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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre vite lu, se passe en Sardaigne, nous sommes dans les années 50, la modernité na pas encore envahit ce coin d'Italie. Dans cette campagne où la vie finit chez soi, on a parfois recours à l'Accabadora.

Au départ, on assiste à l'adoption d'un petite fille, donnée par sa mère à Tzia Bonaria ; la petite est heureuse auprès de cette couturière ; mais en grandissant, elle devient curieuse ; elle aimerait savoir ce qu'elle va faire la nuit. Quand elle va le découvrir, sa réaction va être le rejet, la foi Chrétienne dans laquelle vit l'Italie, ne peux accepter cette pratique, mais face à la souffrance, des choix pénibles sont parfois nécessaire.

Je ne dévoilerais rien, car découvrir qui est l'Accabadora fait tout le charme du livre, je recommande à celle qui veulent le savoir de ne pas lire la 4° couverture, pour ne rien deviner et accentuer le plaisir de cette lecture.
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à lire absolument, un livre merveilleux.
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Grace à ce livre, qui a obtenu le prix des libraires en 2011, je découvre cette autrice italienne, sarde plus précisément, laquelle est malheureusement décédée au cours de  l'été 2023. Ce livre nous donne à découvrir la culture sarde rurale avec ses croyances et rites ancestraux qui imprègnent la vie quotidienne. Trois aspects très particuliers sont évoqués dans cette histoire, ayant trait au rôle de mère.
 Tout d'abord la création d'un lien filial, une sorte d'adoption, par consentement entre la mère biologique trop pauvre pour élever sa quatrième fille et la mère adoptive, qui n'a pas enfanté. Maria Listru devient donc "Fill'e anima" de Bonardia Urrai, sans pour autant rompre les liens avec sa famille de naissance. La Tzia Bonaria, veuve de guerre avant même d'avoir été mariée, est âgée lorsqu'elle  accueille Maria, une petite de 6 ans dont le père est mort depuis longtemps. Elle lui offre éducation et sécurité matérielle et tisse avec elle une relation de confiance et de respect mutuels. Ce lien "Anima" m'a fait pensé à la pratique polynésienne du"Fa ' a ' amu", dons d'enfants entre familles et notamment pour des femmes sans enfant.
Plus tard Maria découvre, ce que tout le monde sait dans le village : Bonaria Urrai est l'Accabadora du village, celle qui aide à quitter ce monde. C'est une ombre furtive qui se glisse dans les maisons du village la nuit à la demande des mourants ou de leurs familles. Elle suscite crainte mais surtout un grand respect, l'Accabadora est considérée comme la ''dernière mère'', celle qui aide à mourir.
C'est aussi celle qui parfois aide a venir au monde, quand il n'y a pas de matrone pour aider la femme qui accouche.
Finalement, elle est une pierre angulaire de ce village. D'ailleurs tout le village sera présent et certains seront très ébranlés au moment de son décès. Sa fille, même si elle finit par admettre le rôle de l'Accabadora, sera longtemps tourmentée par la légitimité de ces actes. La longue agonie de l'Accabadora ne finit qu'avec le pardon accordé par Andriu qui lui reprochait le décès de son frère.
Écrit avec sobriété et des mots sardes nous sommes immergés dans cette culture un peu rude. le sujet est traité avec délicatesse et l'émotion n'est pas absence de cette histoire, qui nous rappelle combien l'accompagnement d'une personne mourante est source de  tourments et d'impuissance. J'ai été émue par cet écrit tout en retenue.


  

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Superbe histoire dans une ambiance sarde. Une belle romance de femme écrite magnifiquement.La vie, la mort, la tolérance... à lire absolument.
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« Fillus de anima.
C'est ainsi que l'on appelle les enfants doublement engendrés, de la pauvreté d'une femme et de la stérilité d'une autre. de ce second accouchement était née Maria Listru, fruit tardif de l'âme de Bonaria Urrai. »

A Soreni, petit village de Sardaigne, dans les années 50,

A six ans, Maria est confiée, léguée, débarrassée en échange de deux pommes de terre quotidiennes pour sa miséreuse famille, à Tzia Bonaria Urrai, une vieille femme sans âge, comme on peut l'être aux yeux d'une enfant.
Maria se laisse emmener, confiante, dans la maison de Tzia, où on lui accorde une chambre pour elle seule. Si elle passe la première nuit, le dos contre un mur protégée par un oreiller-bouclier, s'est pour se protéger des statues de saints ornant la pièce, qui souffrent de leurs stigmates et pleurent des larmes de sang. Dès que Tzia s'en aperçoit, elle déménage aussitôt les bondieuseries et offre à la petite une chambre vide de tout cauchemar.

