisa les poupées étalées devant lui et s'empara de Raiponce. Elle avait les cheveux déliés. Il la tendit à sa sœur :
- Tu me montres comment on fait les tresses ?