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Critique de Denis_76


Par-delà le bien et le mal, qu'y a t-il ?
Par-delà le bien et le mal, c'est-à-dire la morale...
par-delà le bien et le mal, il y a le cerveau, comme une voûte céleste multicolore ;
par-delà le bien et le mal, il y a l'humain, trop humain ;
par-delà le bien et le mal, se trouvent l'esprit, le masque des pensées, la corruption, le jugement moral, l'immoralisme ;
par-delà le bien et le mal, se trouvent l'arrogance, la provocation ;
par-delà le bien et le mal, se cache la fameuse volonté de puissance, la vie ;
par-delà le bien et le mal, il y a les devineurs d'âme, et la psychologie.
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Friedrich Nietzsche, au style toujours compliqué ;
Friedrich Nietzsche, manquant toujours d'explicitations, devant être deviné à demi-mots ;
Friedrich Nietzsche, au risque d'être mal interprété ;
Friedrich Nietzsche, cachant, lui aussi, ses vérités dans des délires, des logorrhées, des trucs-bidons, des phrases énigmatiques ;
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mais Friedrich Nietzsche fonçant tel le taureau, bousculant Aristote, Socrate, l'ironie De Voltaire, les Anglais, la mathématique de Spinoza, Leibniz, l'impératif du vieux Kant, le romantisme de Schumann, et même Jésus et l'invention de Dieu ;
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mais Friedrich Nietzsche fasciné par le génie de Platon, Empédocle, Héraclite, Shakespeare, le combat de Pascal, Delacroix, les psychologues français, l'Europe, Schopenhauer, Hegel, et surtout Wagner ;
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Friedrich Nietzsche analyse, au-delà de la morale, quelques concepts en 9 chapitres.
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Ce que je retiens de cet essai, après avoir lu Humain, trop humain, c'est la fragilité de l'homme, mais ça, on le savait..
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Je pense comme lui, quand il déclare que chaque philosophe détient SA vérité ;
je loue son effort pour tenter, avant Freud, de découvrir les secrets de l'âme ;
je compatis quand il se défoule sur l'Eglise, sa bête noire ;
j'aime bien quand il se définit ainsi :
nous autres, savants ;
nous autres, ermites ;
nous autres, Allemands ;
nous autres, mandarins...
J'aime aussi quand il apostrophe les lecteurs : "Mes amis..."
Je trouve bizarre, mais c'est la mode en 1885, sa classification des matières, plaçant la philosophie au-dessus des autres disciplines ;
Je trouve culottée sa façon de se positionner au-delà du bien et du mal : "nous, les immoralistes", comme avec une sorte de vertu, mais le bien et le mal, c'est issu de l'Eglise, qu'il ne peut pas saquer...
Enfin, au chapitre VIII, il analyse l'Europe, analyse que j'ai retrouvée dans Mein Kampf, sauf pour les Juifs.
Le dernier chapitre est consacré à l'âme, celle de l'homme de proie, avec la volonté de puissance, et, à l'opposé, l'âme d'esclave. Dans cette partie, pour comprendre, on peut remplacer plusieurs termes de Nietzsche par les trois instances que Freud conceptualisera 38 ans plus tard.
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Que m'apporte ce livre ?
J'ai d'abord la joie d'avoir été au bout.
Ensuite, je n'ai pas lu la biographie de l'auteur, mais je me pose la question : pourquoi avance-t-il masqué, ce qui nuit considérablement à la lecture et à l'interprétation ? L'Eglise est beaucoup moins redoutable qu'au XVIIè siècle.
Enfin, je me dis qu'il y a plein de bonnes idées, comme la morale en tant qu'illusion de vérité, la pluralité des morales, la naïveté de suivre la morale ecclésiastique, la peur des étoffes rouges, les cardinaux, l'analyse de la naissance d'une civilisation par sa barbarie "noble" et dure, sa décadence par sa démocratie amorphe et son socialisme, l'opposition : esprits libres vs troupeaux, la hiérarchie de Nietzsche : théologie < science < philosophie, etc...
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... et que c'est dommage qu'une fois de plus, les philosophes ne soient pas plus clairs et mieux diffusés :)


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