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Critique de Aelinel


La présence d'un de mes personnages historiques préférés dans ce roman, Hypatie d'Alexandrie, m'a immédiatement décidé à accepter le service presse proposé par les Éditions Belfond (je les remercie d'ailleurs au passage). Malheureusement, si ma lecture a été globalement agréable, je dois bien avouer que certains aspects m'ont quelque peu agacé…

Au début du Vème siècle après J.-C., la philosophe et mathématicienne Hypatie est violemement exécutée par des fanatiques chrétiens. Son ancien élève et évêque de Cyrénaïque (la Libye actuelle), Synesios part immédiatement pour Alexandrie. Il a en tête de récupérer un précieux manuscrit écrit par la scientifique en personne afin de le transmettre aux générations futures.
Durant l'été 2018, Marie Duchesne effectue un stage au 36 Quai des Orfèvres. Elle ne tarde pas à être confrontée à une horrible affaire : les restes brulés d'une jeune femme ont été retrouvées de manière spectaculaire dans un magasin huppé de Paris. Les intuitions de la jeune femme se révèlent alors rapidement utiles pour le déroulement de l'enquête…

Je qualifierais le dernier HYVER de thriller historico-dystopique. En effet, l'intrigue alterne entre un futur proche dont le point de rupture se situe à l'été 2018 et la succession de périodes historiques allant de l'Antiquité à nos jours.
J'ai d'ailleurs été très impressionnée par le travail de recherche extrêmement minutieux et exhaustif de la part de l'auteur. La bibliographie présente à la fin du roman le démontre pour les parties historiques : concernant Hypatie, l'ouvrage de Maria Dzielska est le meilleur en la matière (en revanche, je suis plus circonspecte quant à l'utilité de celui d'Olivier Godefroy). Pour les autres périodes, notamment la Renaissance italienne, l'utilisation de la biographie de Léonard de Vinci par Serge Branly me paraît pleine de bon sens. En revanche, pour les périodes plus tardives, je ne serais pas aussi affirmative car je les connais moins. Les autres domaines scientifiques comme la médecine, la biologie ou le travail des officiers de police et des ingénieurs semblent avoir profité de la même précision et érudition. En témoignent les remerciements de Fabrice Papillon aux spécialistes, à la fin du roman.

J'ai également beaucoup apprécié le style d'écriture qui s'est révélée être non seulement d'un haut niveau mais très fluide. Quant à l'intrigue, elle est haletante, sans véritable temps mort malgré les six cent pages de ce roman. L'alternance entre les périodes historiques et contemporaines participent aussi à cette dynamique.

Cette précision dans les descriptions et la succession d'évènements menés tambour battant rappellent le style d'un autre auteur de thrillers ésotériques : Dan Brown. Cela est assez amusant car Fabrice Papillon fait deux fois références à l'auteur américain en se moquant gentiment : une fois par la référence aux lectures de la policière Estelle Chomet et la seconde lors de la rencontre d'Elizabeth Duchesne avec le fameux auteur dans l'église écossaise de Roslin, en 1997. Et justement, ce sont à cause de ces ressemblances avec le style de Dan Brown que le bât blesse. Pour ma part, je goûte fort peu aux théories développées dans ses romans notamment sur la descendance du Christ dans le DaVinci Code. Je les trouve au mieux farfelues, au pire, elles s'apparentent à des élucubrations. Et à la lecture du Dernier HYVER, je n'ai pas pu m'empêcher de lever parfois les yeux au ciel. L'évolution du récit vers des considérations ésotériques telles que l'alchimie m'ont vraiment exaspéré. Je crois que le point d'orgue a été l'initiation de la Reine Elizabeth 1ère par John Dee : à ce moment, je me suis dite que c'était n'importe quoi.

Un autre point aussi m'a agacé : la théorie féministe du roman. En effet, selon les personnages, les Femmes seraient moins aptes à la violence que les Hommes. Les arguments évoqués sont par exemple la prédominance de dictateurs de sexe masculin dans le monde ou les guerres exclusivement menées par des Hommes. Or, ce serait oublié que la gent féminine aussi peut s'y adonner : certaines femmes SS dans des camps de concentration se sont montrées par exemple aussi violentes que leurs homologues masculins ou des femmes de dictateurs comme Elena Ceausescu ou Simone Gbagbo n'ont rien eu à envier à leur époux.

En conclusion, le Dernier Hyver a été une lecture plaisante par sa fluidité, son dynamisme et son exhaustivité dans les détails. J'aime ces auteurs qui portent par le haut leur lecteur en distillant dans le récit des informations propres à leur apporter des connaissances. En revanche, il est nécessaire aussi de prendre du recul et de faire attention aux évolutions plus rocambolesque du récit notamment vers l'ésotérisme ou l'alchimie pas toujours de très bon goût. Si certains lecteurs ne sont pas dérangés par cet aspect et ont adoré les romans de Dan Brown, je leur conseille évidemment de lire ce roman.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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