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Critique de magalibertrand


Voilà un livre qui m'a cueillie là où je ne l'attendais pas, un coup au coeur plus qu'un coup de coeur, pas un roman, une rencontre…surréaliste qui plus est !
En alignant son tempo sur celui de Desnos, en trempant sa plume dans l'encre de ses mots comme d'autres règlent leur pas sur le pas de leur père, Gaëlle Nohant fait un travail magistral d'écriture dont on sent qu'il s'appuie sur des recherches qui ne le sont pas moins : pas une anecdote qui ne trouve écho dans un texte ou un poème, pas un dialogue qui sonne faux entre tous ces amis-artistes multi-talentueux et multiculturels.
Je pensais m'ennuyer, me perdre entre deux conversations intellectuelles de purs esprits uniquement préoccupés d'eux-mêmes et de leur art, je découvre un groupe de potes inscrits dans une réalité qui les touche, les bouscule, les nourrit, les interroge et dont ils rendent compte à travers leurs mots, leurs pinceaux, leur voix, leur plume.
Il m'a semblé entre les lignes fluides de Gaëlle Nohant être conviée à leurs conversations, partager leurs coups de gueule et leurs éclats de rire, m'embrumer dans la fumée de leurs cigarettes, me soûler de leur champagne, de leur bon vin puis de leur ersatz de rhum quand il n'est plus resté que ça.
Je croyais n'entendre parler que de morts, fantômes figés sur leur piedestal d'artistes, je n'ai croisé que des hommes et des femmes vivant haut et fort, investis, engagés, désireux de partager leurs convictions et leur art, non seulement entre eux par-delà les frontières, mais aussi avec chacun de leurs contemporains. J'ai ressenti avec une force accrue la violence absurde de ces guerres venues barbeler des frontières entre ces européens de la première heure, ces frères naturels dans l'art, de cette faucheuse aveugle à la beauté de ces âmes et sourde à la grâce et à l'humour.
Bien sûr, ce livre n'est pas parfait, « il a les qualités de ses défauts » comme dirait ma belle-mère ! Certes, il est long, rend compte dans le détail d'épisodes historiques ou intimes dont la nécessité pourrait être discutée. Certes, il est parfois bavard, mais allez interrompre une conversation entre un Desnos et un Prévert, un Garcia Lorca ou un Jean-Louis Barrault
Ce qui est certain, en tout cas, c'est que cette Légende dégage, au même titre que le dormeur éveillé qu'elle évoque, un charme ou l'humour et l'humanité le dispute à la vivacité et à l'intelligence.
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