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Critique de pencrannais


J'ai reçu cet album (et le tome 2) dans le cadre d'une mass critique privilégiée et je remercie Babelio et les éditions soleil pour ce très bel objet ressemblant à des ouvrages de l'époque avec une couverture style art nouveau de la Belle époque.
En ouvrant cette Bande dessinée, on se retrouve plongée dans le Paris de 1903, les lignes de métro sont neuves ou en construction, les apaches, bandes de voyous sans foi ni loi, terrorisent les bourgeois.
Une série de meurtres ensanglantent la capitale. de riches bourgeois sont exécutés lors d'attentats de grandes ampleurs. Qui sont les coupables ? Les apaches qui passeraient la vitesse supérieure, les anarchistes ? Pourtant sur chaque victime, un napoléon en or a été placé dans la bouche. Pour l'inspecteur Gosselin, contrairement à sa hiérarchie, il s'agirait plutôt d'une vengeance. Il enquête dans ce sens même si lui-même, les Bourgeois, ce n'est pas sa tasse de thé et si il semble atteint d'un mal qui le mine de l'intérieur. Un Napoléon en or, c'est un pièce qui rappelle la fin du Second Empire et donc la Commune de Paris. Quel est le lien entre cette Commune, sa fin sanglante et ces crimes commis trente ans plus tard ? Avec son équipier Eugène, il investigue dans les beaux quartiers et dans les bas-fonds de Paris.
Philippe Pelaez propose un polar noir de chez noir mais historique. Il s'est fortement documenté sur l'époque, sur Paris et sur ses habitants et cela se voit !
L'intrigue policière est plutôt bien construite, mais somme toute secondaire. Ce qui est mis au premier plan ce sont les personnages. Ce vengeur caché par un chapeau et une écharpe dont nous comprenons la motivation au fil du déroulement de l'intrigue et qui souhaite punir certaines personnes de ce qu'ils ont fait à l'époque de la Commune (et tant pis pour les dégâts collatéraux!), ce policier que l'on sent proche des idées du criminel et qui avance dans son enquête de façon un peu surprenante parfois (certaines ficelles scénaristiques sont un peu grosses, quand même!).
Ce qui est mis au premier plan, en plus des personnages, c'est Paris. le Paris de 1903 et celui de la Commune. Comme dans de nombreux romans noirs, l'intrigue policière n'est qu'un prétexte à une description critique d'une société et aucun personnage ne semble un véritable héros. L'auteur a pris le parti des communards et vouent aux gémonies les auteurs du massacre de la semaine sanglante (en même temps, vu ce qu'il s'est passé !). C'est vrai que cela manque un peu de nuances, mais bon, c'est le jeu de ce genre d'histoires.
Pelaez s'est sans doute inspiré de la littérature populaire de l'époque (Fantômas, Rocambole, Eugène Sue…), d'un peu de Victor Hugo (les misérables) et de Zola (littérature sociale et naturaliste) pour habiller son intrigue policière de niveaux de lectures à plusieurs degrés. C'est plus ou moins bien digéré. L'utilisation de l'argot des apaches renforce l'immersion dans l'histoire qui est très plaisante à lire, mais les narratifs accompagnant les dessins sont parfois emprunts d'une certaine emphase, certes très Belle époque, mais qui peuvent peser un peu sur le récit !
Niveau graphique, c'est juste époustouflant. Je connais le travail de Tiburce Oger (voir ma critique de Ghost Kid), mais il est capable encore de nous surprendre. Sa reconstitution du Paris 1900 est magnifique. Elle rappelle parfois celle de Tardi dans le cri du peuple ou dans Adèle Blanc sec. le trait est fin et précis. Les décors, les costumes, les véhicules sont reconstitués avec un luxe de détails. Les pavés de la capitales, les ruelles obscures, les boulevard haussmanniens paraissent vivants. Les personnages semblent d'abord se ressembler puis, la lecture avançant, on est conscient de chacun d'entre eux, chacun proche de la rupture psychologique mais aussi physique.
Tout ça dans un noir et blanc ou plutôt un sépia magnifique teinté ça et là de tâches de rouge distillées de façon très précise et rajoutant du sens (rouge du sang, rouge de la Commune).
Le découpage et la mise en image des scènes d'action est particulièrement immersive et jubilatoire. Et pour en rajouter une couche de compliments, les Unes du Petit Journal, fausses, mais inspirées permettent de faire des sortes de points presse réguliers sur l'affaire. Très bonne idée !
Cette première partie du dytique est donc une belle réussite.
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