Les chasseurs d'âmes, tome 2 : Echo

J'ai le souffle coupé, stupéfaite par un vif élancement, très vite atténué par le mouvement pressant et ondulant de ses hanches tandis que je sens son coeur battre à tout rompre. Alors je ne tarde pas à me laisser aller à cette sensation. A me perdre dans ses caresses, dans la magie qu'il dégage, l'euphorie qui m'inspire.
Dans son être tout entier.
Je m'abandonne à l'onde magnifique qui déferle en moi et me libére de toute entrave. Débarrassée de mon enveloppe charnelle, je flotte dans les airs et m'envole commenune flèche à son côté.
Nos deux âmes s'élèvent à une vitesse vertigineuse, tournoyant parmi des constellations, ricochant d'un bout à l'autre d'un amas d'étoiles scintillantes.

À l'origine de chaque création, la soutenant comme une voûte, il y a la foi. L'enthousiasme n'est rien ; il va et vient. Mais si l'on a la foi, alors les miracles se produisent. (Introduction)

- Qu'est-ce que tu ne me dis pas ? je [Daire] lance en la fixant avec méfiance. Qu'est-ce qui se passe exactement... de quoi s'agit-il réellement ?
Je me relève, les genoux si flageolants que je lutte pour retrouver mon équilibre.
- Parle-moi ! j'insiste, les mots sifflant entre mes dents. Vas-y, quoi que tu aies à dire ! Parce que, je t'assure, quelle que soit la réalité, je m'imagine bien pire.
Elle [Paloma] tend le bras pour me prendre la main et la serre doucement pour m'inviter à me rasseoir près d'elle.
- Non, nieta, contredit-elle d'une voix si émue que je me sens d'autant plus mal. S'il y a bien une chose que j'ai apprise, c'est qu'ici à Enchantment la vérité est souvent bien pire que tout ce que l'esprit est capable d'imaginer.

- Tu n'as pas à t'excuser, Daire, assure-t-il. L'amour est l'énergie vitale suprême. Il se dispense de pardons ou d'excuses.

t puis, on est amies et c'est ce que font les amies entre elles : elles dénigrent le passé, se plaignent du présent et fantasment sur l'avenir.

Les pires barbaries du monde sont l'oeuvre de l'homme, nieta. Des humains détestables, dérangés, malavisés et égocentriques, mais pour autant des humains.

- Ce n'est pas en tombant malade, en devenant pauvre ou en encaissant les coups que tu pourras aider ceux qui sont plus malchanceux que toi. Le seul moyen de permettre aux autres de s'assumer, c'est de t'assumer toi-même. Ne t'excuse jamais des dons qui t'ont été accordés. Ne te punis pas d'être capable d'aimer. L'amour n'est jamais une erreur, c'est la quintessence de la grâce, le pouvoir suprême, la seule chose qui nous guidera hors des ténèbres et vers la lumière...

- Ne t'en fais pas, me rassure Dace d'un ton confiant. A nous deux, on les retrouvera.
Puis, devinant du coin de l'oeil mon regard incrédule, il ajoute :
- Tu sais ce qu'on dit : l'amour triomphe de tout.
L'amour.
Les yeux grands ouverts, je retiens mon souffle, toute tentative de réponse coincée dans ma gorge devenue subitement sèche.
Il tire sur les rênes pour s'arrêter à quelques mètres de la Source enchantée, puis m'aide à descendre en me tenant la main.
- Je vais trop vite ? s'inquiète-t-il, se méprenant sur mon silence.
Je m'éclaircis la voix, mourant d'envie de lui dire que non, il ne va pas du tout trop vite. Que pour ma part, depuis la première nuit où il m'est apparu en rêve, dès l'instant où je suis tombée sur lui au Terrier du Lapin, j'ai perçu ce courant d'amour inconditionnel qui passait entre nous.
J'aimerais tant le lui dire, lui expliquer que ça me terrifie et m'électrise à la fois, qu'être aimée de lui, vraiment aimée, est la chose la plus grisante qui me soit jamais arrivée.
Je voudrais plus que tout lui avouer que chaque fois que je suis avec lui j'ai l'impression d'être remplie d'hélium, de ne plus tout à fait toucher terre.
On est fait l'un pour l'autre.
Nos destins sont liés.

Je retrouve Dace juste à côté de moi, ses yeux bleu glacier brillant, son sourire comme un phare dans la nuit m'invitant à aller me blottir dans ses bras.
Dès qu'il pose ses lèvres sur les miennes, nos bouches s'entremêlent, se goûtent et se découvrent pendant que nos langues tournoient, se trouvent et se perdent encore et encore. Nos corps se fondent l'un dans l'autre avec harmonie tandis que ses mains parcourent ma peau, déclenchant des ondes de plaisir partout où elles passent. S'écartant un tout petit peu, il colle son front tout contre le mien, le regard troublé par un désir ardent à la mesure du mien.
Le souffle court, je me plaque de nouveau contre lui, impatiente de lui réclamer un autre baiser. Mais Dace me retient d'un geste ferme et, d'un ton particulièrement éloquent, me souffle :
- Daire... je t'aime.
Les paupières plissées, la mâchoire crispée, il guette ma réaction.
Ses traits s'adoucissent, soulagés, quand il entend ma réponse :
- Je t'aime aussi.