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Citations sur Une enquête de Mario Conde : Electre à la Havane (36)

Le pire, c'était la sensation de vide. Tandis que la sonnerie du réveil transperçait les oreilles du Conde, lui annonçant sept heures moins le quart, et que ses paupières se débattaient pour soulever le poids du sommeil et des bières encore proches, sept heures moins le quart, le vide reprenait sa place comme une nappe de pétrole subitement libérée qui se répand sur l'océan de la conscience : mais il s'agissait d'une nappe sans couleur, parce que c'était le vide et le néant, c'était la fin toujours recommencée, jour après jour, avec cette implacable capacité de renouvellement contre laquelle il n'avait ni défenses ni arguments valables : sept heures moins le quart était la seule chose tangible au centre du vide.
Dernièrement il avait commencé à imaginer que la mort pouvait être quelque chose dans ce genre : un réveil sans atmosphère, difficile mais indolore, dépourvu d'expectatives et de surprises parce que ce n'était que cela : le trou sans fin du monde vide, un nuage obscur et douillet qui le recouvrait définitivement.
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Depuis des siècles, ce soi-disant péché contre nature pourrit la vie des homosexuels, tout comme l'idée qu'il s'agit d'une maladie... Péché capital, aberration sociale, maladie de l'esprit et du corps : il n'est pas facile d'être pédé dans n'importe quelle partie du monde, cher ami policier.
Mais j’ajouterai que des gens bien informés m'ont dit que sur les dix millions de Cubains de notre république socialiste, entre cinq et six pour cent sont homosexuels. Bien sûr, en comptant nos camarades lesbiennes. Fais le calcul: s'il y a cinq millions d'hommes, et disons que seulement trois pour cent sont homosexuels, cela vous donne cent cinquante mille compatriotes. De quoi former une armée... Et tu veux que je t'en dise encore plus ? Je ne suis pas convaincu par ce chiffre, car il y a beaucoup de gens incapables d'avouer qu'ils sont homosexuels, et c'est logique, à cause de la longue tradition nationale d'homophobie que nous avons subie entre les quatre murs de cette île depuis l’arrivée des Espagnols. Et tu es naïf au point de te demander encore pourquoi un homosexuel en arrive à penser au suicide ?
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Si vous croyiez en Dieu, vous pourriez pardonner, n'est ce pas ?
Peut être, et c'est pour ça que je ne veux pas y croire, Monsieur le policier ....
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Essayant en vain de dégager son esprit des préjugés – j’adore les préjugés, et je ne supporte pas les pédés – le Conde traversa le jardin et gravit les quatre marches du perron, pour appuyer sur la sonnette qui dépassait comme un mamelon au-dessous du numéro 7. Il la caresse deux fois, puis recommença l’opération, car il n’entendit pas la sonnerie. Alors qu’il s’apprêtait à appuyer de nouveau, hésitant entre le timbre et le heurtoir, il se sentit comme assailli par l’obscurité derrière la porte qui s’ouvrait lentement, laissant apparaître le visage pâle du dramaturge et metteur en scène Alberto Marquès.
– De quoi m’accuse-t-on aujourd’hui ?
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Le pire chez les morts, c’est qu’ils laissent des vivants.
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- Si là tout de suite, tu te mets à la porte de l'Union des écrivains et que tu te mets à crier : Qui est Alberto Marqués ? il y aura aussitôt deux cents types qui vont s'agenouiller par terre, qui vont faire des courbettes et qui vont te dire : c'est Dieu, c'est Dieu, et pour peu que tu les laisses faire, ils organiseront une cérémonie en son honneur et se mettront tous à écrire sur son grand courage, sur ma mère je te jure que c'est vrai... Mais si tu avais posé la question il y a quinze ans, il y aurait eu deux cents types, presque les mêmes que ceux que tu as vus maintenant, qui t'auraient dit, le poing en l'air et les veines du cou gonflées : c'est le diable, l'ennemi de classe, l'apostat, l'apostat de la prostate, bonne métaphore n'est-ce pas ?... Parce qu'ici c'est comme ça, Conde : avant il valait mieux ne même pas le mentionner, et maintenant il est le monument vivant à la résistance éthique et esthétique, et tout le baratin. À tout moment il se trouve quelqu'un pour raconter qu'il a été le voir et qu'il lui a parlé. Tu les entendrais : c'est comme s'ils étaient allés à la Mecque... Imbéciles !
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J’ai d’abord été accusé d’être un homosexuel qui affichait sa condition (…) et qu’on n’allait pas permettre que des homosexuels notoires dans mon genre puissent avoir la moindre influence et sapent la formation de notre jeunesse et que c’était pourquoi on allait analyser « attentivement », (cette fois, les guillemets sont de moi) la présence des homosexuels dans les organismes culturels, et qu’on allait déplacer tous ceux qui ne devaient pas être en contact avec la jeunesse, et qu’on n’allait pas les autoriser à sortir du pays dans des délégations représentant l’art cubain, parce que nous n’étions pas et ne pouvions être d’authentiques représentants de l’art cubain.
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Les hommes-hommes, les vrais, hétérosexuels, avec des poils sur la poitrine et puant des aisselles, n’allaient jamais avoir une liaison consciente avec un travesti : ils coucheraient avec une femelle, et pas avec cette version limitée de la femme, dont l’orifice le plus appétissant était définitivement clos par la capricieuse loterie de la nature.
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LA CHALEUR EST UNE PLAIE maligne qui envahit tout. Elle tombe tel un lourd manteau de soie rouge qui serre et enveloppe les corps, les arbres, les choses, pour leur injecter le poison obscur du désespoir, de la mort lente et certaine. La chaleur est un châtiment sans appel ni circonstances atténuantes, prêt à ravager l’univers visible ; son tourbillon fatal a dû tomber sur la ville hérétique, sur le quartier condamné.
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Vous n'avez jamais entendu l'histoire des amis de Picasso qui vont déjeuner chez lui et ne voient dans toute la maison aucun tableau de Picasso ? Intrigué, l'un d'eux lui demande, dites-moi, maître, et pourquoi n'avez-vous ici aucune de vos œuvres ? Alors Picasso lui répond: je ne peux pas me payer ce luxe. Les Picasso sont bien trop chers...
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