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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ah la la, quelle famille que cette famille Cavanaugh, ces gens qui habitent dans la bicoque insalubre au bout du champ de maïs au fin fond de l'Iowa des années 50. D'abord, les adultes. Il y a le père, Big Duck, prédicateur raté qui passe ses journées à boire, à tricher, euh, jouer au billard et à soupirer après la belle Tit. La femme de Big Duck, c'est Flat (Flaherty) ; elle est folle amoureuse de son mari, et, étant également folle tout court, elle passe ses journées au piano, à chanter des psaumes et à prédire l'apocalypse à tous ceux qui se vautrent dans le péché, en particulier la belle Tit. La (toujours) belle Tit, Letitia de son vrai prénom, est d'origine sioux ; elle vend des vitamines Vitalife, et puis son corps aussi, il faut bien ramener de quoi boire à la maison ! Dans la bicoque de deux pièces, sans salle de bain ni WC, on trouve également : Little Duck qui, comme son nom ne l'indique pas, est le fils de Tit et d'un inconnu probablement rencontré lors d'une virée pour vendre les vitamines Vitalife, Jima, la fille de Flat et de Big Duck, alcoolique précoce, et enfin, la petit Crane, défigurée et bigleuse, fille de Tit et du pharmacien de la ville (qui vend probablement des vitamines Vitalife, mais l'histoire ne le dit pas).
Et c'est justement la vie de Crane que va nous raconter ce livre. Cette petite Crane défigurée parce que sa mère n'a pas réussi à en avorter, dépendante des drogues ingurgitées et inhalées par la brave maman pendant la grossesse, avec les côtes saillantes de ne rien manger de plus que des vitamines (je ne vous dis pas la marque, je crois que la publicité est interdite…), et qui n'a jamais vu ni un peigne ni un savon. Regardez-là, entre son frère et sa soeur, guetter le train de 21h49, ce qui représente la grande (et unique) distraction de leur journée.
Et puis un jour débarque Sam Fanelli, un Italien qui a décidé de faire un lac de pêche au milieu de nulle part, c'est-à-dire à côté de la bicoque des Cavanaugh. Et avec lui apparait le progrès, les gens, la normalité, ainsi que la boutique de pêche dans laquelle les deux soeurs vont vendre leurs seaux de vers de terre aux pêcheurs amateurs. Et peu à peu, c'est une petite ville qui se développe autour de ce lac, petite ville bien décidée à raser la bicoque insalubre qui fait de l'ombre aux jolis pavillons qui se commencent à s'élever dans le paysage et à remettre les enfants indigents, abandonnés par Tit et Big Duck, aux autorités compétentes. Voilà, c'est la chance pour Crane et sa fratrie de prendre en main leur destin !
Alors, si vous vous savoir comment les fourmis ont pu sauver la vie de Crane, n'hésitez pas à vous laisser tenter par ce livre de Lucie Nevaï. Rien de sordide malgré le sujet, bien au contraire !! Dès les premières pages, on sent bien que Crane en a dans la tête (désolée pour le jeu de mot…), à vrai dire, c'est une surdouée. Elle nous décrit très pragmatiquement mais avec beaucoup de recul sa vie. Elle puise auprès de son frère et sa soeur, dont elle très proche, ce que son trio parental défectueux n'est pas à même de lui offrir. Et du coup, les délires religieux de Flat, la faim continuelle des enfants, ou les préparatifs de la rentrée scolaire d'Ollie (c'est un personnage qui intervient plus tard dans l'histoire) sont nettement plus désopilants que pathétiques ! Il y a à la fois beaucoup de pertinence et d'indulgence face aux personnes que Crane rencontre sur sa route, et les traits de caractères sont tellement évocateurs qu'on a l'impression qu'on les reconnaitrait dans la rue si jamais on les croisait.
Enfin, cet ouvrage est un livre malin, qui sous couvert de nous raconter la vie d'une petite indigente, se permet de pointer de façon très pertinente tous les travers de la société américaine des années 50, qu'on parle de différences, de statut social, de religion, ou de la middle class.
Bref, ce petit livre original, drôle et intelligent, offert par les éditions Philippe Rey lors de la dernière Masse Critique de Babelio, et dont le titre m'a tant intrigué, est une vrai belle découverte !
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L'histoire de Crane ne m'a d'abord pas palpité. Tout juste intéressé. Je me demandais si avec une enfance aussi terrible, ce personnage, malgré qu'elle soit un génie, s'en sortirait. Et puis, quand elle est séparée de sa famille, je n'ai plus pu lâcher le livre.

