Poèmes (1858-1888) - Fragments poétiques - Dithyrambes pour Dionysos

Tel est à présent mon vouloir,
Et depuis que tel est mon vouloir,
Tout va comme je l’ai souhaité.
Car telle est ma suprême sagesse :
Ce que je dois faire, je l’ai voulu :
Ainsi, j’ai vaincu tout « devoir »,
Depuis, j’ignore tout « devoir ».

Ils sont froids : qu’un éclair frappe leur repas et leurs gueules apprendront à bouffer du feu !

J’ai appris à voir de plus grands maux et ne suis pas mécontent de vous voir hurler.

Celui qui est à tu et à toi avec la vertu, lui parle plus familièrement, de façon plus moqueuse.

« Bien et mal sont les préjugés
De Dieu » -dit le serpent, et de fuir à la hâte.

[A la mélancolie]

Tout cela je le suis –un frisson me le dit-,
Le papillon séduit, et la fleur solitaire,
Et le vautour, et le torrent couvert de glaces,
Et l’orage furieux –je suis pour toute la gloire,
Sombre déesse au-devant de qui, prosterné,
Tête sur les genoux, un lugubre chant de gloire aux lèvres,
Inlassablement, occupé de ton unique gloire,
Je soupire altéré : la vie, la vie, la vie !