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Citations sur Cosmos (233)

Le mécanisme matérialiste achoppe sur ce qui résiste là où le concept de volonté de puissance permet une hypothèse qui paraît plus valide avant les conclusions d'expérimentations à mener pour parvenir à des résultats fiables.
Ce que nous ne voyons pas, nous avons du mal à le concevoir. Or ce que nous concevons peut mieux être conçu ...
p. 150
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Les plantes sans langage complexe disent ce qui permet leur vie et leur survie quand les humains, capables d'écrire La Divine Comédie en vers — du moins pour l'un d'entre eux —, ne savent pas décoder ce qui met en péril leur existence. Les acacias échangent avec l'éthylène pour protéger leur famille ; les humains recourent à des mots pour élaborer un processus de destruction de leurs semblables — qu'on songe à Mon combat d'Adolf Hitler. Il y a plus d'intelligence collective et communautaire, républicaine au sens étymologique, chez les épineux que dans la secte nationale-socialiste des années 30 en Allemagne désireuse de mettre l'humanité à feu et à sang.
p. 149
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LA VIE
Les fleurs sont des sexes avec des lèvres de velours, des chairs finement pliées, des ventres de fourrures végétales qui contribuent aux langages silencieux de tous les éléments de la nature. Volonté de puissance.
Les plantes vivent, souffrent, elles réagissent aux stimuli. Seul l'anthropomorphisme empêche cette conclusion — qui met à mal l'argument des végétariens qui accordent à l'animal un statut ontologique refusé aux végétaux eux aussi capables de souffrir — autrement dit : à expérimenter l'affect qui met en péril leur existence. On sait en effet aujourd'hui que les acacias communiquent et agissent en fonction des informations données par leurs semblables. Il existe un langage des plantes en dehors de ce que les plantes disent symboliquement aux hommes, qui permettait à Maurice Maeterlinck de parler jadis d'intelligence des plantes.
Sur un territoire donné, en l'occurrence le monde de la plante, des acacias échangent des informations qui leur permettent d'être (vivants), de persévérer dans leur être (vivant) et de permettre à l'espèce de rester (vivante) et en vie. Lorsque des mammifères, des gazelles, des impalas se montrent trop nombreux, ils broutent des écorces en quantité, une dégradation qui met en péril la population arboricole. Les arbres réagissent à l'information de cette surconsommation par une réponse appropriée : la sécrétion d'une substance qui intoxique les animaux brouteurs, les rend malades, en tue certains et dissuade les survivants de continuer leur déprédation — leur prédation.
Pour ce faire, l'intelligence végétale prend donc la forme d'une production d'éthylène qui permet la communication chimique entre les autres arbres via les courants d'air et le vent. Dans ce processus, il existe une compréhension du problème, une perception de l'agression, une mémoire de cette attaque, la préparation d'une riposte, une réaction au stress, une interaction entre les singularités de la population arboricole, une anticipation du risque altruiste de périr à cause d'une consommation excessive, une communication avec les semblables pour les prévenir, ce qui, au total, manifeste une authentique intelligence sociale qui vise et veut l'être et la durée du groupe, de la totalité, de la communauté. Nombre d'humains sont moins capables de faire communauté — république, au sens étymologique.
p. 147
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“Dieu*” est le nom qui arrête cette mise en abyme qui inquiète, angoisse et débouche sur de nouvelles questions ; il nomme la fiction qui stoppe l'exercice de l'intelligence, la trouvaille qui met fin à la kyrielle d'interrogations sans fin pour permettre au croyant de répondre à toutes les questions qu'il se pose avec une seule et même réponse — Dieu. Ce concept invite à la paresse mentale, à la jachère philosophique, il dispense de réflexion et dirige l'esprit vers la croyance qui est toujours obéissance aux récits fabuleux, mythiques et mythologiques qui enjolivent le réel et apportent couleurs chatoyantes et parfums capiteux là où la crainte de déboucher sur le néant angoisse, gèle, refroidit l'âme qui se perd à force de ne pas se trouver.
