En lisant ce recueil, je me suis beaucoup demandée si tout texte devait être publié. Et surtout, pourquoi partager et rendre public les écrits intimes ?
Face à la douleur de la rupture amoureuse,
Line Papin a confié ses chagrins et ses souffrances aux pages d'un carnet. Dans ce recueil/journal illustré par les dessins épurés d'
Inès Longevial, s'alternent poèmes et autofiction, comme un patchwork, morceaux d'un coeur brisé qui tente de se réparer. Que reste-t-il après une séparation? Comment se répare-t-on du vide qui remplit de l'absence de l'autre qu'on a tant aimé ? Tant de questions qui ne trouvent pas forcément de réponse, qu'il faut traverser et laisser la vie revenir d'elle-même, par l'écriture dans le cas de
Line Papin.
L'intime a toujours été une source d'inspiration qui rapproche de l'universel. Toutefois, à lire ces extraits collectés, une impression de malaise survient au fil des pages. Je ne me retrouve pas dans ces mots. J'ai la sensation de lire un texte trop personnel qui ne m'est pas adressée. Une histoire qui n'est pas celle de tout un chacun. Un ressenti s'impose : cela ne me regarde pas.
C'est comme si les mots avaient été balancés sur le papier pour expulser la douleur de la rupture, jetés à la figure de celui qui les lit, sans réfléchir, et sans intention d'être jamais relus. L'amour dont
Line Papin ne cesse de parler est intense, brûlant comme des braises d'un feu passé qui luttent pour ne pas s'éteindre tout de suite.
Tout ce recueil témoigne du chemin d'un deuil auquel l'écriture a contribué. Si l'idée est intéressante, je m'interroge tout de même sur les raisons de publier de ces fragments. Écrire, pour dépasser sa colère, sa tristesse, expulser le noeud qui tord le ventre, oui. Mais pourquoi le partager ? Et puis, en découvrant la médiatisation derrière ce couple, un début d'explication apparaît. Il n'y avait finalement peut-être pas d'intimité dès le départ dans cette histoire. En ressort, un quelque chose du déballage public qui me gêne en tant que lectrice, car je ne s'y attendais pas et je ne m'y retrouve pas.