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Critique de mesrives


Pastorale de Aki Ollikainen, un titre qui m'a de suite interpellé, une première de couverture avec une fougère auréolée d'un halo phosphorescent, deux éléments enchanteurs présages d'un beau voyage.
Mon imagination n'a fait qu'un tour mais j'ai attendu quelques temps pour découvrir ce texte.

Pastorale, peu à peu d'autres mots ont dansé dans ma tête : pâtre et moutons, berger – bergère, scène champêtre, ambiance bucolique, poésie … et séduction amoureuse, réminiscence de tableaux que j'avais oubliés comme ceux de Jean-Baptiste Huet…

Aujourd'hui ma lecture terminée, je remercie Aki Ollikainen pour ce magique et émouvant voyage en Finlande orientale, dans une presqu'île du bout du monde où nous nous immisçons dans une petite communauté rurale isolée composée d'amis, de parents et de voisins. Un focus sur un microcosme permis par le retour temporaire d'un des leurs, Reino, aujourd'hui citadin, venu pour enterrer au pays son frère Peenti.
Des photographies d'un instant T qui révèlent la couleur de sentiments variés et mettent en lumière de beaux portraits d'hommes et de femmes dans un décor naturel envoûtant au cours d'une nuit d'été.
Les uns sont au soir de leur vie, les autres en sont à l'aube mais un événement va bousculer les retrouvailles de notre troupe d'amis : Aatu, le berger-poète, grand admirateur de Fernando Pessoa et de son recueil «Le Gardeur de troupeau» a aperçu un loup.

Remontées de souvenirs d'une vie rurale lointaine mais heureuse entrecoupées de constats sur l'époque actuelle (déclin de l'agriculture, difficulté économique des paysans, solde migratoire négatif, arrivée de néo-ruraux) s'inscrivent en filigrane pour évoquer le contexte économique contemporain souvent ombragé par l'évocation des temps anciens (travaux agricoles, coutumes et folklore finnois etc...)

J'ai apprécié ces retrouvailles avec Aki Ollikainen que j'avais découvert avec La faim blanche, son premier roman. Je suis toujours sous le charme de son écriture, une écriture imagée et poétique qui sublime la nature, saisit les incessantes métamorphoses du vivant, évoque avec délicatesse et subtilité les sentiments et les émotions profondes des protagonistes face aux tracas du quotidien : amour mis à mal, désir, vieillesse, maladie d'Alzheimer, mort.
J'ai retrouvé dans Pastorale une atmosphère semblable à celle de Nuit de printemps de Tarjei Vesaas, magique, envoûtante, poétique où réel et imaginaire se confondent parfois.

Imaginez la maisonnette d'un sauna, coeur palpitant du village, et à quelques pas une barque où un pêcheur s'apprête à remonter les filets gorgés de corégones, partir boire un sökö, succédané de café (héritage de la pénurie durant la guerre) pour se réchauffer puis profiter des rayons de soleil pour se laisser aller et vous serez prêts pour écouter le « silence tissé de voix » de Pastorale.

Une villégiature sensuelle et lyrique que je ne peux que vous conseiller.
Un court roman mélancolique.

Pastorale (Pastoraali) a été traduit du finnois par Claire Saint-Germain aux Editions Héloïse d'Ormesson.
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