Je n'avais pas lu l'oeuvre originale. En revanche difficile de ne pas en avoir entendu parler mainte et mainte fois. Une intuition m'en a toujours éloigné, préférant bien d'autres lectures, comme beaucoup de classiques que nous sommes nombreux à ne pas avoir nécessairement lus.
Lorsque l'occasion de la lire sous forme de roman graphique s'est présentée à moi, au travers d'une bonne occasion, je me suis dit qu'il était temps de m'y confronter !
Il semble qu'il existe plusieurs autres versions graphiques mais plusieurs lecteur(rice)s précisent que celle-ci se rapproche le plus de l'oeuvre originale.
J'ai tout d'abord été frappé par sa clairvoyance et comme beaucoup d'écrits d'anticipation, on est stupéfait par la similitude avec certaines réalités actuelles.
Ce n'est pas temps ce fameux "bigbrother is watching you" que d'autres allusions au monde comme l'effacement du passé de la mémoire collective que s'empressent à faire certains dictateurs actuels en réécrivant l'histoire ou en industrialisant la diffusion de fausses informations via les réseaux, les trois grandes puissances qui s'affrontent (Eurasie, Estasie et Océanie) et qui ressemblent étrangement à ce qu'évoque Dominique Moïsy dans son livre le triomphe des émotions quant il parle de grands récits collectifs de l'occident, de l'asie et des pays du sud et la simplification de la langues pour réduire à néant les capacités de penser et de critiquer que les réseaux participent à uniformiser.
Vraiment troublant ces accointances !
Malgré tout je comprends mieux mon intuition. Nul n'est vraiment prêt à se confronter à ses pires peurs. Et transformer cela en arme absolue nous révèle combien nous sommes fragiles et jamais bien loin de pouvoir basculer dans une tyrannie bien plus aisée que la difficulté d'accepter les différences et les complexités du monde et des rapports aux autres.
Ravi donc d'avoir enfin franchi le pas. Cette version est intéressante car elle propose images et textes, nous conduisant dans cet univers sombre où l'espoir tente de jaillir comme une pâquerette entre deux pavés mais le plus souvent fauchée au premier passage de roues.
Le graphisme mono ou bi-chromique installe une ambiance noire laissant peu de place aux protagonistes pour tenter de s'en échapper.
Sans parler de cette fin lucide sur la puissance et l'efficacité d'un mal industrialisé où seule une volonté sans faille peut encore tenter un ultime baroud d'honneur.
Que l'on est lu l'oeuvre originale ou pas, on ne ressort pas indemne d'une telle lecture. Elle laissera des traces...
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Une super BD lue par Elodie, qui l'a recommandée lors de son passage suivant à la bibliothèque, mais qui a regretté un manque de mise en contexte au début. le lecteur est tout de suite catapulté dans l'histoire et, sans explication supplémentaire, elle a trouvé que les premières pages sont difficiles. Elle le conseillerait plus volontiers à quelqu'un ayant déjà lu le roman !
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Un univers dystopique bien retranscrit dans le coup de crayon. Cela permet de découvrir l'oeuvre d'Orwell d'une autre manière. Âme sensible attention, certains moments sont psychologiquement difficiles.
Plusieurs autres adaptations existent celle-ci est très bien réalisée.
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Je n'ai jamais voulu lire le roman d'Orwell, de peur d'avoir peur et que ça m'éprouve trop. Je me disais en plus que j'étais déjà assez désespéré et énervé comme ça contre la violence, la cruauté, la haine dont les hommes sont capables ! On m'a offert la BD, et je me suis donc lancé. L'histoire est en effet, comme je l'avais prévu, absolument terrifiante.
L'impression de terreur est encore renforcée par les couleurs sombres de l'album, la structure très rectiligne, on pourrait dire militaire des planches, toutes choses qui nous oppressent davantage encore. On est broyé en même temps que Winston. Les visages sont certes un peu figés, mais il est interdit de rire chez Orwell en 1984. On ne reprochera donc pas au dessinateur d'avoir limité sa palette d'expressions.
Petit bémol sur le texte. Peut-être est-ce dû à la traduction, mais je l'ai souvent trouvé peu clair et assez maladroit.
L'auteur a bien rendu en tout cas l'extrême richesse du roman. Orwell décrit un régime totalitaire infaillible. Ses théoriciens et ses membres savent que pour garder le pouvoir, il ne faut même pas chercher à convaincre, à tenir une ligne, à défendre des opinions, on est ainsi toujours renversé tôt ou tard à cause d'une opposition, mais il faut concilier les contradictions, être à la fois le noir et le blanc.
On aura recours à plusieurs méthodes : la réécriture perpétuelle du passé, le passé étant mouvant, il suffit de le rendre arrangeant ; l'aliénation des masses qui, non instruites et exploitées, ne songent pas un seul instant à se révolter ; la simplification artificielle de la langue pour empêcher toute pensée complexe, et jusqu'à l'expression de propos hétérodoxes ; l'ambiguïté des concepts ; la police de la pensée punissant le crime de pensée ; la surveillance continuelle, supprimant l'intimité ; la suppression du plaisir ; l'entretien du sentiment de haine ; l'utilisation de la peur ; l'état de guerre permanent servant à détruire tout ce qu'on est "obligé" de produire mais dont il n'est pas question de faire profiter les "prolos" parce que ça les sortirait de la fange et de l'exploitation.
Si on n'en est clairement pas là aujourd'hui, tout cela résonne quand même avec un certain nombre d'enjeux actuels : la "cancel culture", les données personnelles, la mise en place de plus en plus de caméras, la reconnaissance faciale, l'humiliation publique des "mauvais payeurs" comme en Chine, la géolocalisation, l'instrumentalisation "du migrant", etc.
La lecture d'Orwell est éprouvante mais nécessaire, elle nous invite à rester vigilant.
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Une bd fantastique qui parle d'une société chaotique dans le désespoir.
Ce roman graphique raconte l'histoire d'une société qui pourrait être la nôtre plus tard, avec le PARTI qui est une sorte de régime totalitaire, dirigée par Big Brother "aimé" de tout le monde... « sinon c'est la chambre 101 ».
2+2=4 mais si le PARTI dit 2+2=5 alors 2+2=5 !!!
C'est un très bon livre, bien qu'un peu difficile à comprendre. J'ai aimé ce livre car la société est très bien décrite avec tous ses problèmes.
(Corentin)
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