Les noms de dieu ont été multiples. Sous cette multiplicité se cache donc une seule et même envie de résoudre la totalité des énigmes en une seule fois. Le dualisme est la vision du monde qui permet d'expliquer le complexe de la multiplicité terrestre, concrète, immanente par le simplisme de l'unité idéale, conceptuelle, céleste, transcendante. L'arrière-monde comme seule et unique explication de ce monde, l'au-delà en clé universelle pour ouvrir la serrure de l'ici-bas, voilà une facilité qui, sous couvert de complexité et de subtilités, se contente de la vieille façon chamanique de recourir au surnaturel pour expliquer le naturel.
p. 138
* (entendu comme “croyance” faisant appel à la crédulité [note du transcripteur])
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LA VIE
La botanique contemporaine nous apprend que le passage du non-vivant au vivant s'effectue grâce à la chlorophylle, donc aux plantes. Si nous descendons bien du singe, (selon une formule inappropriée, car nous sommes plutôt le produit de l'évolution d'un singe), nous descendons plus sûrement encore de plantes sans lesquelles nous ne serions pas. Il reste en nous de la plante ; il y a de nous dans la plante. La Mettrie, qui en fit la démonstration au XVIIIe siècle, à la neurobiologie végétale contemporaine en passant par les botanistes qui nous expliquent comment les plantes communiquent (par gaz), par exemple pour se protéger des prédateurs, et de quelle manière elles vivent (luciphiles), le vivant ne commence pas là où l'identification ou la projection anthropomorphe commencent.
p. 129 - 30
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… expérience dans le gouffre qu'il savait bien qu'il ne rencontrerait aucun animal dangereux, nul prédateur n'était à craindre à plus de cent mètres sous terre. Malgré tout, il écrit : « Pourtant une peur incontrôlable était là qui m'assaillait. C'était une sorte de présence humaine, presque vivante. » Certes, les éboulements permanents de gros blocs de glace ou de pierre pourraient à chaque instant transformer la grotte en tombeau du chercheur. Mais il n'a pas peur de ce danger en particulier, même s'il le connaît et ne le mésestime pas. Il ajoute : « Cette terreur indescriptible, probablement héritée des tréfonds de l'âme humaine, je l'ai ressentie souvent, trop souvent. »
p. 109
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Après chaque lever et avant chaque coucher, Michel Siffre appelle en surface et fournit quelques indications, dont son pouls et sa température. Assez rapidement, la totalité des repères ont disparu. Il hésite lui-même parfois entre l'état de sommeil ou l'état de veille : à la façon de Descartes qui se demandait s'il rêvait ou s'il était éveillé, il hésite entre les deux mondes qui se confondent. Il perd la mémoire. Il ne se souvient plus de ce qu'il vient de faire quelques minutes avant — mais s'agit-il de minutes ? La seconde et l'heure se confondent, la minute et le jour ne font plus qu'un.
En contact avec la surface, entendu en permanence par le CRS qui écoute ce que les micros transmettent en continu, l'équipe découvre que le spéléologue écoute en boucle, jusqu'à dix fois de suite, le même disque alors qu'il a l'impression de poser le vinyle pour la première fois sur son pick-up. La répétition de la séquence se dilue dans l'unicité d'une écoute fantasmée. Le divers et le multiple se noient dans l'un. Sans mesure, le temps répété semble entrer dans l'une des modalités de l'éternité. Il a l'impression d'être immobile, mais entraîné par le flux ininterrompu du temps.
p. 106
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Le scientifique* découvre le rythme circadien et l'existence d'une horloge endogène. Le temps ne s'impose pas de l'extérieur, mais il est rythme interne existant dans la matière des choses.
(* Jean-Jacques Dortous de Mairan)
p. 99
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Le germe porte donc en lui, si les conditions se trouvent réunies, de quoi réactiver un principe endormi. La vie semble se mettre en retrait de la vie, mais elle reste vie réelle dans la potentialité car cette potentialité est l'une des modalités du temps de la vie.
p. 98
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Le temps paraît le produit de l'interaction de la forme avec une force qui s'impose à la manière de la gravitation universelle. Le temps n'est pas une forme a priori, mais une force a posteriori.
Ce temps semble parfois contenu dans l'objet même, mais ce sont des potentialités temporelles qui s'y trouvent, il suffit d'une conjonction d'un certain nombre de causes pour que surgisse dans le temps ce qui semblait s'y loger en dormance.
p. 97
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