Voilà que la créature s'agitait au fond de son sinistre tombeau de poussières et de déchets minuscules, voilà qu'elle cherchait ses pièces dépareillées, ses fragments épars, sa tête volée, sa chair corrompue, sa vie éteinte. Voilà que Louise sentait peser sur son épaule l'ombre d'une ombre et qu'une étrangère se mêlait à elle, aussi brune qu'elle était blonde.
- Mais on me reconnaîtra ?
- Ceux qui savent voir te reconnaîtront. Et peut-être, en même temps, auront-ils le sentiment de te découvrir. Parce qu'il y aura ce quelque chose qui est en toi et qui n'apparaît pas. C'est-à-dire que je l'aurai dégagé, comme le parfum qui s'échappe d'une fleur...
- Tu es une sorcière, alors ?
Virginie faillit lâcher son couteau.
- Pas du tout. Une artiste. Tais-toi un peu maintenant.
A en croire son père, autrefois (quand elle était normale), la vie de la famille Wilmot relevait du rêve enchanté. Les fleurs tombaient du ciel et les souris chantaient des chansons. Quelque chose comme ça. Louise n'avait guère en mémoire qu'un quatre pièces un brin étriqué et les allers-retours quotidiens entre la maison et l'école primaire. Rien d'horrible, mais pas de quoi sauter au plafond non plus.
Voilà que Louise sentait peser sur son épaule l'ombre d'une ombre et qu'une étrangère se mêlait à elle, aussi brune qu'elle était blonde. Voilà qu'elle comprenait où elle se trouvait, à la source de l'histoire. De son histoire.
Il éprouvait une curieuse appréhension à la perpective dee saisir de nouveau l'anse métallique de la lampe. Oui, comme s'il craignait de ne plus pouvoir s'en détacher. Le froid. Virginie, elle, se réchauffaient les mains contre le verre faisant paraitre toujours plus ténue la lueur qui s'y nichait. Elle jeta un coup d' oeil vers le fond de la cuve. Et vit au sein de décombres opaques et filamenteux...un crane.