Car l'histoire de Crane, toute misérable qu'elle soit, n'est jamais sordide. Tout imbécile que soit Big Duck, il ne les bat pas. Puis, après son placement, il y a malgré son apparence, des gens pour l'apprécier et la soutenir. Elle réussit aussi très très bien dans les études. C'est donc le récit d'une ascension, de quelqu'un dont l'avenir est fragile, mais qui arrive à s'en sortir malgré tout ce qu'elle traverse.

Il y a bien quelques bizarreries. Par exemple, Crane s'intéresse à la forme de ses merdes (j'aurais pu dire “selles”, mais “merdes” est plus proche du style de l'auteure). Il y en a d'autres, mais je ne veux pas trop en dire pour ne pas gâcher la surprise.

Cela étant, elle raconte sa vie avec tant d'auto-dérision qu'on lui pardonne. Elle-même se compare physiquement à Benjamin Franklin, et elle fait quelques remarques pince-sans-rire sur ses proches qui m'ont fait rire.

Et puis, son histoire n'est vraiment pas commune, faite d'avancées et de retours en arrière, de choix mûrement réfléchis et d'impulsions.

J'ai donc vraiment apprécié cette histoire d'une vie pleine de heurts, mais que Crane nous raconte tellement bien, sans misérabilisme et avec une pointe d'humour, qu'on aurait envie de l'accompagner plus loin.
Lien : http://blablabibli.over-blog..
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Des champs de maïs à perte de vue. Une bicoque en bois posée entre une gravière et la voie ferrée.
C'est ici que vivent les Cavanaugh, dans ce coin perdu de l'Iowa.
Il y a d'abord le chef de famille : Big Duck Cavanaugh, alcoolique faux prêcheur et véritable escroc, puis sa femme, Flaherty, surnommée Flat (« la Plate », ce qui correspond à son physique sans reliefs), à demi-folle, constamment assise devant son piano à réciter et chanter des psaumes bibliques.
Il y a aussi Letitia, d'origine Sioux, autrement appelée Tit ( ce qui en argot américain signifie « nichons », surnom qui convient lui aussi à son physique généreux de croqueuse d'hommes). Tit est officiellement représentante pour les produits Vita-Life et s'adonne, à ses heures perdues, à la prostitution. Elle est la concubine de Big Duck qui ne voit aucun inconvénient à voir cohabiter sous le même toit sa femme et sa maîtresse.
Puis viennent les enfants. Douglas Cavanaugh Junior, l'aîné, dit Little Duck, qui, malgré son nom n'est pas le fils de Big Duck mais l'enfant qu'a eu Tit avec un célèbre évangéliste itinérant.
Ensuite vient Jima, qui est la fille de Big Duck et de Flaherty, une enfant qui avoue dès son plus jeune âge un penchant précoce pour l'alcool.
Puis, en tout dernier, Crane, la narratrice de cette histoire, (dont le nom en Sioux désigne la grue, oiseau migrateur). Crane est née défigurée, sa mère ayant décidé de s'en débarrasser avant sa naissance. Elle n'est pas, elle non plus, la fille de Big Duck, mais le fruit des étreintes de Tit avec un pharmacien de la région.
Nous sommes dans les années 1950. Les enfants Cavanaugh sont livrés à eux-mêmes. Ils ne connaissent pas le chemin de l'école et sont perpétuellement sous-alimentés. Tit, qui assure – grâce à son activité de représentante et de prostituée – la survie de la maisonnée, les gave, pour tout repas, de pilules vitaminées Vita-Life afin de les maintenir dans une relative bonne santé.
Pour seule distraction, les enfants n'ont que le spectacle du passage du train de marchandises de 21h49 reliant Chicago à Kansas City. Assis au bord de la voie ferrée, ils regardent quotidiennement défiler l'interminable convoi chargé de charbon, de céréales, de bois et de papier. le reste du temps, ils le passent à contempler l'océan de maïs qui les entoure, suivant au fil des saisons les phases de la culture céréalière, les labours, les semailles, l'épandage d'engrais et de désherbants toxiques, et en dernier lieu, la moisson.
Puis, un jour, un autre divertissement s'offre à eux : un homme vient de racheter la gravière. Plus précisément, il l'a gagnée au poker. le perdant, un vieil ivrogne, lui a cédé la propriété de la carrière. Mais s'il est ici, ce nouveau propriétaire, ce n'est pas pour exploiter une carrière de graviers. Ayant appris que le sous-sol recélait des sources, il décide de créer un lac en lieu et place de l'ancienne exploitation et d'y implanter des poissons afin d'attirer les pêcheurs amateurs de la région.
