"
Ordinaire": ce titre sied parfaitement au livre dont il orne la couverture!
L'auteure nous embarque avec maîtrise et subtilité dans la vie d'un couple de retraités "
ordinaires" d'une cité "
ordinaire" peuplée de voisins "
ordinaires".
On accompagne Hervé et, à travers ses yeux, son épouse, Elizabeth, dans leur vie un peu morne et monotone, qu'égayera un peu, un temps, une main chanceuse à un jeu de hasard.
Elle, donne des cours particuliers pour arrondir leurs fins de mois et améliorer un peu leur quotidien; Lui, erre dans leur appartement d'où il espionne ses (nouveaux) voisins, affichant leur réussite aussi arrogante qu'insupportable, et trompe l'ennui de son quotidien en allant promener son fidèle Billy et en picolant dans les cafés alentours, une façon de diluer l'amertume suscitée par une vie asséchée de tout. Une façon, aussi, d'anesthésier la douleur lancinante du deuil impossible d'un enfant parti beaucoup trop tôt.
Peu à peu, le désoeuvrement qui le grignote va l'aspirer dans une forme de folie "
ordinaire", née de l'isolation, de la solitude et d'un autocentrisme que rien, ou si peu, ne parviendra à atténuer.
Il s'agit, apparemment, du premier roman d'
Audrey Najar et je le trouve vraiment très réussi: la plume est belle, à la fois travaillée et fluide. Elle décrit admirablement bien les névroses qui consument cet homme "
ordinaire" et les liens complexes, soudés par le chagrin, qui l'unissent à sa bien-aimée.
La psychose née de l'obsession pour des banalités qu'un quotidien trop "
ordinaire" va transformer en idées fixes, lancinantes.
J'ai passé un très bon moment de lecture et, si vous aimez les romans dans lesquels la folie "
ordinaire" est traitée de l'intérieur, alors foncez: vous allez adorer!