AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,03

sur 404 notes
5
20 avis
4
34 avis
3
17 avis
2
5 avis
1
0 avis
Quelle belle découverte !
Je ne connaissais pas cet auteur mais je vais déjà me pencher sur ses autres oeuvres.
Ce roman est vraiment fascinant, très bien écrit, exigent, dense et très bien construit.
Un pavé qui se mérite, si on est intéressé par Cuba d'antan, la religion juive et son histoire, les désillusions de l'immigration et des dogmes idéologiques, la notion de libre arbitre et l'art qui plus est.
Le fil conducteur de cette histoire est vraiment bien ficelé malgré les différentes temporalités du récit qui demandent de la concentration.
J'ai trouvé la plume très immersive, les personnages sont vraiment bien développés et leurs émotions et réflexions réalistes, il n'y a aucune caricature ni facilité d'écriture, c'est authentique et peaufiné.
Une toile de fond sur un sujet dramatique mais avec un tel talent de conteur Padura m'a embarqué dans son histoire avec brio.
Le genre de roman que l'on retient !
Commenter  J’apprécie          50
D'abord surprise par le fait qu'il s'agissait d'une enquête de Mario Condé, je me suis laissé porter par ma lecture en essayant d'engranger toutes les informations de détail et de contexte car, à son habitude, Padura inscrit son imaginaire dans les faits historiques. C'est ainsi que j'ai appris qu'un paquebot allemand (le Saint Louis) avait quitté le port de Hambourg en 1939 pour rejoindre La Havane avec, à son bord, près d'un millier de passagers juifs qui n'ont pu débarquer et qui ont été finalement renvoyés en Allemagne dans les camps de la mort.
Puis, surprise par le fait qu'on quitte Mario Condé pour se retrouver dans l'atelier de Rembrandt au milieu du XVIIè siècle. C'est à se demander si Padura n'a pas créé toute son histoire policière pout nous faire partager ses opinions sur la création artistique le rôle de la religion, de ses injonctions et de ses intolérances que l'on trouve dans ce deuxième livre consacré à Elías à la fois modèle et apprenti du grand maître….
Le troisième livre, celui de Judith (ou Judy) nous ramène dans la Cuba du début de notre siècle pour finaliser l'enquête de Condé: c'est selon moi la moins intéressante car on peut en deviner quelques aboutissants.
Et, finalement, comme si ce n'était pas assez de trois livres avec toutes ces longueurs parfois un peu lourdes à avaler, le roman finit par une Genèse qui rappelle les massacres des populations juives lors de l'invasion de la Pologne-Lituanie entre 1654 et 1656 par les armées du tsar de Russie.
Bref, quasiment quatre romans différents dans un seul avec un certain mélange des genres, c'est pour le lecteur un défi à sa persévérance et à sa concentration; mais c'est aussi un défi pour l'écrivain qui doit maintenir le cap et l'unité de l'architecture d'ensemble. Bien que, selon moi, moins magistral que L'homme qui aimait les chiens, ce roman confirme, s'il le fallait ,le formidable talent de son auteur. À lire sans modération tant par les adeptes de romans policiers que ceux de romans historiques.
Commenter  J’apprécie          243
C'est un gros roman de plus de 700 pages, foisonnant et riche de trois histoires : celle d'une famille juive de Cuba dépossédée pendant la 2nde guerre mondiale d'un tableau de Rembrandt, celle d'un jeune juif modèle et élève de Rembrandt à Amsterdam, celle d'une jeune cubaine d'aujourd'hui lycéenne gothique et lesbienne.
Trois histoires qui en apparence n'ont rien à voir. Et pourtant, un élément les relie.
Au-delà, le fil conducteur du livre est celui du pouvoir de la société ou de la communauté, celui de la capacité de l'individu à l'hérésie, à la déviance par rapport à la norme, celui du courage qu'il faut pour exercer son libre arbitre
Le lecteur retrouve le personnage récurrent de Padura : Conde, ancien flic devenu bibliothécaire et vendeur de vieux livres, et sa bande d'amis.
Padura est un romancier brillant, érudit, qui décrit le présent en connexions avec le passé.
« Si un pays ou un système ne te permet pas de choisir où tu veux être et vivre, c'est parce qu'il a échoué. La fidélité par obligation est un échec »
Commenter  J’apprécie          00
Trois livres en un seul (Le livre de Daniel, le livre d'Elías, le livre de Judith), et un fil rouge, un tableau de Rembrandt, voilà l'architecture de cet ouvrage de Leonardo Padura, qui met en scène une fois de plus, l'ex inspecteur Mario Conde.
Cuba, 1939 : Daniel Kaminsky, Juif réfugié à Cuba chez son oncle Joseph (devenu Pepe avec les années cubaines), attend l'arrivée du paquebot "Saint-Louis" et de ses passagers, des Juifs ayant eu la chance de pouvoir fuir à temps l'Allemagne nazie, dont ses parents et sa soeur. Victimes d'une machination, ils ne pourront pas débarquer : des politiciens et potentats locaux s'y sont opposés, certains même après avoir accepté et « empoché » la monnaie d'échange convenue, en l'occurrence un tableau de Rembrandt possédé par la famille de Daniel. Ils devront retourner en Europe où ils seront les proies de la barbarie nazie. Il se trouve que le tableau réapparaît dans une salle des ventes en 2007. Sollicité par le fils de Daniel, Mario Conde mène l'enquête : comment et par qui ce tableau a-t-il pu être arraché à la famille Kaminsky ? C'est l'intrigue du "livre de Daniel".
Le "livre d'Elías", retracera la naissance du tableau dans les Pays-Bas du XVIIe siècle, et les aventures sont il sera l'objet avant de tomber dans les mains des Juifs polonais Kaminsky. C'est une longue digression, une réflexion sur la liberté de création et le judaïsme.
Le "livre de Judith", nous ramène à l'époque contemporaine, dans le Cuba des jeunes marginaux, en mal d'avenir, où Conde mène l'enquête sur une jeune fille disparue. Et dans les toutes dernières pages, le tableau resurgit.
Voilà un roman dense, touffu, qui va bien au delà de l'enquête stricto sensu, en se penchant sur la nature du judaïsme, et nous offre un regard à la fois critique et amoureux sur la société cubaine, avec comme toile de fond dominante un hymne à la liberté de pensée et de création et ce culte de l'amitié que l'on retrouve dans tous les romans de Padura.
Commenter  J’apprécie          150
La quatrième de couverte résumant bien le roman je ne sens nul besoin d'en rajouter.

