Citations sur Poèmes (1858-1888) - Fragments poétiques - Dithyrambes po.. (86)
Exigez beaucoup –c’est le conseil de mon orgueil,
Et soyez brefs –c’est ce que conseille mon autre orgueil.
Très haute constellation de l’être !
[…]
Enseigne de la nécessité !
Table de figures éternelles !
Tu le sais déjà :
Ce que tous détestent,
Ce que je suis seul à aimer,
Que tu es éternelle,
Que tu es nécessaire !
Mon amour ne s’enflamme
Eternellement qu’à la seule nécessité.
Une faim naît de ma beauté : je voudrais faire du mal à ceux que j’éclaire ; je voudrais dépouiller ceux que je comble de mes présents : -c’est ainsi que j’ai soif de méchanceté.
L’on ne reste bon que si l’on oublie.
Les enfants qui n’oublient pas réprimandes et châtiments
Deviennent sournois et secrets.
Ma plus grave objection
Je vous l’ai tue : la vie devenue ennuyeuse :
Rejetez-la afin que vous y repreniez goût !
Leur bon sens est un non-sens,
Leur sagesse, folie des « si » et des « mais ».
(Poèmes de jeunesse) RETOUR AU PAYS
Je suis revenu
Fatigué comme un voyageur
A qui le pays natal chante
Avec douceur son chant du soir.
Cœur, ô toi toujours le même,
Feuille agitée,
Laisse-toi choir,
Trouve ici asile.
Main, ô sarment sauvage,
Enroule-toi
Autour de la patrie,
Sanctuaire de calme paix.
Yeux insondables,
Enfants mystérieux,
Regards, voyez comme une magie
Ici enveloppe tout.
Cœur, main, yeux,
Dans la senteur des sapins
Reposez immobiles sous le voile
De lumière dorée du crépuscule.
Je suis revenu,
Garçon égaré,
A qui la douce patrie
A donné sépulture et paix.
Hélas tu te croyais
Tenu de mépriser
Là où tu ne faisais que renoncer !...
La solitude
Ne plante rien : elle fait mûrir…
Encore te faut-il en plus l’amitié du soleil.
Oubliez-moi donc ces outres de malheur et toute cette tristesse de veilleur de nuit ! Que me semblent tristes aujourd’hui les bouffons mêmes !