AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Kirzy


Ce roman a un charme irrésistible qui m'a complètement emportée ...

... malgré des rebondissements téléphonés au niveau de l'enquête ( dès le prologue, on sait qu'un jeune homme a été retrouvé mort dans le marais )
... malgré son petit côté bluette
... malgré son idéalisation de la pauvreté rurale et de la vie enchantée au contact de la nature
... malgré un certain monochromatisme pour dépeindre les personnages secondaires, peu complexes
... malgré l'invraisemblable polymathie de l'héroïne Kya, enfant sauvage illettrée se muant en une écrivain-artiste-poète-scientifique reconnue.

Mais voilà, il y a Kya, et Kya, c'est juste un des ces personnages féminins inoubliables comme je les adore, originale et vivante, survivante. La fille des marais de Caroline du Nord, abandonnée par tous les membres de sa famille, les uns après les autres, devenue paria accusée de meurtre. Elle restera en moi. On la découvre à 6 ans, livrée à elle même, à peine au contact des hommes, et pourtant ne pouvant pleinement renoncée à son humanité. On la voit grandir de 1952 à 1970. Chaque page palpite de Kya et de sa volonté à rompre sa solitude, quitte à accéder à la douleur et la déception. La ligne émotionnelle est tenue, forte, persistante, mais ne tombe jamais dans le pathos ou le voyeurisme.

En fait, ce roman est un conte quasi intemporel sur le passage à l'âge adulte et Delia Owens une merveilleuse conteuse, à l'ancienne, avec sa morale dénonçant l'étroitesse d'esprit, avec ses personnages vertueux ( magnifique couple formé par Jumping et Mabel, les parents de substitution de Kya, des Afro-Américains ) et ses « méchants » issus de la petite communauté de Barkley Cove, étroite d'esprit, à la recherche de boucs émissaires si on sort de la norme. La fin avec son surprenant petit twist laisse un sentiment d'accomplissement, ce que font toujours les histoires bien racontées.

Au-delà du destin exceptionnel de Kya, ce sont les pages célébrant la symbiose établie entre Kya et la nature turbulente du marais, devenue sa mère, que j'ai savourées. le décor filmique remplit la tête d'images vives qui restent ancrées jusqu'à la dernière pages. Avec son lyrisme justement dosé, empli de chemins sablonneux et de lagunes vertes, de chênes et de sycomores, de bosquets de palmiers nains, de dindons sauvages, hérons et phaétons. Delia Owens est zoologue, spécialiste de la faune africaine ; elle transmet en toute simplicité tout son amour pour la nature, qu'elle soit faune et flore.

Et puis, il y a ces poèmes qui ponctuent et rythment toute la deuxième moitié du récit. Des extraits d'Emily Dickinson, par exemple, ou de la poétesse fictive Amanda Hamilton. Je les attendais avec impatience. Respirations apaisantes pour Kya plongée dans la tourmente d'un procès, comme pour le lecteur. Reflets des pensées les plus profondes de Kya, jusqu'à ce que l'ultime révèle tout ce que le lecteur n'avait pas su voir.

Lu dans le cadre d'une Masse critique privilégiée
Commenter  J’apprécie          13220



Ont apprécié cette critique (126)voir plus




{* *}