Anatole France prétendait: « La vie est trop courte. Proust est trop long » Anerie intégrale, et fielleuse.
J'ai toujours pensé l'inverse. La vie est trop longue et la Recherche trop courte. Le roman fait trois mille pages, soit cent trente heures de lecture en deux mois, selon de savants calculs. Impensable, vraiment ?
Personne n'est obligé de lire Proust. Mais tout le monde perd à l'ignorer. On le lira à vingt ans, trente, quarante, soixante ans. Peu importe. Comme les rencontres amoureuses, la lecture de la Recherche attend son heure. Elle ne peut en aucun cas étre forcée, C'est la lecture consentie par excellence. Et donc celle qui procure les plus grands plaisirs.
Un jour, Emily Dickinson invita sa nièce de huit ans à entrer dans sa chambre. Elle referma la porte derrière elle, sortit une clé imaginaire de sa poche, fit mine de l’insérer dans la serrure pour la verrouiller à double tour. Puis elle se retourna et dit à l’enfant, en montrant la clé fantôme qu’elle tenait entre le pouce et l’index : « This is freedom. » p 211 éd. Robert Laffont
Toute généalogie est (plus ou moins) imaginaire. (p 72)
Dire : voilà la faute suprême, La famille, aristocrate ou pas, n'exclut personne tant que les choses ne sont pas dites.
C'est cela, surtout, que ma famille m'a le plus reproché : tu as fait pleurer ta mère en public. Comme une domestique.
D'une roturière en passe d'intégrer la famille et qui ignorait les usages, ma mère laissa tomber un jour d'une lippe ennuyée ce commentaire qui la résume entière : " Elle est inmélangeable."