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Citations sur Manifeste incertain, tome 7 (32)

Avec Emily ( Dickinson), ce n'est plus Dieu qui décide de la justesse des choses, mais ce sont les mots, juste les mots, dont chaque syllabe est sacrée.
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(* Marina Tsvetaieva)

Les privations et l'indignité l'inspirent:

" Nous les Poètes, nous rimons
Avec paria...

Ses mots sont un cri de douleur et de rage et une consolation:

" Il y a au monde des hommes en trop,
Des superflus, pas dans la norme.
(Sortis des dictionnaires et répertoires,
Ils ont une fosse pour demeure.)

Il y a au monde des gens creux, muets,
On les rejette comme du fumier
Ils sont le clou dans la chaussure,
Ils éclaboussent vos pans de soie ! "

( p.191)
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Avant tout, il y a la silhouette d'une jeune femme sans grande beauté, mais non sans charme, qui refuse d'offrir son image, s'ingéniant à conduire son interlocuteur au-delà de l'apparence, là où elle peut enfin lui confier quelques miettes de son intériorité, c'est-à-dire de sa vérité. La poésie d'Emily est affaire de vérité. Au diable les belles paroles, au diable les joliesses du style: la vérité vaut bien le prix de
l' extrême solitude- du renoncement à l'insouciance.

( p.57)
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Certains vont le dimanche à l'église
Et moi- je reste à la maison
Avec un merle pour choriste
Et pour voûte un verger.

(* Emily Dickinson)
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Emily Dickinson, Marina Tsvetaieva : qu'ont-elles en commun ? L'une est d'Amérique, l'autre de Russie. Celle-ci appartient au XIXe siècle, celle-ci à la première moitié du XXe. Toutes deux n'ont jamais douté de leur art, malgré leur isolement, la censure ou l'indifférence.Parce qu'elles ne savent pas s'accommoder des convenances de cet art, elles s'efforcent de le réinventer, chacune à sa façon. (...)

Mais Emily et Marina partagent autre chose encore. Une chose, un meuble:une simple table. (...)

Sur la table, il y a du papier et de l'encre. C'est à cette table que toutes deux vont créer le monde, à la façon du Dieu de Jean qui, dans le prologue de l'Evangile, nous avertit qu'"au commencement était le Verbe", et que rien de ce qui existe n'a été engendré avant d'avoir été énoncé.L'existence des choses et des êtres débute par quelques consonnes et voyelles, de sorte que chaque mot articulé, chaque phrase construite passent pour un avènement de la réalité. Hors de ce qui est dit ou écrit, il n'y a que néant. La tâche du poète est donc la tâche originelle, le premier accomplissement de l'homme- et de la femme.


(p.16)
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Marina s’ennuie. Les mimosas en fleur, le massif des Maures alentour, toute cette somptueuse beauté l’accable. Elle n’a rien à lui donner en échange. Elle se contenterait d’un pauvre arbre devant la fenêtre, car elle aime avant tout la sobriété : « Des endroits simples, déserts, qui ne plaisent à personne. »
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Si Marina n’a pas, de toute évidence, une vie chaste, si elle multiplie les liaisons souvent éphémères, elle entretient avec Rilke, comme avec Boris [Pasternak], un amour idéalisé, combien plus spirituel que charnel. Il ne s’agit pas pour autant de cet amour courtois qui prône la chasteté, celui qu’ont chanté les troubadours du XIIe siècle, même si son amour à elle y ressemble un peu. Car, pour Marina, le corps finit là où l’âme commence. Elle cherche dans ses aventures amoureuses à traduire ce corps en âme, en magnifiant l’amour physique, en « s’abîmant en lui, l’évidant », selon ses termes, seule manière à ses yeux de pouvoir aimer. Mais cet effort obstiné ne la mène à rien, sinon à retourner à elle-même, à sa seule âme.
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Une fois encore, Marina ne se sent pas faite pour cette vie. Elle ne partage pas les conventions que sont à ses yeux « l’art, la sociabilité, l’amitié, les distractions, la famille, le devoir ». Elle se sent comme un « brasier » brûlante d’un amour unique pour chaque homme et chaque femme qu’elle courtise.
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Un matin, Marina se rend à Prague pour assister à une conférence du doctrinaire de l’anthroposophie, Rudolf Steiner – qui, dans sa jeunesse, avait suivi les cours de philosophie d’Elisabeth Förster, la sœur de Nietzsche, antisémite notoire et future adepte d’Adolf Hitler. Marina remarque qu’il a le même visage que Baudelaire, « c’est-à-dire du Diable » ; elle ironise : « Pourquoi Steiner, s’il est extralucide, ne voit-il pas à quel point ses ouvrages sont ennuyeux ? »
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Sans nouvelles de son mari, sans argent, Marina survit du mieux qu’elle peut. L’avenir lui semble absolument impénétrable. Un témoin se souviendra d’elle, « pieds nus, une robe déchirée dans laquelle elle devait certainement dormir ». Un jour, un cambrioleur s’introduit chez elle ; ému par sa misère, il lui propose un peu d’argent.
Marina croule sous les tâches ménagères : chercher du bois de chauffage ou n’importe quel combustible, éplucher les rares pommes de terre, cuisiner, laver la vaisselle, laver le linge, s’occuper des enfants. Parfois, à la lueur d’une lampe, tard dans la nuit, elle écrit quelques vers.
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