Ne serait-ce pas mieux que nous gardions tendrement en nous l’espoir de nous revoir un jour, sans pour autant nous retrouver ? De la sorte, ils continueraient à vivre à tout jamais avec leurs espoirs intacts. Des espoirs, semblables à une flamme toute petite, mais unique, qui leur réchaufferait le cœur. Une flamme minuscule qu’il faudrait enclore dans la paume de la main, pour la protéger du vent. Car les violentes bourrasques de la réalité risqueraient de l’éteindre.
permettez-moi de paraphraser une célèbre citation de Tolstoï : les plaisirs se ressemblent tous ; les douleurs sont douloureuses chacune à leur façon. Sans toutefois aller jusqu'à dire qu'elles auraient chacune une saveur particulière.
le problème n'est pas en moi. j'ai toute ma raison. c'est le monde autour de moi qui s'est détraqué. et je dois trouver la cause de sa folie. a tout prix.
Mais même comme ça, en fin de compte, vous ne parviendrez pas à fuir. Quelqu'un viendra et vous ouvrirez cette porte.
là où il y a de l'espoir, forcément, il y a des épreuves.
Il leva la tête et regarda de nouveau les lunes. Le duo lunaire entre des nuages qui poursuivaient leur très lente coulée projetait sur la terre ses énigmatiques clartés aux teintes mêlées. Sous leur lumière, Tengo ressentit avec une acuité nouvelle combien le cœur des hommes pouvait interpréter le temps comme tout à fait relatif.
Elle ne savait pas encore dans quelle sorte de monde ils se trouvaient. Mais elle était sûre qu'elle resterait là. Nous resterons là. Il se peut que ce monde contienne ses propres menaces, ses propres dangers, qu'il soit plein d'énigmes et de contradictions. Il se peut que nous ayons à suivre bien des chemins obscurs dont la destination nous sera inconnue. Mais cela ne fait rien. Cela n'a aucune importance. Je m'en accommoderai. Je ne m'en irait plus d'ici. Je n'irais plus nulle part. Quoi qu'il arrive, nous demeurerons dans le monde où brille une seule lune.
Que votre vie ait de l'importance pour vous, je le conçois. Vous n'en avez qu'une, une seule. Je le sais. Mais elle m'est indifférente. À mes yeux, vous n'êtes que des figurines en papier découpé qui se déplacent devant un décor. Tout ce que je vous demande, c'est de ne pas me déranger. Restez ce que vous êtes, des silhouettes de papier.
Par vagues successives, les nuages étaient balayés vers le sud. Néanmoins, même si un grand nombre état chassés, il en surgissait toujours de nouveaux. A coup sûr, dans les régions du Nord existait une source inépuisable qui approvisionnait le ciel en nuages. Là-bas, dans ces contrées lointaines, des hommes, enveloppés dans d'épais vêtements gris, avaient pris la ferme résolution de fabriquer en silence des nuages, sans cesse, du matin au soir. Tout comme les abeilles font du miel, les araignées tissent leur toile, et la guerre engendre des veuves.
Il était en plein chaos. Au sein de ce chaos, c'était comme si le temps s'était arrêté. mais le temps ne pouvait pas s'arrêter. C'était une impossibilité de principe. Il était probable qu'il avait seulement perdu de son uniformité. Si on le considère au travers d'une longue durée, le temps s'écoule à une vitesse constante. Cela est indubitable. Mais si on extrait une part, on peut alors avancer l'hypothèse qu'il n'est pas uniforme dans cette section-là. Dans certaines poches temporelles relâchées, l'ordre et la probabilité des choses finissent par perdre toute validité.