J'ai beaucoup aimé cette autobiographie de la dernière shahbanou d'Iran, qui vit désormais aux Etats-Unis.
On sent que la dame s'est vraiment impliquée dans ce récit, qui transpire l'honnêteté.
Farah Pahlavi nous raconte son enfance privilégiée mais pas luxueuse à Téhéran, puis ses études d'architecture à Paris, où elle rencontre le Shah. Tous deux s'épouseront en grande pompe quelques mois après, propulsant la timide étudiante dans un tourbillon qui aurait pu lui monter à la tête si elle n'avait pas eu les pieds aussi bien accrochés à la terre. Entre l'accès au meilleur de tout et les dorures du palais, l'étiquette et le protocole, Farah n'a pas de répit, mais peine surtout à trouver sa place. Puis elle décide de réagir, et de s'impliquer dans la gestion du pays, aux côtés de son mari. Elle l'appuiera dans ses campagnes d'alphabétisation et d'assainissement des campagnes, et elle s'impliquera personnellement dans le rayonnement culturel de l'Iran, tout en cherchant à être la meilleure mère possible pour ses enfants. Mais déjà la révolte gronde, animée par la frange la plus extrême du clergé, qui n'a pas pardonné au Shah d'avoir redistribué ses terres et d'avoir cherché à propulser l'Iran parmi les nations modernes, la sortant de l'obscurantisme.
S'ensuit alors une vie d'exil permanent, où la famille est trimballée d'un pays à l'autre au grè des accords diplomatiques, alors même que le Shah destitué meurt peu à peu d'un cancer incurable. Puis les drames s'enchaînent, à cela s'ajoutant la certitude de ne plus jamais pouvoir rentrer en Iran.
Ce témoignage nous permet de constater que le Shah avait un réel désir de développer sa nation, et d'en faire une référence en matière de laïcité, de défense et d'éducation pour tout le Moyen-Orient. Mais le souverain apparait aussi comme trop maintenu à l'écart de certaines décisions, comme lorsque Farah nous rapporte qu'il est vraiment tombé des nues en apprenant la généralisation du recours à la torture par la Savak. Bien sûr, le Shaha avait instauré un culte de la personnalité exagéré. Bien sûr, on peut soupçonner l'ancienne reine de défendre son action et celle de son mari, et de taire certains épisodes qui pourraient "faire tache". Mais on ne peut s'empêcher de penser au gâchis qu'a été cette révolution, pour un pays qui était sur de si bons rails. Un coup de coeur 2015.