Tu es pris d'une mauvaise attaque, la raison t'assaille ! Mais demain, tu seras de nouveau en plein dans la connaissance, et par là même, en plein dans la déraison, je veux dire dans la joie que te cause tout ce qui est humain. Allons au bord de la mer !
NDL : hé-hé !
Lire bien, ce qui signifie lire lentement, en profondeur, attentif en arrière et en avant, avec des pensées de derrière la tête, avec des portes laissées ouvertes
En général, la valeur ou la non valeur d'un précepte, par exemple celui pour cuire du pain, se démontre par le fait que le résultat promis se présente ou ne se présente pas, en admettant toutefois qu'on l'exécute minutieusement.
Or, il en est autrement des préceptes moraux.
On doit être précipité dans la foi sans l'aide de la raison, et y nager comme dans l'élément le plus clair : le seul regard jeté vers la terre ferme est péché !
On exige l'aveuglement et l'ivresse.
Dans ce livre, on trouve au travail un être souterrain, un être qui perce, creuse et ronge ( 1 ).
Qu'il veuille peut-être avoir une longue obscurité des choses qui lui soient propres, des choses incompréhensibles, cachées, énigmatiques, parce qu'il sait ce qu'il aura en retour :
son matin à lui, sa propre rédemption, son Aurore ?
Extrait de la PREFACE du livre, par Nietzsche.
( 1 ) dans l'aphorisme 14, il y a, s'adressant aux puissances divines, l'une des plus sublimes phrases de Friedrich Nietzsche :
" Laissez-moi hurler et gémir et ramper comme une bête, pourvu que je trouve la foi en moi-même !"
De tous les côtés, on entend maintenant dire que le but de la morale, c'est quelque chose comme la conservation et l'avancement de l'humanité ; mais conservation de quoi ? Avancement vers quoi ?
Il semble que l'homme n'agisse en général que pour posséder.
"Il faut que la vérité soit dite, dût le monde se briser en mille morceaux."
Ainsi s'écrie de sa grande bouche le grand Fichte.
Très bien ! Encore faudrait-il la posséder, cette vérité !
LA BONNE ET LA MAUVAISE NATURE
Les hommes se sont d'abord substitués à la nature : ils se voyaient partout eux-mêmes et leurs semblables, c'est à dire leur mauvaise et capricieuse humeur cachée en quelque sorte sous les nuées, les orages, les bêtes fauves, les arbres et les plantes c'est alors qu'ils inventèrent la "mauvaise nature". Puis vient une époque où ils se différencièrent de la nature, l'époque de Rousseau. On avait tellement assez les uns des autres que l'on voulut absolument posséder un coin du monde que l'être humain ne pût atteindre avec sa misère : on inventa la "bonne nature".
DE LA VERTU ALLEMANDE
Combien un peuple a dû être dégénéré dans son goût, combien il a dû s'abaisser avec des sentiments d'esclave devant les dignités, les castes, les costumes, la pompe et l'apparat pour considérer ce qui est simple comme ce qui est mauvais, comme l'homme mauvais.