"Tu trouveras dans la joie ou dans la peine,
Ma triste main pour soutenir la tienne,
Mon triste cœur pour écouter le tien."
"Et qu'il vente ou qu'il neige
Moi - même, chaque soir,
Que fais- je ,
Venant ici m'asseoir?
Je viens voir à la brune,
Sur le clocher jauni,
La lune,
Comme un point sur un i.."
"Ballade à la lune". 1829.
Salut,jeune champion d une cause un peu vieille,
Classiques bien rasés,à la face vermeille,
Romantiques barbus,aux visages blêmis !
Vous qui des grecs défunts balayés le rivage,
Ou d un poignard sanglant fouillez le moyen âge
Salut !-j ai combattu dans vos camps ennemis.
Par cent coups meurtriers devenu respectable,
Vétéran,je m assois sur mon tambour crevé.
Racine,rencontrant Shakespeare sur ma table,
S endort près de Boileau qui leur a pardonné.
Et depuis quand un livre est-il autre chose
Que le rêve d un jour qu on raconte un instant ;
Un oiseau qui gazouille et s envole ; -une rose
Qu on respire et qu on jette,et qui meurt en tombant ; -
Un ami qu on aborde,avec lequel on cause,
Moitié lui répondant,et moitié l écoutant ?
Aujourd’hui,par exemple,il plaît à ma cervelle
De rimer en sixains le conte que voici.
Vas-t-on le maltraiter et lui chercher querelle ?
Est -ce ma faute,à lui,si je l écris ainsi ?
Byron,me direz-vous,m a servi de modèle
Vous ne savez donc pas qu il imitait Pulci?
Lisez les Italiens,vous verrez s il les vole .
Rien n appartient à rien,tout appartient à tous.
Il faut être ignorant comme un maître d école
Pour se flatter de dire une seule parole
Que personne ici -bas n ait pu dire avant vous.
C est imiter quelqu un que de planter des choux.
(Namouna,conte oriental)
LE RIDEAU DE MA VOISINE
Le rideau de ma voisine
Se soulève lentement
Elle va, je l'imagine
Prendre l'air un moment
On entr'ouvre la fenêtre
Je sens mon coeur palpiter
Elle veut savoir peut-être
Si je suis à guetter.
Mais, hélas ce n'est qu'un rêve;
Ma voisine aime un lourdaud,
Et c'est le vent qui soulève
Le coin de son rideau
J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.