A feuilleter, c'est un ouvrage lumineux, chaleureux.
A lire, il est ... conventionnel : quatre talentueuses jeunes femmes partagent un appartement, à Paris, en 1873. Sur la quatrième de couverture, il est bien précisé que l'action se passe quelques deux ans après La Commune.
Pour mon ressenti, double achoppement : d'une part, les héroînes sont comme "parachutées" dans ce Paris intemporel, comme si quatre de nos jeunes contemporaines se retrouvaient dans ce Paris d'après Commune. Et pourtant, le siège de Paris, la tragédie de la Commune avaient laissé des traces dans la ville, dans le vécu des habitants. Pourquoi faire référence à cette date, s'il n'en est pas question dans l'ouvrage ?
Second...agacement, parfois l'image évoque l'hiver, le froid, la pluie et l'image suivante la lumière et la chaleur de l'été ! J'ai beaucoup de difficulté à imaginer une jeune modèle, simplement couverte d'un lèger peignoir se promener dans la rue par un froid glacial, même pour essayer de séduire un nouveau voisin. Quant à la baignoire dans laquelle elle prend son bain, à Paris et en 1873, hum !
Côté graphisme, plutôt aquarelles, de belles réussites pour exprimer des émotions par le visage, ou par la gestuelle. Mais que c'est agaçant tous ces visages la bouche ouverte comme des poissons !!!
Côté personnages, chacune de ces héroïnes sont inspirées de quelques femmes célèbres de l'époque ; agaçant cet "entre-deux"... qui nous fait passer des souvenirs des
Yvette Guilbert, Camille Claudel à des personnalités un peu plus falotes. C'est comme lorsque nous rencontrons un visage familier sur lequel nous ne mettons pas un nom : l'esprit est uniquement occupé à rechercher la référence, et perd le fil de la conversation, de la lecture !
Du côte de ces messieurs, là aussi des archéotypes. Et ils ne ont pas flattés !!!
Par contre, une belle réussite : faire ressentir au lecteur, presque physiquement, la présence écrasante,éetouffante des hommes. C'est eux qui ont le pouvoir, la liberté de vivre comme ils l'entendent et les femmes doivent composer avec cette réalité. Ils sont désirés, craints, mais ils représentent un danger. Même quand elles les aiment, ils n''apparaissent pas comme une chance de bonheur.
Jolie BD aux couleurs et propos d'une certaine féminité.