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Critique de Melancoly


Un exemple parfait de mes lectures préférées ! Une biographie romancée, centrée sur une figure de préférence artistique, élargie d'une palette de personnages tout aussi emblématiques, avec cette délicieuse impression d'avoir appris, sans s'être pris la tête, d'avoir mieux compris des parcours de vie, des bouts de poésie, comme ici, d'avoir cotoyé un monde particulier rendu bien vite familier. En cela, Gaëlle a parfaitement réussi.
De son écriture soignée, fouillée, inspirée, elle me projette dans le Montparnasse de l'entre-deux guerres, dans des lieux réputés, des cabarets, des troquets. J'y apostrophe Desnos, et sa bande de potes surréalistes. Je m'offusque de l'autoritarisme de Breton, leur chef de fil et assiste au délitement de leur mouvement.
Je me désole des déboires amoureux de ce "dormeur éveillé": avec Yvonne, qui se meurt, Youki qui s'en va souvent voir ailleurs, Bessie la sacrifiée.
Je le suis en Espagne, à la rencontre de Neruda, de Garcia Lorca ( bientôt fusillé par les franquistes), à Paris dans les coulisses radiophoniques et théâtrales avec J-Louis Barrault et Artaud. Période festive avant que la peste brune n'étende ses griffes, n'avilisse les esprits, ne meurtrisse coeur et corps.
De retour après 9 mois de captivité, je le retrouve critique littéraire et musical dans un Paris occupé, affamé, aux libertés bafouées, dans une position inconfortable et risquée, au sein d'un journal où il a le cran de fustiger Céline et son antisémitisme outrancier et ordurier. Parallèlement, il adhère au réseau AGIR, fournissant renseignements et faux papiers et sera finalement arrêté en février 44, déporté, emporté par le typhus l'année d'après.
La dernière partie, qui laisse la parole à Youki et à son désarroi, sa douleur, son espoir de le revoir, étant plus intimiste, n'en demeure pas moins, vu le contexte, reliée à la souffrance universelle, évoquant notamment les conditions de détention dans les camps de concentration, le retour des survivants, moribonds, la disparition de tant d'autres, des millions.

Ayant déjà pu apprécié 2 autres romans de Mme Nohant, je dois reconnaître que celui-ci, comme un mets sublimé par un chef étoilé, est une petite merveille ! Une telle excellence, omniprésente, tant dans la forme que dans le fond, mérite bien un 5 étoiles !

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