Je ne dis pas que tous les hommes sont des violeurs. Je dis que tous les viols sont commis par des hommes.
C’est comme ça que j’ai gagné ma liberté. Un peu de travail scolaire en échange d’une paix royale.
[ milieu des 90's ]
Toutes mes copines de lycée étaient sous pilule.
Même celles qui n'avaient pas de rapports sexuels.
Il y avait celles qui la prenaient 'au cas où',
celle qui voulaient faire disparaître leur acné,
celles qui voulaient faire comme leurs copines.
Rétrospectivement, je trouve paradoxal qu'on ait toutes avalé nos comprimés comme des Smarties et qu'on ait toutes eu des rapports non protégés alors qu'on était la génération Sida.
(p. 108)
Et le temps passe trop vite. Ceux qu'on aime disparaissent.
- Et si la fille, elle répond pas, tu fais comment ?
- Qui ne dit mot consent !
- Ah ben non justement ! Si elle n'est pas en état de te répondre ? Genre elle dort ou elle est dans un état second ?
- Ah ben si elle dort dans le même lit qu'un type, a priori, c'est qu'elle est d'accord... Et si elle est déchirée au point de ne plus rien capter, faut pas qu'elle s'étonne s'il lui arrive des bricoles...
- Ah ouais ? Ok, viens, on dort ensemble et je te mets des doigts dans le cul dans ton sommeil ! On verra comment tu réagis !
(p. 62-63)
J'ai passé la majorité de ma grossesse chez mes parents, à tricoter à l'ombre d'un noyer.
A la campagne, loin de tout, loin du regard social, loin de tous ceux qui essayaient de me rappeler ce que j'avais été.*
De temps en temps, la violence de la stigmatisation remontait jusqu'à mes oreilles.
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* actrice porno
- Si tu me permets une question indiscrète, tu ne bois pas parce que t'es enceinte ou...
- Non, non, juste une très vieille habitude. La vie m'a appris très tôt que boire n'était pas une bonne idée. Surtout quand on est une femme.
- Pourquoi spécifiquement quand on est une femme ?
- Parce que quand on est une femme, on est une proie potentielle. Donc ça fait 25 ans que j'évite de boire en présence d'hommes. Que j'évite de boire tout court d'ailleurs.
[...]
- Enfin c'est bizarre quand même, on n'est pas tous des prédateurs !
- Je ne dis pas que tous les hommes sont des violeurs. Je dis que tous les viols sont commis par des hommes.
En France, si tu refuses de boire du vin, les gens réagissent comme si tu avais insulté leur mère.
J'étais en quelque sorte une salope ignorante, et le sexe servait à combler une brèche, celle de l'estime de soi. Mais, comme le montre bien l'histoire d'Ovidie et de ses personnages, il y a 'le deuxième effet kiss cool'. La stigmatisation de la fille 'qui couche', et qui ne le fait pas vraiment pour son propre plaisir, mais pour le bref instant d'attention, pour le désir de l'autre, qui vite devient mépris.
(Wendy Delorme, extrait de la préface)
Mon bulletin scolaire était leur baromètre. Tant que je continuais le latin et que j’avais des bonnes notes, ils partaient du principe que tout allait bien.
C’est comme ça que j’ai gagné ma liberté. Un peu de travail scolaire en échange d’une paix royale.