L'éditeur et son double Tome 3 : 1989-1996

On écrit toujours avec la crainte de d'avoir à se relire un jour. Mais la vie, elle, va sans se retourner. Tout juste un regard dans le rétroviseur.

Dans la brume matinale, découverte d'une forêt d'acier, de verre et de ciment. Ce pourrait être New York, Chicago Bruxelles ou Hong Kong. C'est Séoul.

Arles, le 4 septembre - Un journaliste me demande si je peux, là, devant lui, tout de go, improviser un slogan pour la télévision... N'importe quoi ! Soudain, je pense à la Castafiore et propose : Ah, je ris de me voir si belle en ce miroir..."

Pour Les Écrits de l'image, la revue de Jacques Chancel, me suis fendu d'un court article, au ton de manifeste, intitulé "La télévision, un cheval de Troie." Afin de montrer comment Berlusconi a usé de la télévision pour s'emparer de la cité. Mais les métaphores ne réveillent plus les esprits engourdis par le ronron médiatique.

Jane Birkin et Pierre Arditi étaient aujourd'hui mes invités au Méjan pour évoquer L'aide-mémoire de en-Claude Carrière qu'ils jouent au théâtre de Nîmes.
Jane avait retrouvé la voix qu'elle avait perdue la veille, au cours de la représentation. Je lui demande comment, avec sa double culture, elle entend cette pièce très française. " Mais je n'ai pas de culture, dit-elle dans un éclat de rire. - La voilà enfin sincère, lance Pierre avec un regard plein de tendresse. Et toute la rencontre est à l'avenant. Nous déjeunions au soleil, sur la terrasse de Françoise, quand Sabine Azéma fait irruption. Entre elle et Jane, Pierre ne savait plus où donner de la tête.

Déjeuné avec Yves Berger qui me donne quelques conseils pour obtenir que le Médicis étranger aille au Leviathan de Paul Auster. Et de m'expliquer comment, depuis 1962, il s'est engagé dans ce "combat terrible", dans ce "harcèlement nécessaire", pour ramener chaque année des prix littéraires aux auteurs Grasset.

Christine a reçu par la poste le manuscrit de Leviathan que Paul Auster remettait en même temps à son éditeur américain. Elle l'a aussitôt dévoré. Et me raconte l'histoire avec le souci de partager sa gourmandise. Elle n'a pas assez de mots pour célébrer la forme. " Paul, me dit-elle, un tisserand."