Outre la vie palpitante de la capitale cubaine dans les années quarante et les événements historiques de 1939 ce roman nous amène à Amsterdam à l.époque de Rembrandt pour se terminer à La Havane au début des années 200

J'ai beaucoup aimé ce roman plus par son côté philosophique que par cette quête pour savoir ce qui était arrivé à ce tableau volé et disparu pendant 60 ans. Quoique très intéressante la recherche concernant le tableau est surpassé par le livre de Daniel racontant l'histoire du jeune Daniel Ambrosio voulant devenir peintre malgré les interdits de sa religion. C'est là que se pose toute la question du libre arbitre et de la liberté: pourquoi Dieu nous aurait-il donné le libre arbitre si ce n'est pour s'en servir. Les religions pronant la liberté à condition qu'on utilise la liberté que dans la mesure où cette même religion nous le permet est-elle une religion qui veut vraiment notre bien ou nous soumettre à son autorité. Tout le roman tourne autour de ces questions qui ne concernent pas seulement la religion mais aussi la politique et la société. Finalement dès qu'on fait partie d'un groupe, d'une société, d'un mouvement ou d'une idéologie le danger de l'intégrisme nous guette et la liberté de pensée et de recherche d'accomplissement personnel est compromise même dans les les groupes punk, skinhead, rock, émo ou autre.

Très bon roman qui porte à réflexion.
Commenter  J’apprécie          80

Vraiment ce livre est juste un peu trop verbeux à mon goût.
J'avoue avoir fini par le lire en biais, lassée par les répétitions, au risque de passer à côté de l'élément important.

Hérétiques, donc.

Je n'ai pas lu le livre dans l'ordre. Commencé par le 1er livre, où l'on découvre l'époque prérévolutionnaire cubaine, et ces juifs émigrés dans la 1er partie du 20e s à Cuba, de petits métiers ils deviendront petit à petit des entrepreneurs respectés qui finiront pour beaucoup à quitter l'île en 1959. Et puis la terrible histoire du Saint-Louis ce bateau d'émigrés juifs qui se voit refuser l'entrée dans le port de la Havane en 1939 pour s'en retourner vers leur destination finale, les camps de concentration pour la plupart. Sinistre résonnance.

J'ai continué avec le 3e volet, à Cuba toujours, aujourd'hui, avec Mario Conde; le détective, entre tribus urbaines qui transgressent les codes du castrisme et juif émigré qui recherche un tableau de Rembrandt, arrivé sur l'île par le St-Louis et qui aurait du acheter la liberté à sa famille.


Dans le 2e volet, on en vient à l'origine du tableau, peint par Rembrandt dans l'âge d'or d'Amsterdam, offert par le maître à un élève juif qui transgresse les interdits de sa religion.
Commenter  J’apprécie          20
Toujours sur fond des événements tragiques d'avant la deuxième guerre mondiale, de l'échec de la fuite des Juifs d'Europe et de l'histoire de l'île, l'auteur entraine son lecteur à la recherche d'une autre histoire, celle d'un tableau de Rembrandt. Il nous ramènera à l'époque du peintre, de sa pas très heureuse vie, et du sort de ses tableaux dont celui qui nous occupe dans l'enquête de l'ex-flic havanais. En dehors du récit policier, il s'agit aussi, beaucoup, passionnément, d'histoires d'amitiés solidement baptisées à coups de bouteilles de rhum. Des amis attachants et des dames qui ne sont pas en reste. Amitié rugueuse. Mais elle doit se mériter semble nous dire Padura. Il a surement raison ! A la tienne, lecteur.


