Pour l’esprit le plus obtus, rien de plus évident : le tout est réel dans le temps parce qu’il était possible dans l’éternité. Peut-être faut-il aller plus loin et dire que le tout est réel dans le temps parce qu’il était nécessaire dans l’éternité.
La jeunesse, l'impatience, le désir, l'espérance don¬nent son éclat au tout. Il y a une tristesse déchirante et de la beauté dans les soirs. Il n'y a rien, en vérité, qui ne soit beau dans le tout. Les araignées, les vipères, les méduses, la trahison, le mensonge, l'in¬justice et le crime ont aussi leur beauté. Lucifer était beau. Et la mort est très belle. Mais rien n'est plus beau que le désir de vie et l'espérance des enfants à qui nous passons un relais qu'ils repasseront à leur tour à ceux qui leur succéderont
Le passé est ce qui interdit au présent de battre la campagne. Il le soutient, il l'oriente, il le commande, il le tient en lisière, il lui laisse juste assez de jeu pour que la liberté puisse s'y glisser.
Pour que le présent se développe avec efficacité et harmonie, il faut que la place du passé soit mesurée au trébuchet le plus délicat : ni trop ni trop peu.
C'est à la fin des temps qu'on saura si le tout a été fait pour les hommes ou si les hommes n'ont été qu'une étape sur le chemin du tout. Une sacrée étape, en tout cas. Dans la longue histoire du tout, j'aurai toujours un faible pour le temps assez bref où les hommes auront vécu, dans l'angoisse et dans l'orgueil, sur cette planète reculée, perdue au fond de l'univers, et qu'ils appelaient la Terre.
Nous avançons, vous et moi, les yeux bandés dans le noir.
Chacun croit en un Dieu ou n’y croit pas.
L’ambiguïté du bien et du mal est cachée dans le rire comme elle est cachée dans les mots. Dans le silence et dans la parole, l’homme est capable de rire parce qu’il est capable de penser.
Je suis l’être. Je suis. Je suis celui qui est.
L’air n’est pas, comme l’espace, comme la lumière, comme le feu, un instrument de l’infini, un outil du démiurge : c’est une poussière de rien du tout qui, à force de se glisser dans nos poumons, a su se rendre indispensable.
Rien de plus vivant qu’un homme, mais son corps n’est que matière, et ses cendres en seront aussi.