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Critique de magalette


Grâce à l'abondance des parutions mettant à l'honneur des femmes pionnières dans leur domaine ou à la destinée exceptionnelle, j'avais découvert le nom de cette figure du journalisme d'investigation, Nellie Bly. Et c'est par un heureux hasard que je croise ce roman graphique parmi les nouveautés de la médiathèque où je me nourris. J'aime beaucoup découvrir sous cette forme que je trouve à la fois légère et instructive les vies exceptionnelles de certains grands personnages. Je ne suis pas déçue avec cet opus qui prend le parti de se focaliser sur un événement central de la carrière de Nellie Bly : son incarcération volontaire à l'asile d'aliénées de Blackwell's Island à la fin du XIX° siècle. Simulant en public la folie, en réclamant à corps et à cris qu'on « lui rende ses troncs », elle est très rapidement examinée par des médecins spécialistes qui la diagnostiquent folle et l'incarcèrent à l'hôpital psychiatrique. Elle va y passer un peu plus d'une dizaine de jours au cours desquels elle va expérimenter les méthodes fort peu thérapeutiques et déontologiques des médecins ainsi que l'absence d'empathie voire même les persécutions vicieuses de certaines infirmières. de même, la journaliste se rend compte très rapidement que l'asile n'accueille pas que des femmes souffrant de maladies mentales. Une mère impotente dont il faut s'occuper, une épouse encombrante ou une fille peu encline à obéir, hop, tout ce petit monde se retrouvait bien vite à hanter les sinistres couloirs glacials de Blackwell. Bien sûr, j'ai beaucoup pensé au Bal des folles de Victoria Mas ou à la Salle de bal d'Anna Hope en découvrant ces planches où l'usage des couleurs choisies par Carole Maurel imprègne d'une ambiance malsaine et fétide notre lecture. Heureusement, le rouge chatoyant de la vie s'invite aux détours des pages pour ramener Nellie Bly dans le passé des souvenirs heureux qui ont forgé la personnalité de cette femme courageuse et exceptionnelle. le lecteur découvre ainsi les grandes lignes de la vie de la jeune femme ainsi que ses ambitions professionnelles. Car si Nellie accepte cette folie - être internée sans savoir si réellement elle pourra être libérée rapidement - c'est avant tout pour prouver aux hommes qui dirigent le journal prestigieux dans lequel elle veut travailler, qu'elle a toutes les compétences pour être une excellente journaliste et faire « aussi bien qu'un homme ». Témoigner des conditions de traitement désastreuses des patientes est important pour elle mais l'on comprend également que la jeune femme ambitieuse et fière souhaite avant tout s'imposer dans cette société où la femme n'a encore aucun rôle important à jouer et où l'homme règne en maître sur sa destinée. Un beau portrait de rebelle déterminée et engagée que j'ai eu plaisir à découvrir dans ce format où les dessins et le graphisme jouent pleinement leurs rôles et participent amplement à l'ambiance du lieu évoqué comme des sentiments ressentis en ces murs : peur, désespoir, solitude, souffrances.
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