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Critique de HundredDreams


J'ai découvert ce beau roman grâce à la critique de Hordeducontrevent. Je te remercie Chrystèle pour ce très beau moment de lecture.

J'aime beaucoup les romans japonais. Tout en parlant de sujets graves, il place le lecteur dans une atmosphère apaisante et délicate.
Ce roman m'a fait un bien fou, comme si je m'abreuvais de calme et de repos, retrouvant la sérénité au contact de la nature, m'isolant dans ce petit coin de paradis, me promenant au milieu de ce petit bois lumineux tapissé du rouge des fraises sauvages, respirant les parfums capiteux de fleurs, écoutant le chant des oiseaux et le vent bruire doucement dans les arbres, me couchant le soir dans des draps gorgés de soleil et de parfum de lavande.
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La narratrice de cette histoire émouvante est Mai, mais le personnage principal de ce roman est sans aucun doute sa grand-mère dont nous ne connaîtrons pas le nom.
J'ai trouvé cette vieille dame indépendante, touchante et même fascinante. Une sorcière moderne, qui vit au contact de la nature dans laquelle elle puise son équilibre et sa force.
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Mai souffre d'un mal-être profond. Un sentiment de malaise, d'oppression, d'exclusion qui l'étreint.
Mai, selon ses parents, « a toujours été une enfant difficile à comprendre, difficile à vivre ».
Atteinte de phobie scolaire, Mai, pourtant bonne élève, refuse de retourner en cours.

« Une tristesse, un sentiment de solitude absolue qui lui enserraient le coeur et la poitrine. »

Ses parents décident alors de l'envoyer auprès de sa grand-mère pour se reposer. Ils espèrent que, au beau milieu des montagnes avec cette grand-mère atypique, elle saura reprendre ses marques et trouver confiance et stabilité.

« Malgré son jeune âge et sa maigre expérience de la vie, Mai sentait d'instinct que ce paysage qui s'offrait à elle par-delà la vitre était infiniment précieux. »

Mai est heureuse de retrouver cette grand-mère un peu sorcière qu'elle affectionne énormément.
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Le temps prend une place importante dans ce roman.
Le monde dans lequel on vit n'est pas toujours facile, il faut être armé pour supporter la pression que nous impose la société. A notre vie moderne stressante et fatigante, cette grand-mère au sourire énigmatique et affectueux vit en accord avec la nature, laissant venir les choses sans brusquerie, laissant le temps agir et panser ses blessures.

Cette vie tranquille à l'écart du monde trépidant de la ville est vécue par l'adolescente comme une parenthèse. Un monde où elle peut s'évader.

« Son esprit s'envola en un clin d'oeil pour aller vagabonder comme le vent entre le jardin et la colline. »
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Aux questions angoissées de Mai, les réponses de la vieille dame sont empruntes de sagesse et de philosophie.
Le lecteur est ainsi enveloppé dans une atmosphère délicate et rassurante, marquée par l'empathie, l'écoute et le partage de valeurs et de savoirs. J'ai aimé le regard bienveillant et doux que porte Nashiki Kaho sur ces deux personnages.
La vieille dame, sans jamais avoir un discours moralisateur, va guider la jeune adolescente et lui transmettre son amour de la nature et ses bienfaits.

« Il est difficile d'être juste quand les émotions entrent en jeu. »

Peu à peu, Mai se livre, comme une fleur ouvrant doucement ses corolles.
Le rythme est assez lent pour laisser à Mai le temps d'apprendre à vivre en accord avec elle-même, à savourer les bons moments, et à gérer les émotions qui l'empoignent lorsque la vie est plus difficile à vivre.
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La lecture de ce roman m'a rappelé deux très beaux romans sur le rôle de la transmission que je vous conseille si vous ne les avez pas lus, « La papeterie Tsubaki » d'Ito Ogawa ou « Les délices de Tokyo » de Durian Sukegawa. Deux romans tendres dont l'atmosphère chaleureuse et réconfortante vous enveloppe d'une douceur bienveillante.
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A l'image de la superbe couverture, le texte, simple et poétique, est un long voyage intérieur qui invite à la méditation sur le bonheur, la solitude, le deuil, la perte de repères, les liens familiaux, le rôle de la transmission. C'est également une réflexion sur le monde d'aujourd'hui, sur le regard des autres qui nous abiment, sur notre société qui privilégie les personnalités fortes au détriment des personnalités plus effacées.
Voyage sensoriel aussi qui resplendit d'authenticité, comme si l'auteure avait insufflé à ce roman une part de son histoire personnelle.

« N'es-tu pas heureuse quand tu trouves une clairière et te laisses réchauffer par les doux rayons du soleil par une froide journée d'hiver ? N'es-tu pas heureuse quand une brise fraîche te caresse alors que tu es assise à l'ombre d'un arbre en plein été ? »
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Pour conclure, Nashiki Kaho décrit avec délicatesse et pudeur toutes les nuances et la profondeur des émotions humaines. La relation entre cette grand-mère et sa petite-fille m'a vraiment touchée et émue avec un superbe épilogue lorsque la grand-mère prend la parole dans un long monologue.

L'auteure signe un beau roman initiatique, emprunt de poésie et de sagesse. Un voyage hors du temps, serein et paisible. J'ai aimé cette belle parenthèse où les valeurs de partage et de transmission sont essentielles, j'ai aimé ces moments de bonheurs simples, de quiétude et de contemplation des beautés que nous offre la nature.

Un beau roman qui ne laisse pas indifférent et que je vous invite à lire.
Pour ma part, j'ai envie de continuer à découvrir cette auteure avec « Les mensonges de la mer ».
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