Et c'est un succès ! Très vite, les pêcheurs arrivent sur les rives du lac et celui-ci se couvre peu à peu de barques et de canots à moteur. Fanelli, le propriétaire, ne compte pas en rester là. Il monte un quai et installe une boutique d'articles de pêche qui peu à peu deviendra un bar, puis un grill.
Fanelli va aussi construire un lotissement de trente-cinq maisons autour du lac désormais baptisé Lake Mary, en souvenir du prénom de sa mère.
Les berges du lac vont peu à peu se peupler de nouveaux arrivants, pour la plupart membres de la classe moyenne. Sous leurs fenêtres, le lac, mais aussi la bicoque des Cavanaugh, posée comme une verrue sur ce paysage enchanteur.
Les années passent, et un jour, Tit, puis Big Duck disparaissent, en quête d'autres horizons, abandonnant les enfants aux mains de cette pauvre folle de Flat qui, ne se remettant pas du départ de Big Duck, se terre maintenant sous son lit et récite à longueur de journée l'Apocalypse de Saint Jean.
Puis arrive l'inéluctable. Les services sociaux du comté, alertés par les habitants de Lake Mary, viennent chercher les enfants Cavanaugh. Little Duck, qui travaille déjà, échappe au placement, mais ses deux soeurs sont séparées. Jima est placée dans un foyer pour jeunes filles « en détresse ».
Crane, elle, est envoyée chez les religieuses d'où elle ressortira quelques temps plus tard suite à son adoption par Ollie et Ray Hopkins, un couple qui a récemment emménagé...à Lake Mary. Les habitants vont-ils reconnaître, après toutes ces années, la gamine au visage déformé, « le monstre du bout du lac » ? Mais la fille des Cavanaugh a changé depuis tout ce temps, elle a appris à lire, à écrire, et s'avère être une brillante élève, surtout dans le domaine des sciences, et en particulier dans l'étude de la vie sociale des fourmis.
Elle retrouvera pourtant au bord du lac les souvenirs d'autrefois, en se promenant aux abords de la bicoque de ses jeunes années, aujourd'hui démolie. Elle retrouvera aussi Jump, l'adolescent abruti et pervers pour qui elle éprouve une curieuse attirance.
Une nouvelle vie a commencé pour Crane, entourée de l'affection débordante (et souvent maladroite) d'Ollie, qui tient à ce que sa « Princesse » s'intègre au sein de la communauté des habitants de Lake Mary. Mais la jeune fille taciturne ne se laisse pas abuser par les tentatives répétées et malhabiles d'Ollie qui veut à toute force lui trouver des ami(e)s, et lui dégotter le prince charmant afin de la faire accéder au pinacle de ce qu'elle pense être la réussite sociale : une épouse et mère au foyer, évoluant en tenue élégante au milieu d'appareils électro-ménagers ultra-modernes, image du fantasme de la femme des années 1950.
Mais Crane – même si elle se prête avec indulgence aux lubies d'Ollie – a bien d'autres préoccupations : les fourmis bien sûr, mais aussi retrouver un jour Little Duck et Jima...

Le roman de Lucia Nevaï, malgré les apparences, n'est pas de ces histoires sordides et misérabilistes qui font pleurer dans les chaumières. Bien au contraire, cet ouvrage nous offre un portrait tendre et amusé de cette classe moyenne des années 1950, soucieuse du qu'en-dira-t-on, et appliquée à paraître aux yeux du voisinage comme l'exemple de la famille idéale, et aux yeux du monde comme l'image de la réussite du système social américain, alors considéré comme la panacée du monde occidental. Pourtant – l'auteur ne manque de nous le rappeler dès les premières pages – la misère est là, dissimulée derrière cette façade clinquante de lotissements flambants neufs. La misère est là, chez ceux qui n'ont pas voulu – ou tout simplement pas pu – accepter ce modèle conformiste : marginaux de toutes espèces, handicapés, malades mentaux, alcooliques...tous ceux qui ne renvoient pas à la société une image dont elle puisse se glorifier. Crane, dont on connaît les les premières années difficiles, va pourtant faire voler en éclats cette image lisse d'une Amérique ronronnante. Remarquablement intelligente, elle va, par exemple, surpasser de loin les enfants de bonne famille de son entourage qui s'avèrent sans exception être d'éminents crétins. Car Crane, au contraire de nombre de ses contemporains, a bien compris une chose essentielle : mieux vaut être que paraître.
Quant à sa décision, prise subitement alors qu'elle se dirige vers l'autel en vue de son mariage, je vous laisse la découvrir. Il vous faudra pour cela découvrir par vous-même comment les fourmis lui ont sauvé la vie...

