Je suis en partenariat depuis un petit moment déjà avec les éditions La Bourdonnaye et j'ai découvert grâce à eux des romans magnifiques et surtout de différents genres (thriller, pulp ou jeunesse).
Avec les pélerins d'Yssel je renoue avec mes premières amours et la Fantasy ou ici leur collection Imaginaire.
Je découvre la plume de
Linden Oliver au travers de son monde, de ses personnages mais surtout de cette ambiance qu'il me dépeint avec la précision d'un peintre ou d'un parfumeur. Les décors semblent presque vivre sous mes yeux, les sentiments des personnages sont forts et chacun porte en lui ou en elle une part de mystère et d'affliction qui me donne envie d'en savoir plus.
Dès le départ j'ai aimé cette propension de mettre les femmes en avant. Je ne suis ni féministe, ni sectaire mais pour lire régulièrement de la fantasy je me rends compte que peu mettent la femme en première ligne. Elles sont toujours présentes, souvent complémentaires du héros, compagnes de vie ou de route et importantes pour le récit mais ici, elles sont surtout inquiétantes, fragiles ou mystérieuses : ainsi nous avons Elvire, la jeune princesse innocente et rebelle, Kathryn la princesse-servante, sombre et angoissante, Moeva, la guerrière amère et fatiguée ou encore Saerra la jeune lunarelle pragmatique et fataliste…
Toutes m'ont interpellée dès leur apparition.
Toutes m'ont permise de m'imprégner de ce récit au travers de leur vécu, de leurs pensées et de leurs espoirs mais aussi de leurs douleurs.
Ce sont ici les hommes, qui , en les accompagnant, vont faire ressortir encore plus leur présence féminine et leur spécificité à chacune. Aucune ne semble se ressembler et pourtant elles vont développer chacune à leur manière un fort potentiel qui va nous jeter dans le récit.
Ce récit, qui nous plonge dans ce royaume aux nombreux conflits internes mis en pause par les rigueurs de l'hiver.
Le roi est actuellement souffrant et c'est son fils aîné, Haert de Clairoy qui, en tant que prince-servant, fait office de régent jusqu'au rétablissement du roi. Il est habile, retors, pragmatique au point que l'on en viendrait à le détester tout en lui gardant un peu de pitié en voyant ses rapports conflictuels de couple.
A le suivre nous en apprenons beaucoup sur le royaume, sa situation et les rouages du gouvernement. En cela l'auteur nous éduque et nous imprègne afin de faire de nous sans nous en rendre compte des citoyens à part entière de ce nouveau monde fantasy.
Tout dans ce roman est pesé, quantifié et amené de main de main de maître.
Les personnages évoluent presque subrepticement sous nos yeux, ils semblent se réveiller sous l'assaut du froid et des événements.
Elvyre ne veut plus d'un rôle de potiche et c'est avec joie que nous la voyons doucement tenter de sortir de son cocon d'enfance.
Moëva, guerrière dorénavant sans titre, par sa rencontre avec Saerra, va nous montrer qu'elle n'est pas si froide même si elle garde toujours une carapace glaciale pour cacher les fêlures de son âme.
Ce sont les deux qui m'ont le plus enchaînée à ma lecture. On les suit, il est vrai, plus attentivement que les autres mais elles ont en elles quelque chose qui vous touche et vous donne envie de les accompagner sur le chemin précaire que semble devenir leur vie.
Car petit à petit nous les cernons mieux et découvrons des secrets qui les touchent ou qui risquent de les concerner tôt ou tard.
L'ambiance s'alourdit au fur et à mesure de l'avancée de leur cheminement, intérieur pour Elvyre et par les routes pour Moëva.
Avec l'une nous suivons les complots et conflits politiques à l'intérieur du château et l'autre nous fait découvrir les régions, les us et coutumes ou croyances qui sont à l'origine d'autres complots ou conflits plus sanglants.
Chacune avance avec difficulté et courage sur le chemin qu'elle s'est mise à suivre.
La plume de
Linden Oliver est comme la neige. Elle semble vous frôler au départ, l'air de rien, tel un flocon puis celui-ci prend de l'ampleur et se met à devenir boule qui roule et vous entraîne alors de plus en plus vite dans votre lecture pour vous laisser sur le point final exsangue et perdu.
Ma lecture m'a laissé un goût de trop peu, cette fin nous laisse sur notre faim par les événements qu'elle annonce, les mouvements qu'elle prévoit et l'ampleur qu'elle laisse apercevoir.
Grâce à cette manière de nous prendre dans ses filets je peux dire que je n'ai absolument pas vu passer ma lecture. Elle m'avait paru tout d'abord tranquille à découvrir les personnages et leurs environnement et puis sur la fin je me rends compte que je me suis mise à courir à leur côté pour ne rater aucun moment de leur vie, aucun sentiment, aucun secret.
Je remercie donc Melissa du blog « le sang des livres » sans qui je serais passé à côté de cette lecture et les éditions La Bourdonnaye pour m'avoir donné la chance de rattraper cette « erreur ».