Games, tome 1 : Obsession

Becca exécute un demi-tour puis presse mon entrejambe avec un clin d’œil avant de disparaître. Cet attouchement ne déclenche rien alors que je contemple Rose dans une magnifique robe courte d’un jaune assorti à la Camaro de Rob. Je n’aurais jamais pensé qu’une telle couleur lui irait bien, elle s’habille souvent en noir ou en gris. Cette couleur illumine son teint, accentuant le contraste entre ses cheveux et sa peau. Je comprends que le pauvre Mike soit fasciné.

Tout le monde danse, boit, s’amuse en bikini ou en short de bain. Amy m’attrape la main – je n’aime pas trop les contacts –, mais je suis soulagée de ne pas la perdre dans cette foule. L’Amérindienne me mène jusqu’à Mike et ses amis.

Cerner les gens est une seconde nature pour moi, j’arrive à savoir qui est la personne en face de moi en cinq minutes. Et voilà que tu débarques, en envoyant des signaux contradictoires, impossible de brider ma curiosité. Je ne te comprends pas et je trouve ça génial !

Son bras traverse déjà mon matelas, je m’allonge puis m’agrippe à sa main, soulagée d’entrelacer ses doigts aux miens. Soudain, je le sens se rapprocher, je retiens ma respiration sans savoir ce que je ressens : impatience ou peur ou un mélange des deux. Ses lèvres se posent sur ma paume : délicates et fraîches.

Plusieurs secondes s’écoulent sans qu’aucun de nous ne mette fin à l’étreinte. La porte du vestiaire s’ouvre. Rose, effrayée, recule de plusieurs pas. Josie nous dévisage, mais ne s’attarde pas.

Pour la première fois, je suis nerveux. Les yeux gris de la Française ne les foudroient pas, elle semble même à l’aise en leur compagnie alors qu’elle m’évite. Merde, ce matin, j’ai enfoui le milliard de questions que je me pose sur elle, ses cicatrices, pour essayer de ne pas la faire flipper. Mon ficus ne lui a pas arraché un sourire alors que ce soir, elle plaisante avec ces abrutis.

En réalité, Cameron n’est pas que ce mauvais garçon. À mon tour, je veux réaliser quelque chose pour lui. Une chose inédite pour moi : acheter un cadeau. En plus, je viens d’avoir l’idée parfaite. Je récupère Merry au pied du ficus pour la mettre dans sa caisse puis m’empresse de rejoindre le Nearly New Shoppe. Au thrift store, Mike tient encore la boutique.

Cameron m’a vue en petite tenue pourtant il n’a ni hurlé ni exigé des explications et n’a pas abusé de moi. Surtout, il n’a pas évoqué le sujet ce matin. Peut-être qu’il n’a pas remarqué. Après tout, elles font juste la taille d’une phalange. À l’époque où j’ai cédé à la scarification, mon assistante sociale me surveillait. Pour que ma dépendance reste secrète, j’avais veillé à les dissimuler sur des endroits discrets comme le haut des cuisses ou les côtes.

Cameron se comporte de manière normale, il doit attendre un meilleur moment pour me demander d’où proviennent ses cicatrices. À partir de là, je pourrai me mettre en colère avant de lui dire de dégager. La seule solution pour le maintenir à distance. À peine assisse, il me fourre le chaton dans les bras. Cette dernière a fini son biberon, elle a les yeux mi-clos ainsi que le ventre rempli. Cameron dispose mes cachets ainsi qu’un bol de céréales devant moi.

Je la sens se trémousser puis vaciller avant de carrément tomber en m’entraînant avec elle. J’ouvre les yeux pour la découvrir étalée par terre, le jeans sur les chevilles. J’ai une vision très claire de sa petite culotte avec un nœud rose, surtout je contemple la dizaine de cicatrices qui ornent ses cuisses. Des coupures précises, la taille exacte d’une lame de rasoir.