(...) quand on ne ment pas, on choisit souvent l'aspect de la vérité qui nous arrange.
-J'avais 25 ans et je travaillais déjà en milieu carcéral. Je suis tombée amoureuse d'un collègue, un beau mec de dix ans plus âgé que moi qui m'a fait croire qu'il avait été victime de sa femme. Une « perverse narcissique ».
- Mm, mm.
- Mais c'était lui, le pervers narcissique. Au début, il me baratinait : « J'ai jamais connu quelqu'un comme toi. Je regrette que tu n'aies pas été ma première histoire d'amour. Je comprends enfin la vie grâce à toi... » Puis c'est devenu : « Ne me déçois pas. Tu as changé. Pourquoi tu me fais ça ? Où vas-tu ce soir ? C'est qui, cette meuf avec qui tu parlais ?»
Alma fit un geste de la main qui signifiait « etc. », désignant ainsi l'enchaînement qui va des reproches aux insultes, puis des insultes aux coups.
- Pour un homme violent, l'altérité, ça n'existe pas. Il faut que sa femme soit d'accord avec lui tout le temps, sur tous les sujets. Autrement, c'est une conne. Et il ne supporte pas qu'elle ait un métier, une indépendance économique. Chaque petite liberté que je m'accordais, une sortie shopping, un cinéma avec une copine, ça devenait un sujet de dispute. Il me barrait la porte de sortie, et si j'essayais de passer quand même, il me frappait.
- Je suis désolé, marmonna Sauveur.
- Faut pas, faut pas. Tu n'y es pour rien. Moi, j'ai fait trois ans de thérapie pour comprendre pourquoi ça m'était arrivé, à moi. La réponse, c'est que ça peut arriver à n'importe qui.
Pourtant, au moment de franchir la porte, elle adressa à Sauveur un sourire chaleureux, le sourire qu’elle avait pour tout le monde au village et qui disait : « Bienvenue dans mon cœur, mais prière de le laisser dans l’état où vous l’avez trouvé ».
Ça prend tellement de place, un absent, dit-elle. (p 190)
Si aucune autorité n'est fiable, ni celle des savants, ni celles des dirigeants, ni celle des parents, si plus personne ne croit en la parole de l'aitre, comment vivre en société...ou en famille ?
Pour vivre heureuse, vivons sous-informée. (p 94)
La vie s’était chargée de lui apprendre qu’on peut dire au revoir à sa maman le matin et qu’à l’heure du goûter elle est morte. pg 16
On ne sait pas ce qu’on laisse derrière soi. Une graine peut germer. Ça vaut toujours la peine d’essayer.
- Et pour les ours polaires, on va faire quoi ? demanda Grégoire, attendant de Lazare une autre astuce.
Lazare avouant sa perplexité dans un haussement de sourcils, Grégoire se permit d’insister.
- La maîtresse a dit que les ours blancs n’ont plus de neige et ils mangent dans les poubelles et Moïra, elle pleurait parce que les petits ours, ils sont tout maigres et ils meurent. Moi, je voudrais qu’on tue les hommes plutôt. Comme ça, on n’abîmerait plus rien de la planète, et la banquise repousserait.
- Mais il n’y aurait plus personne pour s’en apercevoir, lui fit observer Sauveur.
- Si. Les ours.
Je n'allais pas mieux à 13 ans que maintenant. Mais mes rêves étaient devant.