A Soreni, chacun va de son commentaire pour décrire cette nouvelle filiation. Maria est une enfant d'âme, un terme beau qui prend racine dans la spiritualité du corps. Tzia n'a jamais eu d'enfant. Sa vêture est noire d'un deuil qu'elle soutient depuis la mort à la guerre, « d'un mari jamais épousé ». Tzia a des biens, elle est riche, elle a son métier de couturière, elle est indépendante, elle s'est choisi une héritière.
Maria a huit ans, nous sommes en 1955. Un jour, dans le silence de la cuisine, elle a le plaisir de s'entendre appeler « ma fille » par Tzia. Cela génère un sentiment si intense qu'il provoque une douleur. le lien déjà fort, se renforce et Maria reconnaît en cette femme son unique mère.

Les années qui passent, épanouissent Maria en une fillette belle, intelligente, douée pour les études, dotée d'une charmante insolence et plus réfléchie que ses petits camarades, ce qui offense parfois Andria son meilleur ami, conscient de sa maturité. Si elle est raillée par ses soeurs un peu jalouses et craintives, Maria sait conserver son aplomb et parvient « dans sa grande sagesse » à les snober un peu.
Très admirative de sa mère adoptive, Maria aime la suivre partout et la regarder oeuvrer. Dès que Tzia s'absente sans invoquer de raison, laissant une ombre de mystère, Maria s'inquiète et guète son retour avec impatience. La complicité de ces deux êtres est flagrante même si elle reste réservée et peu bavarde.

Un jour, dans une famille, un drame provoque un accident, l'amputation d'une jambe, des douleurs, le refus d'une vie d'estropié, le refus de tout, des prières, des supplications et le décès. C'est Andria, témoin involontaire, qui racontera sur un coup de colère à Maria, l'instant du trépas et le nom de la personne responsable. le défunt est son frère, la personne qui l'a aidé est Tzia Bonaria Urrai.
Le jour de l'enterrement de Nicola, Maria apprend le rôle de Tzia. Elle est l'accabadora, celle qui laisse partir le mourant et qui aspire son dernier souffle.

Il y a des secrets, des initiations, qui broient l'âme. Ils font fuir et passer la mer. Ils perdent les repères, relèguent l'amour et ne pardonnent pas… jusqu'au retour.
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Ce livre est un coup de coeur.
L'auteure sait raconter comme une conteuse. Elle pourrait être face à nous et nous recommander de fermer les yeux, de laisser nos sens s'évader.
Nous sommes aux débuts des années 50, juste encore meurtries par la guerre. Je vois une île de Méditerranée, une terre chaude, rude, pudique, sauvage et merveilleuse, un petit village assez reculé de la mer car certaines personnes ne l'ont vue qu'une fois. Ca pourrait être ma Corse, mais c'est la Sardaigne. Je me remémore l'histoire que la cousine Angèle aime nous dire et redire… elle avait quinze ans, assez téméraire pour rentrer dans l'eau jusqu'aux genoux et crier de peur d'être avalée… le petit village se nomme Soreni. Il est comme toutes les campagnes avec des âmes pécheresses, naïves, croyantes, superstitieuses, frustres, ignorantes, fières, courageuses, humaines, avec la particularité d'être îliennes. le poids des traditions dirigent les pas. Elles sont le passé et la force, l'hérédité que l'on chérit. Je vois les rides du labeur sur les visages, une peau cartonnée, des robes noires, des cheveux de femmes rassemblés en chignon, des costumes en velours… Il y a des vignes, les vendanges, les fêtes, la préparation de gâteaux qui réunit les femmes pour des amaretti croustillants, le petit verre d'eau de vie… les rires, beaucoup de silence, des haines, de l'amour… les mariages et les décès. Les pleureuses qui passent la nuit dans un coin de la pièce à veiller le mort et l'accabadora que l'on va chercher quand l'espoir n'est plus permis. D'un regard, d'un signe de tête, elle est la dernière compagne. On peut dire qu'elle gracie le corps et laisse s'envoler l'âme. Ce n'est pas un mythe, elle opère depuis des siècles.
Tzia, est un beau personnage. Elle est celle que l'on respecte, que l'on ne doit pas craindre. Maria est sa continuité, sa fierté. Michela nous les conte…

