Citations sur La tondue (12)
A ce souvenir, elle ne put s'empêcher de frémir et jeta un coup d’œil machinal à l'homme à la gabardine. Rien... Elle se faisait sans doute des idées, mais plus elle réfléchissait, plus cet individu lui paraissait louche. Elle avait toujours cru qu'un sixième sens l'avertissait du danger et, maintenant, la peur lui nouait le ventre.
Elle se dirigea vers les toilettes en remontant le foulard qui glissait de sa tête. De folles bouclettes courtes venaient crever sous le tissu de soie mais le reste de la chevelure, malgré une savante indéfrisable, portait encore les marques des ciseaux de la honte...
Sa vie à la ferme lui plaisait et l'avait réconciliée avec elle-même.
Clémence, c'était sa vie. C'était une autre partie de lui-même. Il n'approuvait pas toujours ses actes. La plupart du temps, il restait muet pour ne pas provoquer ses terrifiantes colères... Les rares fois où il avait osé prendre le contrepied de ses affirmations, il n'avait pas tenu plus de quelques secondes. Sa femme, lui opposant des arguments irréfutables et terminant le tout par une scène suivie d'une interminable bouderie. C'était encore ce qu'il redoutait le plus... Au fil des ans, il avait de moins en moins osé faire entendre sa voix.
Sa vie à la ferme lui plaisait et l'avait réconciliée avec elle-même. Elle connaissait une paix qui l'avait quittée depuis qu'on l'avait emmenée comme une criminelle. Elle avait retrouvée cette liberté tant attendue...Mais le pays était trop plein de David et du souvenir de ses parents. A tous les pas, elle les rencontrait... Elle devait partir et, si elle ne pouvait oublier, au moins elle n'aurait plus à poser les yeux sur ces lieux qui lui rappelaient son amour...
La vallée étalait, impudente, ses haies charnues et ses champs de blés lourds. tout brillait et resplendissait. Du causse à Balduc, les pentes paraissaient s'estomper et devenir des plaines herbeuses d'où s'échappaient des bouquets d'arbres au vert plus clair...
David, lui, avait sa petite idée : i était persuadé qu'elle avait été la maîtresse d'un personnage important, d'un puissant de l'heure, un de ces profiteurs de l'Occupation. Elle avait sûrement rompu à l afin de la guerre, mais restait marquée à jamais par cette aventure, au point de ne pouvoir en parler : honte ou douleur, le saurait-il un jour ?
Oubliés, aujourd’hui, tous les griefs contre cette femme ? Non, pas tout à fait. Mais, contre le malheur, la maladie ou l’accident, le village faisait bloc pour essayer de vaincre la douleur, cette ennemie venue du fond des âges… - p.141
L’air portait tout le poids des senteurs de l’été commençant. L’odeur entêtante des ajoncs incitait à la somnolence et les stridulations monotones des grillons noyaient tous les bruits à des lieues à la ronde. – p.38
Mais que savait-elle de ces gens, sa seule famille ? Ils étaient devenus pour elle, depuis dix ans, de véritables étrangers. De toute façon, ils vivaient dans une région sauvage où il ne se passait jamais rien et où seul le travail comptait. – p.13
Le ciel était d'un bleu limpide. Des milliers de mouches y tourbillonnaient en un ballet sans fin.
L'air portait tout le poids des senteurs de l'été commençant. L'odeur entêtante des ajoncs incitait à la somnolence et les stridulations monotones des grillons noyaient tous les bruits à des lieues à la ronde.
Peu à peu, ce calme et cette paix l'apaisèrent et, pour la première fois depuis bien longtemps, la lourde chape d'angoisse qui la submergeait relâcha son étreinte...