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Critique de ChDu


“1Q84 voilà comment je vais appeler ce nouveau monde, décide Aomamé. Q c'est la lettre initiale du mot question. le signe de quelque chose qui est chargé d'interrogations. Que cela me plaise ou non je me trouve à présent dans l'année 1Q84. L'année 1984 que je connaissais n'existe plus.”
Voilà ce qu'on lit à la page 205 du livre 1 de ce roman de plus de 1600 pages divisé en trois livres. Bien évidemment il y a dans le titre du roman un clin d'oeil à Georges Orwell avec un jeu de mot puisque le Q en japonais se prononce« kjuː »et le « 9 », lui, se prononce « kyū » également, d'où la même lecture, au Japon, de 1984 et de 1Q84. Big Brother n'est pas présent mais est remplacé par quelque chose de moins réel mais plus insidieux (les vérités parallèles).
Épopée moderne, conte de fée par certains aspects, thriller aussi tant l'auteur n'a pas son pareil pour capter l'attention du lecteur, voire l'hypnotiser ou bien aussi conte mi fantastique, mi science-fiction, c'est tout cela à la fois sans oublier des interprétations jungiennes des rêves de personnages (Murakami apprécie l'oeuvre du psychiatre suisse) ainsi que le processus d'individuation cher à Jung, processus par lequel l'individu réalise son soi, le découvre (le Soi englobe le moi et regroupe les parts consciente et inconsciente qui nous constituent). Comme dans les autres romans de Murakami on retrouve aussi maintes références à la culture occidentale (de Proust à Janacek en passant par le jazz ou la pop culture avec par exemple I Got you Babe de Sonny and Cher). Cela ne signifie pas pour autant que l'auteur renie sa japonité et son approche intuitive avec de nombreuses références à la tradition shintoïste avec les espaces surnaturels, la décorporation de l'âme et l'existence de personnages possédés ou chamaniques.
Dans 1Q84, nous suivons une histoire on ne peut plus classique , entre un garçon et une fille, celle d'Aomamé, une tueuse professionnelle qui se sent investie d'une mission : celle d'exécuter les hommes qui font subir des violences aux femmes et de Tengo, un professeur de math, apprenti-écrivain qui, sur son chemin est amené à réécrire le livre d'une jeune fille échappée d'une secte appelée « Les Précurseurs ». Les deux protagonistes sont des solitaires ayant eu une enfance traumatisante. Ils se sont connus à l'âge de 10 ans à l'école puis ont suivi des chemins différents. Au départ ils ne savent qu'ils sont amoureux, mais ils gardent mutuellement le souvenir de cette rencontre enfantine et découvrent qu'il s'agissait un amour irrépressible. Ils finiront par se trouver vingt ans plus tard, échappant aux griffes de la secte des “précurseurs”, auxquels ils ont à faire consciemment ou inconsciemment à travers de multiples péripéties.
On ne peut qu'admirer la maestria avec laquelle Murakami développe la trame d'une histoire complexe et onirique malgré quelques longueurs ou redites (probablement pour ne pas perdre le lecteur). Il faut se laisser porter par ce magnifique roman, qui fait plus que jamais écho aux interrogations du monde moderne.
ps: ma critique porte sur les trois livres de 1Q84 et non sur le seul premier (avril-juin)

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