Je vous recommande leurs histoires, ce voyage.
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Maria est vendue par sa mère à Tzia Bonaria, une vieille couturière qui lui offre une vie d'études et de "confort". Maria se sent bien auprès de la vieille femme. Mais peu à peu, elle se rend compte que Tzia Bonaria lui cache quelquechose qui lorsqu'elle le découvrira sera difficile à accepter...

Je n'ose en dévoiler plus tant cela risquerait de gacher votre plaisir de lecture. Nous sommes plongée au coeur des légendes sardes. C'est avec beaucoup de poésie que l'auteur nous dépeint les us et coutumes de ce pays et la force du lien qui unit les deux femmes. C'est un roman tendre, sensible et merveilleusement bien écrit qu'il vous faut découvrir au plus vite si ce n'est déjà fait.
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Les rites et les coutumes ancestraux n'ont pas disparu par magie au tournant du XXe siècle. C'est le cas de l'accabadora, une vieille coutume sarde, qui aux yeux d'un profane ou d'un étranger, peut paraître cruelle.
L'accabadora est une pratique qui est née avec la souffrance des agonisants, c'est aussi le nom de celui qui la pratique. On n'avait alors que deux options : soit laisser souffrir un mourant, soit mettre fin à sa souffrance. L'accabadora est la pratique qui met fin à la souffrance.
Dans l'Accabadora de Michela Murgia, c'est une femme mûre et solitaire, vêtue de noir (on est en Sardaigne) qui réside dans le village, Tzia Bonaria Urrai , qui vient au chevet des malades. Et sa pratique mystérieuse, qui est aussi critiquée dans le village (on dirait une sorcière), elle l'utilise avec parcimonie.
Un jour, elle demande à Maria Listru, une veuve du village, de lui confier sa fille Maria, pour l'adopter définitivement.
Maria est intriguée par ce qui se passe la nuit et se demande bien pourquoi Bonaria Urrai s'absente… Elle découvre que sa mère adoptive Bonaria est l'accabadora.
« L'accabadora examina Tziu Jusepi Vargiu, dont les yeux écarquillés avaient l'immobilité sans retour des objets cassés. Elle saisit la main décharnée, tâtant poignet et avant-bras. Soudain elle sursauta. “Ils ont fini par t'appeler”, déclara le vieillard d'une voix rauque. »
La Sardaigne rurale et pauvre, la difficulté d'élever des enfants qu'on ne peut nourrir, tout est magnifié sous la plume de Michela Murgia.
Un coup de coeur !
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L'Accabadora, c'est la dernière mère. Celle qui emporte le dernier souffle. Comment ? Pourquoi ? Quand ? Tout ceci reste secret bien sûr et nul ne doit connaître ce qui se passe vraiment.
Dans ce village sarde, c'est Tzia qui a ce rôle. Et sa fille adoptive, Maria, va découvrir cette coutume. Sa vie va alors en être bouleversée.

Très belle écriture de Michela Murgia. Roman envoûtant.
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Magnifique roman sur la transmission des traditions et l'importance des rituels ancestraux encore très présents dans certaines petites communautés. Tout est dans le silence, les non-dits, les sous-entendus , les demi-mots.
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Belle écriture pour une très belle histoire, traitant avec délicatesse un sujet tabou (en tout cas en France, ce qui n'est pas le cas de la Suisse).
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