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Citations sur La Saga du Mouron rouge (4)

– Mais Sir Percy t’aimait, Margot ?
– M’aimait ? Oui, Armand, il m’aimait, oui, à un certain moment, ou sans cela je ne l’aurais pas épousé. Je suis persuadée – elle parlait très vite comme si enfin elle était heureuse de se décharger d’un poids qui l’écrasait depuis
plusieurs mois – je suis persuadée que toi-même, comme tous les autres, tu pensais que j’épousais Sir Percy à cause de sa fortune, mais je t’assure, mon ami, qu’il n’en était rien. Il paraissait m’adorer avec une telle intensité de passion, que je me suis laissé toucher. Je n’avais jamais aimé personne, comme tu le sais ; j’avais vingt-quatre ans et j’en concluais qu’aimer n’était pas dans ma nature. Mais toujours il m’avait semblé que
ce devait être délicieux que d’être adorée aveuglément, passionnément, complètement... et le fait même que Percy était lourd et bête était une attraction de plus pour moi, car je pensais qu’il m’en appartiendrait davantage. Un homme intelligent aurait d’autres préoccupations, un homme ambitieux d’autres espoirs... Je croyais qu’un idiot m’adorerait et que là se
bornerait son horizon. J’étais prête à répondre à sa passion, Armand ; je me serais laissé aimer et j’aurais donné en retour une affection sans bornes...
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- Oh mon amie, vous n’y pensez pas, morbleu ! Quel est l’audacieux qui a osé vous toucher, hein ?
Lord Antony chercha à intervenir, mais il n’en eut pas le temps, car le jeune vicomte avait déjà fait rapidement quelques pas en avant :
– Monsieur, fit-il en mauvais anglais, après avoir commencé son petit discours par un salut profond, ma mère, la comtesse de Tournay de Basserive, a offensé madame qui, à ce que je vois, est votre femme ; je ne puis vous faire des excuses pour ma mère ; ce qu’elle fait est bien fait à mes yeux. Mais je suis disposé à vous offrir la réparation coutumière entre
hommes d’honneur.
Le jeune homme redressa sa taille élancée autant qu’il le put et il paraissait très énergique, très fier et très enflammé en contemplant les six pieds de somptuosité extravagante que représentait Sir Percy Blakeney.
– Mon Dieu, Sir Andrew, s’écria Marguerite, avec un de ses rires contagieux, regardez ce joli tableau ; le dindon anglais et le coq français.
La ressemblance était parfaite, le dindon anglais regardait du haut de sa grande taille avec effarement le joli petit coq français qui voltigeait autour de lui d’un air menaçant.
– Oh ! monsieur, dit enfin Sir Percy, en dévisageant le jeune Français à travers son lorgnon d’or avec un étonnement non déguisé, où, par le nom
du coucou, avez-vous appris à parler anglais ?
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– Tu serais en tous les cas ma courageuse sœur, tu te souviendrais que ce n’est pas au moment où la France est en péril que ses fils doivent la fuir.
Il parlait encore et sur le visage de sa sœur réapparaissait un sourire doux et juvénile, d’autant plus émotionnant qu’il semblait noyé dans les larmes.
– Oh ! Armand ! Je souhaiterais quelquefois que tu ne possèdes pas tant de vertus sublimes... Quelques vices mignons sont beaucoup moins dangereux et gênants, je t’assure. Mais tu seras prudent ?
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Une foule grouillante, bruissante et houleuse d’êtres qui n’ont d’humain que le nom, car à les voir et les entendre, ils ne paraissent que des créatures féroces, animées par de grossières passions et par des appétits de vengeance et de haine. L’heure : quelques minutes avant le coucher du soleil ; et le lieu : la barrière de Neuilly, non loin de l’endroit où plus tard un tyran orgueilleux éleva un monument immortel à la gloire de la nation et à sa propre vanité.
Pendant presque tout le jour, la guillotine avait été occupée à sa hideuse tâche : tout ce dont la France avait été fière dans les siècles passés, en fait de noms anciens et de race noble, avait payé tribut à la liberté et à la fraternité. Le massacre n’avait cessé qu’à cette heure tardive de la journée, car il y avait maintenant pour le peuple d’autres spectacles plus intéressants à voir, un peu avant la fermeture définitive des portes.
La foule quitta en hâte la place de Grève, et se dirigea vers les différentes barrières afin d’assister à ce spectacle captivant.
On pouvait le voir tous les jours, car ces aristos étaient si bêtes. Ils étaient naturellement traîtres au peuple, tous, hommes, femmes et enfants, descendants des grands hommes qui, depuis les croisades, avaient fait la gloire de la France et constitué sa vieille noblesse. Leurs ancêtres avaient opprimé le peuple et l’avaient écrasé sous les talons rouges de leurs élégants souliers à boucles, et aujourd’hui le peuple était devenu le souverain de la France et écrasait ses anciens maîtres, non pas sous ses talons, car à cette époque la plupart des gens du peuple allaient pieds nus, mais sous un poids plus effectif : le couteau de la guillotine.
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