"_C'est juste pour mon enquête. Je manque un peu d'inspiration. Ça va m'aider.
_De voir des dingos pêcher des inepties sous des yourtes !
_Pourquoi pas, s'ils sont heureux ?
_Mais parce qu'ils sont dingues !
_Peut-être que c'est ça, la clé du bonheur."
"_Eh oui...Sinon, les feux rouges, t'en es où ?
_Oh ! J'ai arrêté de compter. Le temps qui passe, ça fait partie du cycle de la vie : la naissance, la croissance, la vieillesse et la mort. Il faut l'accepter sans croire que l'on peut changer quoi que ce soit.
Un taxi taoïste...Ben, ça alors ! Il avait tout compris et je l'avais si mal jugé."
Au bout de cinq minutes, ils en savaient plus sur ma vie que mon éditeur avec qui je bosse depuis cinq ans. Je ne savais pas trop quoi leur demander, peu habituée à autant de convivialité et avais bien envie de les renvoyer eux, leur tourte et leurs questions, à leur appartement du premier, en leur précisant que la seule fois où je m’étais intéressée à mon voisin de palier était le jour où les pompiers avaient sorti son corps sans vie, suite à un suicide par pendaison. Mais j’étais décidée à entrer en contact amical avec les autochtones, alors j’ai lâché :
— Y’a une expo sympa dans le coin ?
Greta et Ernesto m’ont répondu en éclatant de rire. J’étais un poil vexée. Du coup, je leur ai posé la question pour laquelle je venais de recevoir une confortable avance sur droits d’auteur eu égard à mes précédents best-sellers « La puissance d’un sourire » et « Les recettes du bonheur d’Iphigénie » :
— Êtes-vous heureux, Greta et Ernesto ?
Là encore, ils ont éclaté de rire. Et leur rire fut communicatif. Oui, Greta et Ernesto avaient bel et bien l’air heureux.
Et il est sorti. J'allais me retrouver avec des ado de 13 ans! L'âge le plus con de la vie. Subitement ma motivation pour reprendre le violon a chuté d'un cran. Et quel prof antipathique ! Mais pas question de me laisser abattre. Si j'arrive et atteindre un bon niveau rapidement, je pourrais jouer avec Ugor sur scène. Quelle expérience excitante cela allait être.
La plus belle découverte depuis que je suis installée ici c'est Picard. La mauvaise nouvelle est qu'Achille ne viendra pas ce weekend. Il doit travailler avec son chef d'antenne. Et c'est qui la nounouille ? Il pourrait faire un effort quand même. Je suis pourtant une fille compréhensive mais là il dépasse les bornes. D'ailleurs je me demande ce qui nous réunit à part un prénom ridicule. C'est sans doute cela qui m'a attiré chez lui.