- Je crois que ce passage à Clerlande m'a fait revisiter ma façon d'être prêtre.
- C'est-à-dire ?
- On entend parfois que le prêtre est un "autre Christ", "mis à part"... Mais non, je ne suis pas un homme à part ! Pourtant, j'ai quelquefois cru l'être ou d'autres me l'ont fait croire : on avait fait de moi l'homme de Dieu, un chaman en quelque sorte, qui allait favoriser le lien entre le divin et l'ordinaire. C'est peut-être gratifiant, mais c'est une illusion. A certaines heures de ma vie, j'ai cru que j'allais sauver des gens. Jusqu'au jour où j'ai compris qu'un Autre était passé avant moi (...) Mais qui sommes-nous en fait ? Tout simplement des hommes qui ont été touchés par l'Evangile et qui acceptent de le servir ! Des hommes qui passent leur vie à tricoter des liens, à permettre des relations et surtout à aider les gens à célébrer celui qui est au cœur de toute vie.
(conversation avec Raphaël Buyse)
- Est-ce qu'éprouver cette absence de Dieu vous a fait atteindre une autre sorte de bonheur ?
- Ça m'a appris le bonheur d'être un homme, et je n'ai pas envie de rater ça. Ma passion, désormais, c'est d'aider les gens à être plus humains en déployant tout ce qu'ils portent en eux. Il se peut - mais ce n'est pas assuré - que, dans la profondeur de leur humanité, ils aperçoivent quelque chose de Dieu. Autrement dit, j'aime chercher, dans l'intensité de la vie, un goût de l'éternité. Je crois que c'est à cela que Dieu nous appelle : il rêve de nous donner une certification "HQE", une haute qualité d'existence. François Varillon qui est un maître pour moi, a une parole lumineuse sur cette haute qualité d'existence. Il dit que la plus juste louange de Dieu, c'est d'exister fortement. Voilà ce que j'ai envie de vivre ! Dieu ne veut rien, sauf que j'existe. intensément.
(conversation avec Raphaël Buyse)
- Un passage de la Bible qui vous taraude ?
- Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon ("tov meod"). Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le sixième jour." (Gn 1, 31) Mot à mot, "tov meod" signifie "bon et beaucoup". Dans le titre de mon roman, je l'ai traduit par "tellement beau". Qu'est-ce qui s'est produit après le sixième jour pour que nous oubliions - ou massacrions - cette beauté ?
(Sébastien Lapaque, petite bibliothèque spirituelle)
"C'était mieux avant !" Est-ce si sûr ? "Avant" a fini par donner ce qui a suivi. L'avant-guerre contient forcément les causes de la guerre. Don inutile de regretter "avant" puisque "avant" contenait les germes du malheur qui est venu après.
(Paul Clavier)