Si ce roman m'avait fait de l'oeil à sa sortie l'année dernière, c'est finalement avec sa version poche que je l'ai découvert. Et c'est une très belle découverte.
J'ai beaucoup aimé la construction de ce roman noir.
Ordinaire, c'est Hervé. Retraité, désoeuvré, après avoir passé toute sa carrière à vendre ses pneus, Hervé se sent inutile en retraite. Sa femme travaille toujours, il passe beaucoup de temps seul en compagnie de son chien, Billy.
Hervé a une autre compagne, l'alcool, qui occupe ses journées autrement bien vides.
Hervé se sent seul, se sent vieux, se sent moche.
Lorsque des nouveaux voisins emménagent dans leur immeuble, Hervé se prend en pleine face tout ce qu'il n'est pas et tout ce qu'il ne sera jamais.
Ce roman, c'est l'histoire d'une spirale vicieuse: jalousie, doute, mépris, colère, envie, tout se mélange chez Hervé. Tous ces sentiments vont le miner, petit à petit, jusqu'à l'irréparable.
Si je n'ai pas eu beaucoup de sympathie pour Hervé, j'ai quand même eu de l'empathie et de la peine pour lui. Sa vie n'a pas été ce qu'il espérait, et son mal-être croissant m'a parfois serré le coeur.
Inutile de dire que l'alcool est fort mauvaise conseillère, et que sans cela, bien des choses auraient pu être différentes.
Ce roman nous rappelle aussi qui est important de considérer les gens, avec respect et avec simplicité. Car on ne connaît pas leur vie, les drames qu'ils ont vécu, et ce qu'ils sont intérieurement.
Un regard respectueux et attentionné peut faire une différence.