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Critique de CelinePointAlaLigne


Ma foi, je crois que j'ai choisi la bonne formule et qu'à défaut d'avoir de l'auteur du Diable au corps une image absolument détestable, j'ai, grâce à la lecture de sa biographie romancée par Jessica L. Nelson, mieux compris le poète maudit qu'était Raymond Radiguet.

Commençons, comme moi dans cette expérience, par le texte classique. Y figure une romance entre François, âgé de 16 ans et Marthe plus âgée que lui et fiancée à un soldat alors sur le front (nous sommes en 1917). François est un ado insupportable, ce qui m'a rendu cette lecture difficile. Il trompe ses parents, manipule son amante, il est arriviste et pourrait illustrer de son portrait la définition de la misogynie. En résumé, il n'a de respect pour personne si ce n'est lui-même.
Un texte certes bien écrit mais aux propos vieillis et indigestes.

J'étais pourtant décidée à lire l'oeuvre de Jessica L. Nelson m'indignant déjà : « comment une femme pouvait elle consacrer tant de temps à l'étude d'un type pareil ? »

Le premier tiers du roman me confortait puisqu'il s'agit de l'historie de Raymond et d'Alice dont on voit tout de suite qu'elle a très très largement servi les portraits de François et de Marthe. Puis le texte s'étend sur la psychologie de Radiguet, ses traumatismes et ses angoisses et surtout son besoin de réussir, vite. Car, déjà adulte dans un corps d'enfant, il devine qu'il ne vieillira pas. Il le sait et aussi incroyable que cela puisse paraître, son court avenir lui donnera raison. C'est donc avec une rage de vivre certaine et urgente que Radiguet a voulu grandir puis vieillir, faisant fi de certaines conventions, ne s'encombrant pas de bons sentiments et tirant le maximum de toutes ses relations. Il deviendra ainsi le protégé de Max Jacob et surtout de Jean Cocteau grâce à qui il sera édité pour son Diable chez Grasset à 18 ans seulement.

Alors bien sûr, sa conduite reste moralement discutable. Même au beau milieu des années folles. La précocité et la lucidité n'excusent rien d'autant qu'on perçoit bien que Radiguet oeuvrait en pleine conscience … son texte s'est d'ailleurs longtemps intitulé « L'Âge ingrat ». Ange déchu ou génie condamné aux enfers, il faut sans doute plaindre Radiguet d'avoir menée une si courte et si mauvaise vie.
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