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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il se promène dans les rues sombres de Tokyo, un parc désert, un chantier vide. Une canette de café chaud à la main, quelques lampadaires qui éclairent timidement le trottoir lui donnant un air blafard. La pluie se déverse sur la chaussée, les voitures roulant à toute berzingue éclaboussant sans vergogne les contre-allées que les ivrognes ont désertés. Personne dans la rue. Sauf lui ce soir. Lui et cet homme qui git par terre. La tête en sang, le révolver à ses pieds. Regard à droite, regard à gauche, la pluie continue de tomber froidement sur la rue, blues du trottoir. Il courre, la main dans la poche, l'arme dans la main.

Un LAWMAN MK III 357 MAGNUM CTG. Comme l'inspecteur Harry. Comme dans les séries télévisées américaines. 3 balles dorées dans le barillet. Il rentre chez lui, le pose délicatement, la caresse, la sent, l'astique. Moment intense érotique d'un jeune homme avec son arme. Moment d'extase, moment de jouissance. Moment d'amour tout simplement ; l'arme va occuper l'esprit de l'adolescent, du matin au soir. Obnubilé par sa présence. L'amour, quoi. Plus rien ne l'intéresse, plus rien ne le passionne, hormis cette arme, ce magnum si beau esthétiquement, une froideur quand il le tient dans la main, mais pourtant il perçoit de la douceur. Comme une envie de lui faire l'amour, un amour exclusif même, tant les filles à-côté paraissent fades pour illuminer sa vie.

Et plus les jours avancent, les nuits basculent, et plus l'obsession de Nishikawa devient intense. L'envie de la tenir en main, de la promener dans la rue, à l'université, dans la chambre de sa petite amie. Cette envie qui se transforme en un besoin vital de l'essayer, trouver une cible, un lieu, un chat, une femme… Et cette canette de café chaud à la main.

Quel drôle de roman qui met en scène la vie amoureuse d'un jeune adolescent avec une arme trouvée par hasard. Parce qu'il s'agit bien d'un amour qui nait entre les deux. D'abord une curiosité, puis l'envie de se connaître, de partager des moments, de plus en plus intimes, jusqu'à cette envie irrépressible de passer à l'acte. Sans retour. Comme une force incontrôlable, une alchimie qui s'est créée, mélanges de phéromones qui attirent l'un envers l'autre. Et si la couverture (dessin de Hiroyuki Izutsu) ressemble à un « manga », le roman délaisse l'action pour se centrer sur la psychologie de l'être, sonder son âme humaine, en décrivant minutieusement ce besoin implacable d'un homme face à une obsession, son arme. D'ailleurs à travers ces extraits, tu auras facilement noté les références phalliques de l'arme pour ce jeune garçon drogué aux canettes de café chaud.

« Revolver » où l'art d'astiquer son magnum.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Il y a manifestement du Camus chez Fuminori Nakamura. On le pressentait dans Pickpocket, c'est patent dans Revolver. L'intrigue du livre est réduit à son minimum : un étudiant trouve un revolver auprès d'un suicidé et ne va plus vivre que pour son arme, en la touchant, en l'astiquant, en brûlant de s'en servir. Pas d'intrigue policière ou presque, ce n'est pas ce qui intéresse Nakamura. En revanche, le romancier décrit par le menu le quotidien du garçon. Celui-ci essaie de donner un sens à sa vie, mais mollement, sans conviction. Il consomme canettes de café chaud et jeunes femmes avec le même détachement et sans désir. le fait est que son revolver est devenu sa petite amie, pour lequel il exprime enfin des sentiments, dont il est incapable vis à vis des êtres humains. Va t-il passer à l'acte et tirer sur un(e) inconnu(e) pris(e) au hasard ? Entre angoisse, frustration et envie, Revolver fouille tous les recoins de l'âme de son héros. Les phrases sont courtes, l'écriture est sèche. Comme une version de L'étranger au Japon. Efficace et brillante dans son genre, il faut bien l'avouer. Et qui laisse comme un arrière-goût de métal.



Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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« Si un revolver apparaît dans une histoire, à un moment donné, il faut que quelqu'un s'en serve. » Cette citation de Tchékhov trouvée dans un roman de Murakami m'est tout de suite venue à l'esprit à la lecture de ce roman de Nakamura Fuminori. A une différence près:
Qui du revolver ou du jeune homme a vraiment le controle ?
Ici, Nishikawa un jeune étudiant universitaire tombe nez à nez sur le corps sans vie d'un homme à l'histoire inconnue, tenant un revolver près de lui. Commence alors un jeu d'attraction fusionnel entre le pistolet et le jeune homme déjà fragile et solitaire.
Avez-vous déjà ressenti l'attraction du vide du haut d'un précipice ou d'un pont ? Si oui, voila ce dont il est question dans l'esprit de Nishikawa, qui brule d'envie de se servir de son arme dans un pays où la simple détention est préjudiciable d'une peine de prison ferme (entre 2 et 3 ans minimum).
A ce petit jeu, Nishikawa excelle en amenant par exemple son arme en cours, et la posant (bien que dissimulée dans une sacoche) sur sa table de classe ...
Je recommande la lecture de cet ouvrage plein de tressaillements!
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Alors que je viens de terminer un roman de Wataya Risa, où je n'ai pas trouvé d'ambition autre qu'une petite histoire sentimentale, ce roman - le premier que je lis de cet écrivain - m' a captivé par son "fort" sujet : cette relation amoureuse et fusionnelle entre un étudiant - absent à ce qu'il vit - et un revolver trouvé dans la rue près d'un cadavre - cadavre dont il ne se préoccupe nullement, tant ce personnage semble indifférent à tout. "La vie sans arme est devenue inimaginable" pour lui, et le récit nous tient en haleine jusqu'au bout pour savoir si cette fusion avec l'arme existera ; soit, va-t-il l'utiliser pour ce pour quoi elle a été fabriqué : tirer, et tuer ?
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Je mesure souvent la qualité d'un livre à sa propension à entretenir, de la première à la dernière page, l'impression ou le sentiment qu'il fait naître en moi. Je n'ai pas été déçu. Il s'agit bien de tension; on la sent, présente, rampante, sous jacente, laissant poindre le bout de son nez au détour d'une page, avant de repartir pour mieux troubler les cartes.

Ce livre, court, se lit très rapidement et c'est bien. le rythme convient à l'intrigue.

Du début à la fin, selon vous degré d'asociabilité, vous espérez, attendez, ou redoutez quelque chose (vous découvrirez ce dont il s'agit!)... Ce que je peux en dire, c'est que la fin ne m'a pas déçu et a été à la hauteur du livre.
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Revolver NAKAMURA Fuminori

Un étudiant découvre une arme à feu par hasard un soir de pluie
Sa fascination devient au fur et à mesure une obsession et son destin basule peu à peu.
La lecture est un peu déconcertante. le personnage principal est antipatique à souhait, complètement centré sur lui même. Il est à la limite psychopathe, tellement il est imperméable aux émotions et aux ressentis des personnes qui l'entourent. Ils sont nommés "hommes" ou "filles" comme des objets. Seuls son ami proche et une jeune fille semblent trouver grâce à ses yeux.
Il semble comme détaché de lui-même, s'observant d'un oeil extérieur. Ce point de vue accentue le malaise du lecteur devant une telle froideur.
J'ai aimé le style de NAKAMURA qui décrit avec une précision chirurgicale la psychologie du personnage. J'ai dévoré ce roman happée par ce récit atypique.

#nakamurafuminori# editionpicquier #litteratureasiatique #littératurejaponaise #bookaddict
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