Bull Mountain

Elle ferma les yeux et se balança doucement, en silence, attentive aux bruits nocturnes de la montagne qui se battaient pour la bercer.

Seuls de minces rais de lumière perçaient l’épais feuillage des chênes et des pins sylvestres. Gamin, Rye croyait que ces rayons qui le réchauffaient étaient les doigts de Dieu, descendus jusque-là pour bénir cet endroit – pour veiller sur sa maison.

- Je suppose, oui.
- Je déteste ce mot.
- Lequel ?
- Supposer. Soit vous comprenez, soit vous ne comprenez pas. C'est un mot inutile que les gens balancent pour faire prétentieux. Vous voulez jouer à ça avec moi, monsieur Wilcombe ?

- C'est un connard.
Nicole se pencha près de son oreille.
- Merde shérif, montrez-moi un mec bourré qu'en est pas un.

Ce moment partagé de tristesse infinie oppressa Kate au point de lui couper le souffle. C'était la tristesse due à ces étapes qui, une fois franchies, vous menaient là où vous ne pouviez plus retrouver le chemin de votre maison.

Il posa son gobelet sur la table de la salle d'attente et feuilleta un exemplaire de Cycle World, en regardant à la dérobée la seule chose qui en valait la peine dans cette pièce, la bombe aux cheveux de jais assise derrière l'accueil.

Elle ferma les yeux et se balança doucement, en silence, attentive aux bruits nocturnes de la montagne qui se battaient pour la bercer.

On naissait au monde impuissant, nu et seul, et il était plus que probable que l'on parte de la même façon.

Le soleil était au-dessus de la crête, illuminait les feuillages, colorant tout autor d'eux dans des tons orangés et pourpres.

La tristesse que cet endroit lui apportait était presque égale à la fierté qu'il en retirait.