Lien : http://lebibliomane.blogspot..
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Comment les fourmis...

Tout d'abord le titre m'a interpellée: j'ai tout de suite pensé à deux autres livres: "ce livre peut vous sauver la vie" et la trilogie des fourmis de Bernard werber.
Et bien cette histoire n'a rien a voir on avec l'un ni avec l'autre de ces livres.
Ce roman raconte la vie misérable de Crâne dont sa mère a voulu se débarrasser a la naissance, sans succès. L'enfant se retrouvant difforme et malvoyante. Cette petite vit de débrouillardise avec sa soeur et son frère d'adoption, qui lui apprennent les ficelles de leur vie de reclus dans une baraque entre Big Duck, un pseudo père-prêcheur-escroc, sa femme a moitié folle, divaguant sans cesse sur dieu, et l'amour de Big Duck, Letitia, la mère de Crâne, vendeuse en apparence mais prostituée.
Malgré la faim, le manque d'affection de leurs trois parents, les enfants s'entraident et trouvent des joies simples a de petits bonheurs.
Leur quotidien s'éclaire un peu quand un entrepreneur décide de creuser un lac dans la carrière qui jouxte la baraque.
D'abord dévolu aux pêcheurs, le lac se voit parer de nouveaux logements et d'une nouvelle population, a qui la présence de la baraque et de ces enfants livrés a eux mêmes déplaît.
C'est pourquoi les services sociaux débarquent pour emmener les enfants, c'est la que s'ouvre la perspective d'une nouvelle vie pour Crâne.

Le roman est touchant, écrit avec beaucoup de sincérité, sans fioritures, sans misérabilisme, il est parfois drôle, parfois triste mais jamais pathétique.
L'auteur a su raconter avec le ton juste une histoire crue et dure, mais tendre.
On s'attache aux personnages du roman, et la fin du livre approchant je sentais cette pointe de nostalgie poindre, celle qui nous fait regretter une fin trop vite arrivée. Un excellent choix de masse critique qui me réconcilie avec le concept.
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Crane, nom sioux signifiant "Grue", est née défigurée et chetive car sa mère a voulu s'en débarrasser. L'histoire se passe dans un trou perdu de L'Iowa dans les années 50. Crane vit dans une cabane, avec sa famille dans des conditions plus que précaires. Elle va grandir entre son frère et sa soeur qui vont la protéger. Sa seule distraction est de voir passer le train de 21h49 et de contempler les champs de maïs autour de la maison. Mais un jour, la modernité s'installe, un lac est aménagé tout près de leur cabane, une ville va se construire et leur maison va être détruite. Crane fait alors l'expérience d'une nouvelle vie qui va la sauver de la misère. Séparée de son frère et de sa soeur, elle est recueillie par une famille aimante et qui va lui ouvrir les portes de l'école où elle va découvrir son génie. Mais la vie n'est pas simple et le mensonge et la solitude la rattrapent.

C'est un très beau livre. une histoire très touchante. Lucia Nevai révèle la capacité de l'être humain de se sortir de situation des plus ignobles pour accéder à une vie meilleur. Crane va beaucoup apprendre de son passé qui frappe souvent à sa porte. C'est une petite fille fort attachante.


Lien : http://elfique2.canalblog.com/
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titre étrange,attention attirée,coeur retourné.C'est un livre coup de poing,des personnages crus,des situations cruelles,une héroine à la dérive,pas de pathos et une sauvage envie de vivre:un énorme coup de coeur!
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Mon avis : Un livre particulier, une histoire cruelle et pessimiste, j'ai énormément aimé l'ambiance de ce livre, ce mélange d'horreur et de douceur que l'on ressent pour les personnages.
Une histoire pas banal.

En quatrième de couverture est écris " Rien de sordide dans cette histoire puissante......de l'abjection, elle (l'auteur) fait naître l'attachement et la tendresse" c'est tout à fait ça.
Un univers et des personnages que l'on oublie pas une fois le livre fermé !

Lien : http://le-boudoir-des-livres..
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