Commenter  J’apprécie          30

Il s'agit d'une fresque cubaine qui s'étale sur plusieurs siècles avec comme trame l'histoire d'un Rembrandt qui, après avoir traversé l'Atlantique dans les deux sens se retrouve en salle des ventes à Londres. le petit-fils de Daniel Kaminsky, au centre du roman, revient sur ses traces à Cuba et confie cette affaire à Conde, un ancien flic cubain sans le sou. Ce dernier va croiser deux enquêtes, celle de la disparition de Judy et celle du Rembrandt.

Au final, nous avons un roman/polar super touffu qui aborde pas mal de thématiques, les oeuvres d'art, le rapport de la religion à ces dernières. Un peu longuet par moment, ce roman un peu haut perché par moment, est à lire pour tout lecteur s'intéressant à la religion juive, à Cuba et à Rembrandt. 

 

Commenter  J’apprécie          30
3 époques, 3 histoires qui se lient et à chaque fois, une manière d'appréhender l'hérésie (celui qui s'oppose aux idées, aux dogmes, aux opinions généralement adamises.
Le point central : un tableau, un Rembrandt disparu à La Havane au début de la seconde guerre mondiale alors que les familles juives en plein exil, cherche une terre d'accueil. Elias Kaminsky fait alors appel à Mario Condé pour savoir ce qu'est devenu ce tableau qui appartenait à sa famille. Il découvre alors des éléments de son histoire cubaine à travers la vie de Daniel, seul membre de sa famille à avoir trouvé refuge sur l'île de Cuba. Ses parents et sa soeur sont renvoyé d'où ils viennent et il en perdra complètement la trace. Il décide de renier ses origines juives. Puis nous remontons le temps pour accompagner un autre Elias, qui décide de faire passer son envie d'apprendre la peinture avant ses obligations en tant que juif séfarade auprès du maître jamais cité. Nous terminons à Cuba, dans une période contemporaine où la jeunesse se cherche. Nous partons à la recherche de Judith qui a disparu. Elle avait fait le choix d'être "émo" et de rejeter la société afin d'exprimer sa douleur.
Il peut être intéressant d'y voir cette propension à créer de la marginalité dès qu'un comportement sort des attentes de la société. Plus les règles sont étroites, plus elles étouffent l'individu et le contraignent à agir pour sa propre survie.
Commenter  J’apprécie          20
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman dans lequel je me suis plongée et même immergée à partir d'un certain moment. de ces livres qui vous happent.
J'ai tout aimé : l'information donnée sur Cuba à tous ceux qui, malgré quelquefois une intelligence plutôt brillante, s'enfermaient dans la belle image rebelle du Che et s'accrochaient à un Cuba idéalisé .
J'ai adoré les commentaires distillés comme le rhum du personnage qui raconte le désespoir, comme savent le faire les sud-américains, avec toujours quelque part au coin des lèvres un sourire prêt à renaître, une fête prête à éclore, même ds une cour sordide avec une boîte de sardines et un verre prêt à réchauffer les corps et les coeurs.
Tout m'a appris qq chose d'interessant: le sort du bateau chargé de juifs abusés et rackettés , façon Exodus dont on n'a pas entendu parler  et l'ignominieux cynisme de sa gestion, tant par l'Europe que les US… les mêmes qui prendront des mines de patenôtre
après 1945 en prétendant qu' « ils ne savaient pas ». Ils auront d'abord pris la peine de saisir bijoux et oeuvres d'art que c'est malheureux avait emporté comme sauf conduit dans leur exil et leur exode… La spoliation des biens n'a largement pas été seulement le fait des nazis…
Et puis, l'histoire continue avec la geste des familles , juives émigrées, avant l'ignoble extermination , souvent pour des raisons idéologiques; et puis la rocambolesque émigration des Cubains qui risquaient leur vie plutôt que de se laisser mourir au petit feu des privations-récession. Et soudain, la plongée dans le XVIIe et ses tortueux diktats religieux, Rembrandt et le monde de l'Art nous emportent ailleurs!
Et que dire de l'esprit de résistance qui anime les personnages à diverses époques, leur courage et leur unicité, leur refus délibéré de rejoindre le troupeau. J'oublie certainement encore bien d'autres éléments car ce livre est un foisonnement , une sorte de matriochka  littéraire, chaque histoire en enferme une autre et chaque fois l'intérêt renaît car chaque fois, l'époque ou le point de vue diffère. L'enthousiasme et l'émotion ne m'ont pas quittée depuis que j'ai refermé ce chef-d'oeuvre .
Lien : https://collectifpolar.fr/20..
Commenter  J’apprécie          200




Lecteurs (958) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3189 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}